« Grandmaster Melle Mel: La Source.
Melvin Glover, son vrai nom, a été la première voix du rap, le responsable des premiers grands succès du genre.
D’abord leader du trio « Three MC’s », il forme ensuite le groupe culte « Grandmaster Flash & The Furious Five » avec Joseph Sadler.
Après deux premiers succès dans le public hip-hop avec les titres « Freedom » et « Birthday Party », la réussite est mondiale. 1982 est l’année du rap « The Message », un classique, emblématique de la première génération du rap et le titre qui va lancer la musique rap à grande échelle. Avant « The Message », le rap est un courant musical réservé aux noirs du Bronx ; Après « The Message », le monde découvre une culture et le genre musical qui va dominer le monde les vingt années suivantes. « The Message » est le premier rap aux revendications sociales et politiques et Melle Mel est le responsable du texte.
Mais le groupe n’était pas préparé à un tel succès et des conflits d’intérêts le détruiront rapidement.
Melle Mel décide d’une carrière solo. Après la sortie de « White Lines (Don’t Don’t Do It) » (succès de 1983 repris par le réalisateur Spike Lee dans son film « 24 Heures Avant La Nuit »), il popularise encore un peu plus le rap grâce au titre « Feel For You » enregistré avec la chanteuse Chaka Khan alors au sommet de son succès.
L’année suivante, on retrouve l’artiste dans le film « Beat Street ». Il enregistre le titre le plus réussi de la B.O. du film culte de Harry Belafonte.
RENCONTRE
: Felicitations! Vous venez d’entrer dans le prestigieux “Hall Of Fame” du Rock and roll: Quelles ont été vos pensées à ce moment précis?
Melle Mel : Je ne m y attendais pas du tout. Je pense que de nombreux artistes méritaient ce titre avant nous, surtout dans le milieu rock. Par contre dans le hip-hop, je ne crois pas qu’il y en aura beaucoup d’autres qui auront ce privilège…
: Vous avez « le » titre classique du hip-hop. Comment s’était passé l’enregistrement de « The Message » ?
: C’est un disque que personne ne voulait faire…La partie que j’assure dans ce titre est tiré d’un rap que nous avions déjà enregistré pour un label du nom de « Enjoy Records ». L’essentiel a été écrit par le percussionniste du groupe Sugarhill Gang. Mais personne ne voulait vraiment le faire…Personne n y voyait un succès sauf Sylvia Robinson.
: Pensez-vous que le thème de ce rap était trop sérieux pour l’époque ?
: A cette époque, tout le monde faisait des raps pour la fête et nous étions loin de penser que le public accrocherait à un rap de ce genre, social et politique. Le gros hit du moment, c’était « Planet Rock »…Et en terme de fric, ça ne nous a rien rapporté. Pourtant, ça a été un énorme hit qui a changé l’histoire du rap et changé le groupe…
: Parlez moi un peu de votre dernier album, « Muscles ».
: C’est un album très équilibré entre les attentes du public à mon égard, mon public de base, et des titres plus actuels qui s’adressent à ceux qui ne me connaissent pas. Personnellement, je pense que c’est mon meilleur album à ce jour. La nouveauté, c’est que nous n’avons fait appel à personne, pas de featuring, pas de samples, simplement moi sur 16 titres.
: Êtes-vous toujours un fan de hip-hop?
: Pas tel qu’il est aujourd’hui. J’ai toujours de l’amour pour la vraie culture hip-hop mais pas pour tout ces trucs de gangsters. J’ai vieilli, tu sais, et ces trucs ne me touchent pas. Certains beats sont bons mais les textes ne s’adressent pas à des gens de ma génération. Aujourd’hui, c’est juste une musique pour les ados.