Voici le projet independant qui nous fait vibrer depuis plusieurs années maintenant.
Alabama 65 n’a toujours pas trouvé de distributeur. Pourtant, cet album est d’une qualité et d’une originalité qui s’adresse à un public très large. Amateurs de blues, de gospel, de musiques electroniques façon Moby et même amateurs de « house music » ou simplement grand public avec un peu de sensibilité, tous s y retrouveront.
Derrière ce concept, on retrouve Alexandre Destrez (claviers sur les albums de « St Germain ») et David Hachour (DJ et producteur pour « Oscar », notamment), deux amis d’enfance. A leur côté, un groupe composé de pointures de studios tel le bassiste Vincent Artaud, par exemple.
La base de leur travail est composée de titres de la famille Lomax. Dans les années 40, John et Alan Lomax, père et fils, blancs, décident d’écumer les penitenciers pour enregistrer les complaintes de prisonniers noirs et pour raconter la violence et l’inhumanité. Leurs enregistrements, véritables trésors et témoignages d’une époque, constituent la base de cet album sur lequel Destrez et Hachour ont ajouté des mélodies absolument incroyables, émouvantes aux larmes ainsi que des rythmes contemporains. Ecoutez « Smokeless » et le jeu de piano ajouté par Alexandre Destrez ou « Please Don’t Go » et vous prendrez toute l’ampleur du travail de ces deux musiciens, leur talent pour ressusciter des voix sorties d’outre-tombe.
En fait, ce projet s’inscrit en ligne directe dans les pas du « play » de Moby. Depoussierer, mieux, moderniser, des chants gospel / blues en les confrontant aux instruments et technologies de la fin 20e, début 21. Moby l’avait réalisé à une époque très propice. Alabama 65 arrive à un moment nettement moins propice alors que la qualité du projet est au moins aussi bonne.
En presque trente ans de métier dans la musique, peu d’album m’ont autant inspiré que celui-ci. Parlez-en!
Christophe Augros.