Depuis ses débuts artistiques en 1988, le parcours personnel de Raphael Ray Wiggins, plus connu sous le nom Raphael Saadiq, est ponctué de drames. Le dernier en date : la perte de son frère Jimmy Lee. Cet album lui est dédié et il transpire la souffrance.
[jwplayer mediaid= »22927″]
Depuis le « Stone Rollin’ » de 2011, l’artiste s’est fait discret. Il n’est pas dans ses habitudes de rester huit ans sans album. Au plus long, il s’éloignait trois ou quatre ans des studios. Là, huit ans…Difficile de se relever de la perte d’un être cher, surtout celle d’un frère. Raphael Saadiq s’en sert pour trouver une inspiration lumineuse.
Constamment entre ombre et lumière, l’album « Jimmy Lee » trouve sa source dans le spirituel. Le gospel, depuis toujours dans la musique de Saadiq, même à l’époque de son groupe « Tony Toni Toné« , tient une place forte bien compréhensible au regard des évènements. « Ryker’s Island » prend aux tripes tout comme « sinners prayer », titre d’ouverture.
Du début à la fin, Raphael Saadiq se pose de sérieuses questions intérieurs sur l’existence d’un dieu et sur la religion. Son image du monde semble des plus pessimistes (« The world is drunk »).
Et pourtant, il ressort de ce nouvel album un optimisme et une force incroyables. Preuve que l’artiste veut croire en la vie et en l’homme, suivant l’exemple de son idole Martin Luther King. Des textes sombres tournés vers la lumière…L’essence du blues, l’âme du gospel, la sensibilité de la soul, l’essentiel est dans « Jimmy Lee ».
En achetant cet album, bien sûr vous aurez une œuvre parfaitement produite et forte en émotions. Il en a toujours été ainsi avec le monsieur. Mais vous aurez plus que ça. Vous aurez un très grand disque de soul, digne des « What’s Going On« , « New Amerykah » ou « Love & Hate« , un album reflet de son temps. Rare et précieux. Huit ans mais pas pour rien. Son « Instant Vintage » de 2002 n’a pas pris une ride. Ce nouvel opus devrait suivre le même chemin…Majeur !
Raphael Saadiq « Jimmy Lee » (2019, Columbia / Sony)*** Acheter