Horace Andy, légende du reggae et voix de velours, revient avec Adrian Sherwood aux manettes. Un évènement. Le producteur anglais en rêvait depuis longtemps. « Midnight Rockers », nom du projet, est une petite perle dans laquelle Horace Andy fait ce qu’il maitrise le plus : chanter l’amour.
Dans l’histoire de la musique jamaïcaine, Horace Andy est dans les cinq plus grandes voix du genre. C’est ce qui a fait son succès et sa réputation internationale. Dans les années 1970, il laisse quelques classiques et marque en profondeur la communauté jamaïcaine britannique. Les « Massive Attack » s’en souviendront vingt ans plus tard.
Aujourd’hui, Horace Hinds (son vrai nom) jouit de 50 années de carrière et d’une classe toujours intacte voir supérieure. Sa biographie est longue comme deux bras. Il vient au monde à Kingston, Jamaïque, en 1951. Dans les années 1960, son cousin Justin a commencé à chanter dans le groupe « Justin Hinds & the dominoes ». Horace veut suivre les traces du cousin.
Deux ans plus tard, il quitte « Studio One » pour Phil Pratt. Deux autres classiques de son répertoire voient le jour : « Money Is The Root Of All Evil » et « Get Wise ». Commence alors une période marquée par de multiples collaborations et de nombreux succès. Il enregistre avec les meilleurs producteurs de l’île. Citons « Jah Jah Children » avec Count Shelly, « Bless You » avec Robbie Shakespeare ou « God Is Displeased » avec Harry J.
En 1973, « Children Of Israel » est son 2eme album à être N°1 en Jamaïque. Les singles à succès sont légion à cette époque : « Nice and Easy », « I’m In Love », « Talking Love »…Sa voix est parfaite pour les chansons d’amour et il ne se prive pas d’en enregistrer. Il travaille étroitement avec le producteur Bunny Lee. King Tubby rejoint le duo. La deuxième moitié des années 1970 est aussi prolifique et complète que la première. « Zion Gate », « You Are My Angel », « Don’t Try To Use Me », « Rasta Saw Them Coming » sont éditées avec un succès qui ne se dément pas. En 1974, il faisait équipe avec Winston Jarrett et Alton Ellis pour le fabuleux album « Earth Must Be Hell ». Il s’entoure également de DJ dont le célèbre Doctor Alimentado pour le classique « Poison Flour ».
Les années 1980 sont là. Elles seront plus difficiles. Il se joint au chanteur Bim Sherman et au DJ « U Black » le temps d’un album puis travaille avec Ossie Hibbert. Il entre en studio avec Lloyd Barnes pour l’album « Dance Hall Style » qui marque son temps. Il réinterprète d’anciennes chansons de son répertoire et en sort de nouvelles aussi excellentes que « Walking On Ice » ou « Sweet Music ». Mais son prestige n’est plus le même. Qu’importe ! Il enregistre encore et toujours.
Vient le temps de la période britannique. Il émigre à Londres et signe avec l’excellent label « Rough Trade ». Il s’adapte aux courants maitres à Londres à cette époque : l’electro. En 1986, il retrouve Prince Jammy. « Come In a This », « Must Have To Get It » et « Do Your Thing » sont les titres forts sur la période. Il chante également avec une autre légende : Dennis Brown. À la fin des années 1980, il passe son temps entre Londres, New-York et la Jamaïque. Il est un peu oublié du public.
Du coup, Horace Andy touche un autre public, une autre génération. On découvre ses nouveaux albums, on redécouvre les anciens. En 1993, il enregistre l’album « Rude Boy » avec Bunny Clarke et Ricky General. Toujours grâce à « Massive », il travaille avec Neil « Mad Professor » Fraser. Leur rencontre mène au « Life Is For Living » de 1995 puis au « Roots and Branches » de 1997. Et 25 ans de carrière !
En 2006, on le retrouvait sur le projet « The Easy Stars All-Star », hommage consacré à « Radiohead ». Depuis, des tournées, un album « live » chez « Trojan » et des albums de remixes ou de reprises de ses anciennes compositions.
2022 marque son retour avec un album original, 52 ans après ses débuts. Respect.
Discographie Sélective