Presque vingt ans que ce trompettiste ère de projets acoustiques en projets electroniques en passant par des projets plus experimentaux. Point commun : Tous ces projets en ont fait le meilleur trompettiste français.
Cette capacité à se dépasser, à casser les barrières et à aller plus loin que son potentiel ne le permet n’est pas donnée à tout le monde. Souvent, des musiciens forts techniquement se contente de jouer en restant dans un cadre et le public averti a souvent envie de leur dire : « et ensuite? ». Alexandre Tassel ose, essaie en sachant toujours bien s’entourer. A bientôt 40 ans, son parcours en est une belle illustration.
En pleine période « electro-jazz », il a su se faire une place dans la voie traçée par Ludovic Navarre. Avec son ami et collègue Gilles Naturel, ils nous offrira quelques perles dont le « Fillet Of Soul » (2003) et surtout le magistral « Food For Fought » (2007). Sur ce dernier, tenez-vous bien, on retrouve aux côtés de nos deux français expérimentés le bassiste / producteur / compositeur Marcus Miller et le rapper charismatique Guru (leader du groupe Gangstarr), entre autres. A part DJ Cam, dont Tassel est proche, personne en France n’avait réussi à federer des géants américains autour de sa musique. Je parle ici d’artistes encore peu connus ou en developpement sinon vous allez m’objecter Nougaro avec Nile Rogers et Marcus Miller !
Des fusions réussies donc entre jazz, electronique, soul et hip-hop. En fait, Tassel a la même démarche que Laurent De Wilde ou Julien Birot. Pardon? Vous ne connaissez pas le deuxième?! Ah! Julien Birot, fondateur du label « Such », producteur d’Electro Deluxe, Wise (dont il est également membre), Freddy, Roland Brival (j’en oublie) et ingénieur du son recherché par Michel Jonasz notamment. Je disais donc que Tassel a la même démarche et grâce à eux, le jazz a pu avancer un peu pendant quelques années et remonter dans les ventes.
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Malheureusement, en solo, même s’il a exactement la même approche, le succès ne sera pas vraiment au rendez-vous. Pourquoi? Trop timide! Bonne approche mais il ne va pas assez loin ou ne l’assume pas vraiment. C’est en tout cas l’impression que l’on peut avoir. Un peu comme si un Miles en plein enregistrement d’un « Bitches Brew » mettait un peu de « Kind Of Blue »…!? Pourtant, sur « Movement », son premier opus solo, on retrouve Eric Legnini, Manu Katche ou Robin Notte, entre autres.
Lorsqu’on a comme amis Manu Katche, Laurent De Wilde, DJ Cam ou Julien Birot et que l’on est en contact avec Marcus Miller et le groupe Cameo, comment se fait-il que l’on soit encore inconnu du grand public? C’est un mystère. Son problème et celui de la génération 2000 est que les ventes du « jazz-electro » hormi quelques exceptions n’ont jamais explosées. Et les mecs se sont dit : « C’est parce que ce n’est pas la bonne direction ». Faux! C’est parce qu’un Pascal Bussy se faisait vider de chez Warner, c’est parce que le monde du disque entrait en pleine mutation à partir de 2002 et que plus personne n’avait assez de fric pour investir en promo. Le jazz est donc retourné aux intégristes qui crachent sur toutes fusions et les mecs branchés susceptibles d’acheter n’en ont même pas eu vent. Mais, c’était la bonne direction.
2011 : Alexandre Tassel est lauréat des talents jazz « Adami ». Depuis, il a multiplié les collaborations et les concerts. Mais en solo, il est également retourné vers une direction artistique très classique…
Discographie
Tassel & Naturel « Fillet Of Soul » (2003)**
Drivin’
Tassel & Naturel « Food For Thought » (2007)***
Paris
DJ Cam « Liquid Hip-hop » (2004)**
Alex Tassel « Movements » (2008)***
Come Runnig To Me
Alex Tassel « Heads Or Tails » (2010)*
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