CYPRESS HILL et les éléphants

 En général, un artiste qui a trente ans de carrière n’a plus de pression sur les épaules et l’expression consacrée est souvent « il n’a plus rien à prouver ». Cypress Hill existe depuis 1988.

Le groupe aurait donc pu se contenter de reproduire la méthode qui a assuré sa célébrité dans le monde entier en ne s’adressant qu’à son public fidèle. Il n’en est rien. Bien sûr, il y a dans « Elephants On Acid », leur neuvième album studio, des marques de fabrique. Mais ce nouvel opus surprend parce que remplit de prises de risques. Cypress Hill fait à nouveau preuve d’imagination et s’installe sur des terres jusqu’ici inexplorées. N’est-ce pas la raison de leur succès à leur arrivée à la fin des années 1980 ? N’est-ce pas la marque des grands ? Ne pas se contenter de ce qu’on sait faire mais aller plus loin, c’est la qualité des grands artistes.

Huit années se sont écoulées depuis le « Rise Up » de 2010. C’était le temps nécessaire pour concocter ces 21 nouveaux titres. L’album marque le grand retour de DJ Muggs, absent depuis le « Til Death Do Us » Part de 2004. Aux bass puissantes et aux sirènes stridentes, il a préféré des sons psychédéliques, à commencer par les rythmiques. Certaines prises de sons ont eu lieu en Egypte où Muggs a utilisé des musiciens locaux de rues : sitar, oud, flûte. Une première dans le rap à ma connaissance. Cypress Hill s’est également assuré les services de chanteurs du crue comme Sadat dans les choeurs de « Band Of Gypsies ». Des rythmes lourds à profusion (qui ne sont pas sans rappeler le travail de Massive attack), des solo de guitares torrides, des percussions en boucles, les influences rock 70’s de Cypress Hill sont ici plus qu’évidentes. L’album à cette noirceur, ce côté obscur, propre aux productions de rock alternatif des années 1980, type « Mazzy Star » et vite repris par l’école Trip-hop de Bristol des années 1990. Ça saute aux yeux sur « Jesus Was A Star » ou sur « Pass The Knife ». Pour terminer, soulignons les efforts de DJ Muggs pour donner une saveur vinyl à l’album. En effet, il a samplé et resamplé son travail jusqu’à retrouver le son source et la chaleur qu’avait ce support. Ça plaira sûrement à DJ Lemaire Christophe…

À côté de ce penchant expérimental, l’auditeur dispose quand même de repères très classiques dans la tradition Cypress. On écoute « Put Em In The Ground » et « Locos » et l’énergie des débuts est encore là.

« Elephants On Acid » explore de nouvelles voies sans perdre le fan des débuts. Il conserve le côté vapeur et odeur de la substance qu’ils affectionnent tant…Un album curieux, assemblé comme un puzzle sous acide, un album inattendu comme une bonne respiration d’un air frais qui ramène Cypress Hill au top.

Cypress Hill « Elephants On Acid » (2018, BMG)*** Acheter Sortie : 28 / 09 / 18

Merci à Kader

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