VEEJAY MAX enfin seul !

 Presque trente ans que « Veejay Max » est là. Il a assuré un travail de qualité pour de nombreux artistes de la scène hip-hop dont il est également l’un des pionniers. Rencontre à l’occasion de la sortie de son premier opus solo. Il était temps !

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Musiculture : Comment est née l’idée de cet album ?

Veejay Max : Après avoir travaillé avec de nombreux artistes, j’ai pris une bonne distance avec le milieu de la prod, durant plusieurs années. Comme tout bon beatmaker qui se respecte, je ne m’arrête jamais d’écouter et de faire des beats dans mon labo même quand je n’ai pas de projet précis. Un jour, je me suis dit qu’il était temps de réaliser mes titres que je sortirais sans les contraintes de l’artiste qui va poser dessus te demandant de changer tel ou tel son. ça te procure cette sensation de liberté incroyable et tu es content de faire découvrir aux personnes qui te suivent quelles sont tes sensibilités propres.

M : Combien de temps entre sa conception et le résultat final ?

V.M. : J’avais à l’avance quelques titres sélectionnés. Il me restait à retoucher certains sons de drums qui me plaisaient le plus. Les derniers, je les ai finalisés lorsque j’étais sûr des thèmes. Donc, depuis la conception des tracks jusqu’au mastering, ça m’a pris entre 10 et 12 mois, en comptant les interventions voix et instruments. ça prend du temps. C’est en fonction de la disponibilité des intervenants, sans oublier les séances studios disponibles.

M : Beaucoup d’influences musicales sur cet album : Font-elles toutes parties de toi ? Est-ce la raison du titre de l’album ?

V.M. : J’ai mis toutes mes influences dans cet album. ça part de mon enfance quand mes frères revenaient des Etats-Unis, me faisant écouter des disques de soul, de reggae et je te parle de ça avant les années 80 (Ce qui me marquait le plus c’est lorsqu’on ouvrait la pochette , cette odeur du vinyl). Dans ma tête d’enfant, la provenance de ces petits bijoux était quelque chose de magique. Lorsque j’ai entendu des gars parler sur une musique d’une façon qui m’était totalement inconnue, par un voisin en dessous de chez moi, je me souviens bien c’était en 1979 (j’ai même plus besoin de citer le nom de ces rappeurs qui sont devenus une célébrité planétaire) à cet instant, j’ai collé mon oreille au sol et j’écoutais. Avec le recul, je peux dire que ce moment-là est resté un souvenir fort de ma vie et le début d’une prise de conscience. Par la suite, lorsque je partais avec mes frères pour le carnaval de Londres, l’épidémie s’était déjà propagée partout dans le monde. Le hip hop était devenu un art de vivre et une façon de penser. Quelques rues de « Notting-hill » étaient animées par des DJ comme RAPATTACK balançant des titres qui deviendront des gros classiques de rap : Whodini, Run D.M.C., Schoolly D, Disco four, Davy DMX etc… Donc, pour en revenir à ta question, tout cela réuni constitue mon ADN. C’est pour cela que les titres de mon album font parties intégrantes de mes molécules c’est comme cela que je le ressens.

M : Avec qui as-tu travaillé sur cet album ?

V.M. : L’univers de mon album reste très personnel. Je savais exactement ou je voulais aller. Théo Allen est un chanteur de gospel que je connais depuis 1996 et qui est intervenu sur pas mal de mes projets avec un grand coeur et une personnalité forte. C’est vrai aussi pour Beya, chanteuse soprano Jazz-Soul qui intervient sur le titre « la cité interdite ». Nous avions déjà réalisé des projets d’albums ensemble. Elle a collaboré avec Ty Macklin producteur de nombreux titres d’Erykah Badu et bien sûr Josiah Woodsom ce génie Multi instrumentiste jazz de la Caroline du Nord qui habite maintenant Paris, depuis presque 10 ans. Josiah a joué avec Branford Marsalis, Dave Holland, Najee, Mos Def, Beyoncé Knowles et bien d’autres, on forme tous une petite famille et lorsque l’un d’entre nous se produit sur scène ou en studio, on est présent et on se soutient grave !

M : Et pour le clip, qui en est responsable ?

V.M. : Au final, lorsque toute la prod était terminée, j’étais à des lieux de devoir faire un clip. Sauf que dans mon entourage, à plusieurs reprises, mes amis me le répétaient : pour lancer un album il est nécessaire de faire un clip. Vu que je n’avais pas pris l’initiative d’en produire un, j’ai fait appel à un très bon ami. Nous avons échangé des idées et de là est parti le concept des danseurs. En fait, à la base, ce titre était destiné à un duo de danseurs hip hop. Nous avons gardé l’idée et l’avons suggéré à Julien (le metteur en scène et réalisateur) qui nous a fait plusieurs propositions. Etant Lyonnais, il me dit qu’il est en contact avec les membres du « Pokémon crew », comme par hasard !!! ça ne pouvait pas mieux tomber ! Nous sommes tombés d’accord sur les dates du clip. Ces danseurs tournent énormément. Ensuite, tout s’est enchainé dans une ambiance tellement positive ! je n’avais pas ressenti ça depuis longtemps avec l’équipe technique et les danseurs. TROP COOL ce staff Lyonnais !

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M : Chaque titre a sa couleur propre et pourtant il y a une unité de son sur l’album. Est-ce lié aux instruments que tu utilises ?

V.M. : Dans le hip hop, tu portes une attention toute particulière aux « drums » car inconsciemment les gens, lorsqu’ils écoutent du hip hop, c’est le beat qu’ils écoutent. Je me devais d’utiliser la SP 1200, la référence pour ce genre de musique qui me fait vibrer quand je fais des beats. Pour les thèmes, je ne peux pas me passer du piano rhodes car pour moi c’est un peu la base de la soul et c’est un son dont je ne me lasse jamais. Pour les bass, cela me renvoie à mes débuts car j’ai commencé par le reggae. Quand j’avais 10 ans, mes frères m’ont emmené voir Bob Marley en concert à la villette. C’était sous un chapiteau et le son était tellement fort que je souviens des lignes de basse qui résonnaient incroyablement. Je pense que c’est pour ça que mes basses sont posées un peu comme sur du reggae. « elles m’ont traumatisé » et de toute façon, entre la soul et le reggae il n’y a qu’un pas (focalise toi sur les basses de James Brown et compares les avec les riddims de King Tubby tu verras !!!). Le coté harmonique et les placements Jazz que j’utilise sur certains titres avec des sonorités parfois électro, je pense que c’est tout cela qui fait l’homogénéité des titres. J’espère avoir été clair !!!

M : Quelles différences entre le Max d’aujourd’hui et celui qui réalisait des titres pour NTM ?

V.M. : Bien sûr, maintenant j’ai pris du recul et de l’expérience, ce qui est une évidence pour tout beatmakers qui ne quitte pas son labo sans pour autant être un acharné du travail mais il faut comme toute chose une régularité dans le travail pour ne pas perdre le fil conducteur. Je ne pourrais pas te dire la différence entre avant et maintenant car avant je travaillais en binôme avec Clyde (ancien DJ du groupe rap « Assassin »). De fait, les idées se partageaient et comme je le disais au début de l’interview, lorsque tu travailles pour toi tu as cette liberté totale Lorsque tu crées pour un artiste, c’est différent, c’est un autre délire

M : J’envoie Max sur une île déserte sans retour possible : quels sont les dix titres ou albums qu’il prend avec lui ?
V.M. : Nooon ! c’est trop dur ce que tu me demandes ! il y en a tellement !!!

RAMP – Everybody love the Sunshine, BOBBY CALDWELL – Open your eyes, HERBIE HANCOCK – Vein Melter, FRED WESLEY & The horny Horns – Four Play, PETE ROCK – Mind Blowin, « MOS DEF,Q-TIP,ALKAHOLIKS » – Body Rock, THE ROOTS – Proceed, MESHELL NDEGEOCELLO – Cookie, BOB MARLEY – Kaya Album, STANLEY TURRENTINE – Fly with the wind – Album.

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Discographie sélective

Raggasonic (1995, Source / Virgin)

NTM (1995, Sony)

Afro Jazz (1997, Island)

Indigo Versions R&B (1999, Hostile / Virgin)

Tonton David (2005, Bansa Music)

Beya (2018)

 

 

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