CUBA et la musique

cuba Trova, son, mambo, latin-jazz, afro-jazz, afro-cuban jazz, salsa, cha cha cha…Autant de termes qui définissent des musiques différentes, toutes originaires de Cuba ! Vous vous y perdez ? Petit cours d’histoire.

Nous allons tenter de vous aider à y voir un peu plus clair.

Si la « trova » est la première musique folklorique cubaine, le « son » (prononcez « sonne ») est la première forme de musique afro-cubaine. Le « son » était le mariage de rythmes syncopés africains et de percussions avec des mélodies espagnoles provenant de la « trova » et des instruments à cordes. C’est la deuxième racine de la musique cubaine. Cette musique s’est développée à l’Est de Cuba, particulièrement dans sa partie orientale, au tout début du 20eme siècle. Le « son » s’est développé jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. Il était très populaire à la Havane dans les classes pauvres aux origines multi-ethniques. Dans sa forme la plus classique, le « son » était joué par un septet comprenant trompette, guitare, bass, tres (un instrument à neuf cordes), bongos, maracas et clavès (percussions très anciennes). En général, un ou deux chanteurs. Peu à peu, Timbales, congas, guiro, tumbadoras, cuivres, violons et violoncelles sont ajoutés à  cette base. Peu à peu, le « son » gagne les classes sociales plus aisées, durant les années 1930. Les musiciens se dirigent alors vers une musique plus douce avec un son moins brut. C’est l’époque où le compositeur Moisés Simons enregistre des succès internationaux comme « El Manisero », l’époque où José Fernandez Diaz enregistre « Guajira Guantanamera », considérée comme la chanson cubaine la plus connue dans le monde. Il entraîne une vraie passion pour le « son » aux Etats-Unis. Ce que les américains appellent « rumba » à cette époque est en fait du « son ». La rumba n’aura pas le même rythme.

arsenio Au début des années 1940, Arsenio Rodriguez, joueur de tres et leader de groupe, invente une variante du « son » qu’il baptise « son montuno ». Cette variante change le rythme du clavé pour un rythme délibérément plus rapide. Il y ajoute des jeux d’improvisations vocaux et des impros entre musiciens plus parfois de terribles solos. Cette spontanéité renouvelle le « son » qui devient alors la base du « mambo« . Ce sera aussi une base du jazz afro-cubain et de la salsa mais là je vous perds alors doucement !

cugat Xavier Cugat

Les débuts de la rumba comme genre musical à part entière se trouvent dans le commerce et les échanges culturels. La prohibition sévit aux Etats-Unis et beaucoup d’américains séjournent dans le sud de l’île. Le tourisme explose et les clubs, les casinos et les hotels remportent un succès incroyable. A leur retour dans le pays, les américains, chauds comme la braise, veulent encore de la musique cubaine. Les clubs de New-York et Los Angeles capitalisent sur cette tendance. Mais la peur des peaux noirs, des rythmes compliqués du « son » donnent naissance à des groupes hybrides comme celui de Xavier Cugat. Leur musique, proche de l’identité d’origine est plus exotique et adaptée pour le marché américain. Le nom « Rumba » devient populaire. Une nouvelle génération de musiciens jouent la rumba mais avec piano, bass et aucun instrument cubain traditionnel. Leur son est moins ethnique, moins folklorique. C’est cette musique à laquelle on pense avec le terme rumba. Vous suivez ?

New-York et Miami deviennent les capitales américaines de la folie rumba. Des artistes comme Desi Amaz à Miami ajoutent des congas et des danses en ligne pour créer un nouveau style de danse, plus facile que celle d’origine. A la fin des années 1940, tout les enregistrements de rumba comportent congas et danse en ligne. Petit à petit, le terme salsa apparaît. Et au début des années 1970, le terme salsa est utilisé pour toutes les musiques latines enregistrées sur le sol américain. Le mot rumba est réservé pour identifier toutes les musiques venant de Cuba. La vérité, c’est que le marketing débute avec ce genre de choses. Car entre salsa et rumba dans les années 50 et 60, peut de différence, voir aucune, sauf dans la tête des américains. La différence arrive à la fin des années 60.

La salsa est la forme musicale la plus dynamique. Salsa signifie « sauce » et se rapproche grandement du mot « swing » dans le jazz. Bien que dynamique, la salsa peut aussi être romantique. C’est d’abord Arsenio Rodrigues, joueur de « tres » aveugle, qui en installe les bases. Son groupe comprend piano, deux trompettes, un saxophone, une grande section rythmique avec timbales et congas notamment. La ligne de bass est syncopée. Le groupe de Rodrigues devient vite le modèle à suivre à Cuba.

puente Tito Puente

Mais la salsa, à la différence des autres genres cités plus haut, est influencée par d’autres musiques latines comme celles de Puerto-Rico, le merengue de la Dominique, la cumbia de Colombie mais son ossature, c’est le « son » de Cuba. Vous êtes encore là ? La grande différence entre la salsa et les autres musiques cubaines, c’est qu’elle s’est développée hors de l’île et surtout dans les années 60 et 70. On pense à Tito Puente et surtout à Jerry Masucci, fondateur de la « Fania » à New-York (l’équivalent de la « Motown » dans la salsa). C’est surtout lui qui rend le terme populaire dans les années 1970, plus grande décennie pour la salsa.

La salsa est joué par des groupes plus réduits : Une section de cuivres de quatre ou cinq musiciens (quand même !) et un ou deux chanteurs.

Les années 80 verront petit à petit le déclin de la salsa. Il y aura un regain au milieu des années 90 mais le « merengue » de la Dominique et la « Bachata » seront plus à la mode.

Bon essayons de résumer. Dans l’ordre, trova, Son, mambo, rumba (en fait du « son »), salsa. Sonorités différentes parce que structure d’orchestre différentes ou parfois juste une affaire de marketing.

Les grandes figures du son : Cachao, Compay Segundo, Buena Vista Social Club, Miguelito Cuni,Ruben Gonzales, Omara Portuondo, Sexteto Habanera, Septeto Habanera, Guillermo Portabales, Roberto Torres, Orquesta Aragon, Elio Reve, Nico Saquito, Benny More (considéré comme le plus grand chanteur cubain), Roberto Faz.

Les grandes figures du mambo : Tito Puente, Machito, Celia Cruz, Xavier Cugat, Desi Amaz.

Les grandes figures de la salsa : Johnny Pacheco, Ruben Blades, Ray Barretto, Fania All Stars, Willie Colon, Eddie Palmieri, Hector Lavoe, Africando (groupe panafricain dirigé, arrangé et produit par Boncana Maiga), Richie Ray & Bobby Cruz, Cheo Feliciano, Bobby Valentin, Roberto Roena, Mongo Santamaria…

La pachanga : Ce n’est pas un genre musical mais une danse. Elle a fait fureur chez les ados new-yorkais d’origine cubaine dans les années 1970. C’était une danse frénétique dont la durée de vie a été très courte.

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.