Afrique Du Nord

afrique du nord Lorsqu’on parle de musiques d’Afrique du nord, on pense essentiellement à l’Algérie, l’Egypte, la Lybie, la Mauritanie et la région du Soudan, le Maroc, la Tunisie et l’ouest du Sahara. La zone est grande, la diversité aussi.

Les musiques de ces régions trouvent leur source dans trois principales cultures : Perse, arabe et turque. Les langues sont souvent celles des pays d’origine ou le français, surtout pour le raï d’Algérie.

Au 19eme siècle, les orchestres militaires se sont adaptés aux styles musicaux dominants et se sont appropriés les influences traditionnelles. A cette époque, les populations dominantes dans la musique sont les berbères et les kurdes. Mais la circulation des populations est importante dans ces régions. La diversité et la dynamique des genres le sera également.

Au Maroc, les instruments traditionnels sont le oud, derbouka, tarija et les percussions. Les chansons marocaines ont souvent pour sujet la joie, la douleur et l’amour spirituel. La culture des femmes « Houara » est intimement liée à l’économie et au rôle social des femmes qui tenaient un poste majeur dans la culture et l’économie. Le style musical des femmes Houari était le reflet des musiques anciennes sub-saharienne et d’Afrique du nord en général. De nombreux rythmes avec des jeux de dialogue, beaucoup de percussions comme le tara, le bendir, la derbouka ou le tarija.

derbouka La derbouka

Les musiques de ces pays ou régions restent pendant des décennies des musiques ethniques, traditionnelles.

Le raï, musique d’Algérie, va complètement changer la donne. On appelle ça une révolution musicale. Pourtant, les origines du raï remontent au début du 20eme siècle. A cette époque, le raï est un mélange de musique populaire et de musique des bedouins.

Mais dans les années 1970, 1980 et 1990, il en va autrement. Des artistes comme Ahmad Baba Rachid ont l’idée lumineuse et géniale de mélanger le raï traditionnel avec les sonorités pop modernes. Aux Antilles, Kassav aura la même démarche avec la même réussite.

Pour des oreilles non averties, le raï sonnera comme de la pop chantée en arabe avec des rythmes « world ». Cependant, la tonalité et les influences des bedouins, culturelles et religieuses, sont la clef du genre.

Dans les décennies 70 et 80, les chanteurs de raï portent souvent le nom de Cheb (chaba pour les femmes) et jouent un raï moderne, contemporain au succès commercial important. Les artistes plus anciens se donnent le nom de Shikh ou cheikh (shikha et cheikha pour les femmes). Ces titres correspondent à des définitions culturelles. A une période, les Cheb pleuvaient partout : Cheb Khaled, Cheb Mami, Cheb Hasni…

hasni Cheb Hasni

Les textes dans le raï sont au moins aussi importants que la musique. Ils sont souvent paillards et engagés, parfois une simple description d’un état d’âme. Dans leur contenu, ces textes pourraient être rapprochés de ceux du blues américain. Ces mêmes textes seront la source de nombreux problèmes pour leurs auteurs et nombre d’entre eux émigreront en France ou en Egypte. Les fondamentalistes n’aimaient pas trop…

L’explosion du raï a lieu dans les années 90. Le plus célèbre, Cheb Khaled, sera plusieurs fois dans les meilleures ventes. Le succès sera tel que des américains comme Sting travailleront un temps avec des artistes raï. Pour ce dernier, ce sera avec Cheb Mami sur son album « Brand New Day » pour la chanson « Desert Rose ».

Ce succès correspond avec une grande popularité de la « world music » en générale. La musique suit les changements de société. Populations moins cloisonnées, mélanges plus fréquents : Explosion de la « world » qui atteind alors 12% des ventes de disques dans l’hexagone : Enorme (aujourd’hui 5%).

Ensuite, la politique reprendra le dessus et le danger sera réellement insupportable pour les chanteurs de raï. La situation en Algérie n’aidera pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Le jazz prendra le relais en utilisant davantage les instruments traditionnels arabes. L’utilisation du oud sera fréquente, par exemple.

Dans les années 2000, le raï fusionnera avec le R&B et le rap.

Les grands noms du raï : Cheb Mami, Cheb Khaled, Cheb Hasni, Rachid Taha, Cheb Bilal…

Grands noms de la musique traditionnelle : Warda (Algérie), Oum Kalsoum (Egypte), Fairuz (Liban), soeur Marie Keyrouz (Liban), Farid El Atrache (Syrie), Larbi Bensari (Algérie)…

Pour Valérie Coudert, mon mentor dans le domaine.

Christophe Augros.

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