Voici un nom qui ne vous dira rien. Pourtant, son rôle est majeur dans l’histoire de la musique aux Etats-Unis.
Clive Davis était un chasseur de tête, un découvreur de talents, un vrai directeur artistique qui sentait le marché du disque et le potentiel commercial d’un artiste. Vous vouliez réussir, si vous aviez Clive Davis avec vous, non seulement vous réussissiez mais vous deveniez une star.
Clive Davis débute dans le milieu du disque chez « Columbia Records » en 1960 comme avocat. Il a en charge les contrats d’artistes. Son premier job sera de renegocier le contrat de Bob Dylan. Il réussira cette négociation à ses conditions. Dylan reste chez « Columbia ». Il devient vite vice-president de « CBS » (aujourd’hui label de Sony). Il fait de « CBS » un label historique en sentant au bon moment l’emergence et l’importance du rock. En 1967, il assiste au « festival pop de Monterey » et signe des contrats avec Big Brother, Carlos Santana, Chicago, Billy Joel et un certain Bruce Springsteen. Il joue un rôle essentiel dans le developpement de leurs carrières respectives.
Ensuite, il prend la tête du label qu’il vient de créer : Arista. Sa première signature sera le jeune Barry Manilow. « Arista » deviendra vite un label incontournable, attractif pour de nombreux artistes. D’abord dans le milieu rock puis surtout dans le milieu de la musique noire. Par exemple, c’est sur « Arista » qu’il découvre, lance et développe la carrière d’une petite chanteuse dont le nom est Whitney Houston, en 1985. Si « Arista » avait débuté en signant Patti Smith et Grateful Dead (rien que ça), c’est dans le jazz, le R&B et le hip-hop que son aura sera la plus puissante à partir des années 80 et 90. Un autre point fort de Clive Davis est d’anticiper les tendances. Lorsqu’il signe Kenny G., saxophoniste de jazz, il est le premier à sentir l’intérêt de ce jazz un peu aseptisé, mélange de R&B et de jazz. Kenny G. deviendra une star qui vendra 20 millions de disques, rare, très rare pour de l’instrumental.
Au milieu des années 80, il sent le fort potentiel du duo de producteurs L.A. & Babyface. En 1989, il signe un partenariat entre « Arista » et « LaFace », label du duo. Grâce à cette union, « Arista » domine le marché de la musique black avec des artistes tels TLC, Toni Braxton, Monica, Outkast puis plus tard Pink. Dans la foulée, il signe un nouveau partenariat avec le jeune Sean « Puffy » Combs et son label « Bad Boy ». Cette fois, il occupe la scène hip-hop grâce aux artistes Notorious BIG, Mase, Faith Evans ou 112. Sur les trois premières années, « Bad Boy » vend 12 millions d’albums. En 1996, « Arista », c’est 425 millions de dollars de chiffre d’affaires et 69 disques d’or ou de platine depuis sa création 25 ans plus tôt. En 1999, il récupère Carlos Santana alors en pleine traversée du désert. Il le met entre les mains de plusieurs générations d’artistes. Il en résulte l’album « Supernatural » qui rapporte à « Arista » neuf « grammy awards » et 26 millions d’albums vendus! C’est un autre point fort de Clive Davis, son rôle de directeur artistique capable de remettre dans les oreilles du public des artistes oubliés grâce aux bonnes associations. Il découvre et lance également la chanteuse pop Dido qui marquera l’année 1999.
2000, « Arista », propriété de BMG, assure presque 35% des ventes de cette entreprise…
C’est à cette époque que survient un vrai coup de théatre : Les actionnaires de BMG souhaitent se séparer de lui pour le remplacer par Louis Antonio Reid. Qu’il en soit ainsi! Clive Davis s’en va, crée le label « J.Records » et lance une nouvelle chanteuse sur son label, une certaine Alicia Keys…Il récupère également Luther Vandross, véritable institution de la soul aux Etat-Unis ainsi que la star du rap Busta Rhymes. Tous seront dans les dix meilleures ventes et Alicia Keys suit aujourd’hui le même parcours que Whitney Houston en son temps. Du coup, BMG rappelle vite le maître…
Entre la fin des années 60 et le début des années 2000, Clive Davis a fait la pluie et le beau temps sur l’industrie du disque decouvrant de vrais talents, de vrais artistes. Il est l’incarnation du directeur artistique, celui qui voit la meilleure voie à suivre pour un artiste, celui qui a des idées pour mettre en valeur un artiste et surtout pour le faire connaître. Un seul homme peut être comparé à lui, il est français et son nom est Emmanuel Deburetel.