EJM

Il fut un temps où la culture Hip-Hop en France n’était rien. Elle arrivait dans l’hexagone via des médias spécialisés et rares. Rapidement, une poignée d’individus se reconnait dans ses valeurs, ses couleurs, ses sons. À leur tour, ils s’essaient au rap, au graffiti, à la danse selon des bases installées par les new-yorkais. EJM était de ceux-là.

EJM alias Emilien Jean-Michel est dans les cités de Vitry à cette époque, au début des années 1980, tout comme Lionel D. ou Sully B Wax. Il va s’investir dans le rap et croire dur comme fer dans ce nouveau mode d’expression. C’est pourquoi il sera dans les premiers à enregistrer un rap sur vynil et chez une major du disque (BMG). À cette époque, les élus sont peu nombreux : NTM, ASSASSIN, MC Solaar, Melaaz, New Generation MC’s, Sheek, IAM et EJM, Destroy man & Johnny Go, Dee Nasty, Lionel D…

Trente ans plus tard, EJM est toujours actif et motivé. Son parcours est impressionnant de longévité et d’éclectisme. L’homme a travaillé avec No One Is Innocent, Bob Sinclar, Tout Simplement Noir, Alibi Montana et d’autres. Il a su s’adapter aux nouvelles générations et aux nombreux changements liés aux différentes époques. Impressionnant. Il est temps de nous entretenir un peu avec ce précurseur, acteur encore très impliqué aujourd’hui.

      

Rencontre

 Musiculture : Ce titre avec Rotka : qui est l’équipe ? De quand date votre rencontre ?

 EJM : Ma rencontre avec ROTKA remonte aux alentours de 2005 dans le 13, je côtoyais des gars de son entourage qui organisaient des évènements Hip Hop, certains avec lui d’ailleurs. Ils étaient aussi dans l’animation, on se croisait aussi dans des animations quand j’encadrais des jeunes. On s’est retrouvés au « Rumble party », il revenait de Cuba avec « Keshoon ». Il m’ a proposé de participer au « Festival Olympiade » avec DJ Chabin et Sydney. Ça a bien accroché, on a fait « la Maison du hip hop » et « Festival Hip hop » à Ris-Orangis. Tout s’est enchaîné, après on est allé au studio de DJ Keshkoon « freestyle ». Ç’est comme ça qu’on a écrit « Barrio ». Il préparait son album « Antigone ». Par la suite, on enregistre un autre morceau et on a décidé de faire un maxi.

 M : L’animalxxx, Klim Parker…des amis de longue date ?

 EJM : Pour l’AnimAlxxx, effectivement ça fait « longtime », depuis les soirées « Chez Roger Boite Funk », le « Rex Club », « Chez Brigitte », les soirées « Marthe Laguache », etc… Pour Klim Parker je l’ai rencontré courant 2020 chez Keshkoon.

 M : Par qui sont conçus les derniers titres en date ? 

 EJM : Les compositions sont signées « Kaméo Alaprod », Klim Parker et Dj Keshkoon. Les enregistrements sont effectués au studio de Dj Keshkoon, ainsi que les mixes et masters.

 M : Vous semblez avoir une structure de label capable de livrer un produit fini, de l’enregistrement jusqu’au clip. Qui est à la base de ces projets ? Quel est l’objectif ?

 EJM : La structure « Imperia Prodz » s’est occupée des derniers projets sortis. Il s’agit du label monté par Dj Keshkoon. L’objectif est de livrer au public des projets qui nous font d’abord kiffer nous-même, et en toute liberté artistique.

 M : 30 ans d’activisme hip-hop, un passage par une major, un label indé (G prod)…ça rend plus fort ?

 EJM : Disons que ça rend plus sérieux.

 M : Cette activité d’animateur socio-culturel, que vous apporte-t-elle ? Des passerelles avec votre ADN hip-hop ?

 EJM : Aider, donner et partager font partis des valeurs essentielles du Hip-Hop. Etant un enfant des quartiers populaires, c’est pour moi une continuité. Je suis aussi parrain de nombreuses associations Hip-Hop qui vont en ce sens.

 M : Des collaborations avec « No One is innocent », Bob sinclar (Mighty Bop), alibi montana, TSN, silent poets…Quel beau parcours ! Finalement, rester hors du « business system » sans chercher le cash à tout prix, n’est-ce pas un moyen de durer ?

 EJM : Sur le long terme faire ce qu’on aime. Je veux du cash mais pas à n’importe quel prix.

 M : Quels souvenirs garde EJM des débuts du hip-hop en France ? De Vitry et ses MJC, de chez « roger boite funk », du « terrain vague de la chapelle »…

 EJM : L’innocence.

 M : Des valeurs du hip-hop des débuts, que reste-t-il aujourd’hui ? Un échec ou une réussite selon vous ?

 EJM : L’argent à tout brûlé mais il reste encore quelques initiés.

 M : Je dis à EJM : « tu ne peux garder que dix albums désormais ». Lesquels prend-t-il ?

 EJM : Dr Dre « Chronic 2001 » , « Soul Survival » de Pete Rock, Dj Muggs « Soul Assassins 2 », « Dream On » de Georges Duke, Al Jarreau « Breaking Away », Patrice Ruschen « Forget Me Not », Bob Marley « Exodus », 2Pac « All Eyez On Me », Manu Dibango « Soul Makossa », Snoop Dogg « Tha Last Meal », Rakim « Paid In Full », Oxmo Puccino « Opéra Puccino »

 M : un grand monsieur, haute figure du rap, lui aussi originaire de Vitry nous a quitté. Un commentaire, un sentiment sur le départ de Lionel ?

 EJM : Repose en Paix mon frère.

 

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