It’s the « CYNE » of the ages.

 

cyne Le déferlement massif de chaines en or, de bimbos, de SUV et de flingues sur nos ondes et nos écrans depuis la fin des années 90 a voulu nous faire croire que le Rap se réduit à cette caricature que MTV a imposé.

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Il existe pourtant une production Hip-hop variée, instruite et réfléchie. Une musique qui s’extrait des archétypes habituellement mis en exergue par le marketing, les diffuseurs et les rappeurs eux-mêmes pour mieux analyser ses contemporains, de façon aiguisée, documentée avec une démarche résolument constructive.

Aussi, aujourd’hui, petit focus sur un groupe sous-médiatisé originaire du nord de la Floride : CYNE.

Terre d’expression des très « mainstream » Vanilla Ice ou Pitbull, le « Sunshine State » n’est pas forcément le premier lieu auquel on pense lorsqu’on parle de rap engagé, dit « conscient ». Surtout connu pour sa forte population de retraités ou les plages de Miami, l’état est pourtant celui qui a vu naître dans les 90’s le groupe des Dead Prez, déjà un fleuron américain de rap aux paroles contestataires et sociétales.

dead prez Dead Prez.

CYNE, l’acronyme de « Cultivate Your New Experience », est originaire de Gainesville, patrie de l’université de Floride, une des plus grandes du pays, et de sa fameuse section sportive des « Florida Gators ». Fondé au début des années 2000 par deux M.C. (Cise Star & Akin) et deux producteurs (Speck & Enoch), le groupe s’inscrit à l’opposé des clichés du genre Hip-Hop. Sur la forme comme sur le fond.

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Le rap de CYNE demande de l’attention, de la subtilité pour en saisir toutes les nuances. C’est une musique au message politique, idéologique omniprésent et affûté qui, au travers de paroles extrêmement engagées culturellement, livre un discours positif et réfléchi poussant chacun à penser à l’impact de ses actions. Un Hip-Hop rempli de références littéraires et historiques, capable de s’attarder le temps d’un morceau sur la pensée de Jean Jacques Rousseau, d’aborder Shakespeare ou le magistral Siddhartha et d’en extrapoler les concepts à leur quotidien.

CYNE a de solides fondations culturelles, du recul sur les choses et en transpose les questionnements aux problématiques des sociétés actuelles dans la forme résolument contemporaine qu’est le Hip-Hop. Sans jamais être condescendant ou asséner des vérités, le quatuor s’interroge particulièrement sur le rapport de l’Homme à la société, à la nature, à l’argent, au pouvoir ou à la religion.

Un rap humain, pas seulement tourné sur leur propre nombril mais ouvert aussi au monde et notamment à l’Orient. Flirtant parfois avec la pensée philosophique et engagés dans la lutte pour l’égalité des droits humains – le message de Martin Luther King y est souvent pris en exemple – les textes du groupe invitent (et méritent !) à une lecture minutieuse.

Le choix des samples utilisés atteste aussi, à mon sens, d’une vraie forme d’intelligence patiente dans leur processus de création.

Leurs influences sont multiples : Jazz, Soul, Blues, Trip-Hop… et montrent une large connaissance musicale. Les garçons ont des goûts éclectiques et pointus : Du très vibrant « The Elephant’s Child Lullaby » de Bobby McFerrin que l’on peut entendre sur le morceau « Steady » à la très bonne « ballade de Casey Deiss » du guitariste Folk américain Shawn Phillips dont on peut reconnaître les notes de guitare sur « First Person ».

Leurs collaborations fameuses avec le producteur japonais Nujabes – notamment le très bon « Feather » de l’album « Modal Soul » – abondent aussi dans ce sens d’esprits ouverts et curieux du monde.

IMG_2370 Nujabes.

Des productions toujours recherchées et, prises dans leur ensemble et contrairement à tant d’autres, on n’en sort jamais en ayant le sentiment qu’ils sont allés vers quelque chose de « facile » ou de « simpliste ».

Malgré 7 albums qualitatifs et hétérogènes depuis le début du millénaire, des premières parties d’artistes majeurs tels The Roots ou de KRS One, CYNE est un groupe sous-estimé qui mériterait sans aucun doute une place plus importante sur la scène du Hip-Hop mondial tant leur éthique de travail, leur démarche et leurs mots sont constructifs, qu’on adhère au propos ou non.

Trob.

Albums marquants :

evolution fight Evolution Fight (2005, City Centre Offices)***

pretty dark Pretty Dark Things (2008, Hometapes)***

water for mars Water for Mars (2009)***

Artistes du même genre ou de la même époque : The Roots, Common, Jurassic 5, Nujabes, Hocus Pocus

 

 

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