La Soul : L’histoire.(1ere partie)

summer soul  Qui est à l’origine de la soul ? Qui en étaient les artistes leaders ? Quels étaient les haut lieux ? Comment la soul a t-elle évolué ? En route.

La Soul naît  lorsque le blues s’urbanise à la fin des années 60. A la base « roots » du blues viennent s’ajouter des elements modernes et urbains. Le père de la soul est Sam Cooke vite suivi d’Otis Redding.

Dans les années 60, de nombreuses régions des Etats-Unis vont s’engouffrer dans la brèche ouverte par ces deux géants. Ainsi, des genres de soul vont naître avec des personnalités différentes. Bien sûr, il y aura la « Motown » à Detroit et « Stax«  à Memphis mais Chicago, New-York (« Atlantic records ») et Philadelphie seront des centres incontournables. Dans ces villes, des producteurs liés à des labels produisent des artistes aux sons très variés. De la soul naîtront les courants  funk et disco. James Brown et Slystone incarnent la transition entre soul et funk. Les artistes de Philadelphie, celle entre soul et disco.

sam cookeSam Cooke

Il est le chanteur le plus important dans l’histoire de cette musique car il en est tout simplement l’inventeur. Il est aussi le premier à être populaire auprès des noirs comme des blancs (rare à cette époque). Enfin, il est le premier à en comprendre l’importance commerciale en créant son propre label et sa maison d’édition (revolutionnaire et visionnaire). Sa musique, mélange de gospel, de R&B et de blues ainsi que sa façon de chanter, un peu nasillarde, installent les bases de la soul. Sam Cooke mériterait à lui seul un sujet complet (et nous le ferons) mais le but ici est de vous présenter les différentes écoles soul.

Trouvant son origine dans le blues des années 40, le R&B a servi de base au rock n roll. Au début, le R&B a gardé le tempo et les grandes bases du blues mais son instrumentation était plus aérée et la priorité était donnée à la chanson, pas à l’improvisation. Les cordes mélodiques dominaient avec un rythme de base soutenu. Dans les années 50, le R&B est contrôlé par des chanteurs comme Ray Charles et Ruth Brown ou par des groupes comme The Drifters et Coasters. L’origine Blues est encore forte.

Ensuite, le R&B devient « soul » : du R&B plus urbain. La soul est plus « funky », plus libre dans la structure. Sam Cooke et Otis Redding sont à l’origine de ce changement. Elle est d’abord divisée en deux écoles :

motown logoMOTOWN (Detroit)

Un son où les cuivres, les cordes et la mélodie prédominent. Les artistes sont propres sur eux, coiffures impeccables tout comme les costumes. De la musique noire pour les blancs : Marvin Gaye, Stevie Wonder, the Temptations, Diana Ross…Des albums produits en série sur le modèle des chaines de montage automobiles de Detroit car Berry Gordy, son fondateur y travaillait avant de se lancer dans la musique. Un groupe de musiciens, une poignée d’auteurs / compositeur pour une multitude d’artistes. Le but de ce label était de faire une soul fortement teintée de pop pour atteindre le public blanc.

72160774PS039_Film_Life_s_2Berry Gordy

Berry Gordy travaille dans des chaînes de montage automobile lorsqu’il prend conscience que la musique peut aussi être produite en série. Il crée un studio dans une cave en terre battue à l’acoustique particulière et monte un groupe de musiciens de studios. Il s’implique énormément dans l’écriture et la production.

En 1957, il rencontre Jackie Wilson et lui écrit quelques chansons : succès immédiat. A l’époque, c’est le rock n’roll qui domine et particulièrement des titres de chanteurs noirs repris par des blancs. Gordy réalise qu’il peut produire des chansons avec des noirs pour un public blanc et, surtout, il remarque que le rythme est essentiel (souvent les gens écoutent les textes seulement si le rythme est bon).

jackie wilsonJackie Wilson

En 1959, avec un emprunt, il fonde « Motown ». Ce sera la maison de disques noires la plus productive et la plus belle réussite commerciale dans son genre. Stevie Wonder, Diana Ross, the Jackson 5, Smokey Robinson, Marvin Gaye, The Temptations, the Four Tops, Gladys Knight, Martha Reeves: Tous sur Motown, tous découvert par Gordy avec quatre auteurs/compositeurs communs à tous ces artistes : Lamont/Dozier/Holland plus Smokey Robinson.

lamont dozier hollandLamont / Dozier / Holland

Norman Whitfield prendra la suite après le départ de ceux-ci pour cause de disputes sur les droits d’auteurs avec Berry Gordy. Le son deviendra alors plus dur, plus funk.

En 1971, Gordy quitte Detroit pour Los Angeles pour agrandir son label et se lancer dans le cinéma. C’est la fin de Motown. Le son originel disparaît, l’identité Motown n’est plus.

Le look Motown : Pour ne pas effrayer les blancs (les tensions raciales sont encore très fortes à cette époque), le look est très propre et très class : coupes de cheveux impeccables avec défrisage, costumes impeccables et gentilles chorégraphies.

Le son Motown : Des cordes, des cuivres, du piano et beaucoup de percussions.

Berry Gordy invente le marketing moderne dans la musique et le « format ».

 

logo staxSTAX (Memphis)

Très rythmé, le rythme étant prioritaire sur la mélodie. De la musique noire pour les noirs pour la sueur : Isaac Hayes, Rufus Thomas, Otis Redding

Les débuts se font sous le nom de « Satellite ». Rien ne laisse présager alors un avenir aussi prometteur pour le petit label car les associés n’y croient guère et quittent le navire rapidement. Jim Stewart, lui, y croit dur comme fer et demande à sa sœur de l’aider. Elle accepte et hypothèquera même sa maison pour cautionner l’avenir de Satellite.

jim stewartJim Stewart

1959 voit les vrais débuts du label. Jim Stewart enregistre son premier groupe, les Veltones, avec l’aide de son bras droit et guitariste Chips Moman.

Ce premier enregistrement lui ouvre les portes du milieu du Rhythm & Blues. Sa rencontre avec le chanteur et disc-jockey Rufus Thomas permet l’entrée de SATELLITE dans les charts grâce au morceau « Cause I love you » sous le double nom de Carla et Rufus Thomas.

Par la suite, Jim STEWART signe un accord de licence et de distribution avec Jerry Wexler, propriétaire d' »Atlantic Records », basée à New York. Cette collaboration sera un des éléments clés de la réussite de Satellite.

« Gee Whiz » interprétée par Carla Thomas accède aux classements dans lesquels on retrouve toutes les grandes compagnies, et s’installe dans le « top 10 » R&B et pop de « Billboard ».

Mais Jim Stewart ne se contente pas de ce premier succès, et se lance à la recherche de nouveaux talents.

memphis Compilation « Warner » sur le « Memphis Sound ».

Les Royal Spades, avec Steve Cropper, Duck Dunn, Wayne Jackson, et Don Nix, confirment cette réussite malgré quelques désagréments liés à l’arrivée dans le groupe du neveu de Jill STewart, Packy AXton, alcoolique notoire.

« Last Night » par les Mar-keys qui sort en juin 1961 sous Satellite connaît un succès au-delà des espérances de Stewart. Le titre se hissera à la deuxième place des hits parades noirs et à la troisième place du « Hot 100 » Pop. Cette vente de plus d’un million d’exemplaires oblige Satellite à se renommer. En effet, une compagnie californienne du même nom a jugé bon de faire valoir son antériorité, réclamant une somme astronomique à Jim STewart et Estelle AXton. Ces derniers y voient l’opportunité d’un changement de cap de leur compagnie. Ainsi naîtra STAX (ST pour Stewart et AX pour Axton) et le destin qu’on lui connaît. Chips Moman fera les frais de ce renouveau car sa collaboration se termine à ce moment.

C’est le début d’une nouvelle ère: l’intégration va jouer un rôle important dans le son STAX. Steve Cropper, batteur blanc, prend l’initiative de réunir le batteur noir Al Jackson Jr, vétéran de la scène R&B, le bassiste blanc Lewis Steinberg et le jeune organiste noir Booker T-JONES pour constituer la section rythmique de la STAX.

steve cropperSteve Cropper

A l’automne 1962, le groupe classe son titre « Green Onions », un instrumental, numéro un R&B et au top 100. C’est la première fois dans l’histoire de la compagnie qu’un instrumental atteint un tel classement.

Durant la décennie 1960, Booker T et The MG’s, ainsi que les équipes de production, notamment celles formées par Isaac Hayes et David Porter seront au cœur de la réussite de STAX. On parlera alors du « Memphis Sound ».

Le disc-jockey de Washington Alvertis ISBELL dit Al Bell sera un personnage clé de l’histoire de STAX.

Au début des années 70, le rachat de STAX par GULF + WESTERN va permettre à Al Bell de disposer d’une plus grosse assise financière et de reconstituer le catalogue, plus de trente albums seront produits en moins de deux ans. En effet, la diffusion de la musique ne se fait plus par le biais du single mais par le 33 tours. Et c’est l’album d’Isaac HAYES, « Hot Buttered Soul » qui marquera la réussite de cette stratégie.

hayes

Progressivement, le terme de « Memphis Sound » disparaît et par la même ses artistes fondateurs : Carla Thomas, Steve Cropper et Booker T Jones.

Forte de son évolution plus orientée soul avec l’arrivée de nouveaux artistes comme The Bar-Kays, Soul Children, Frederick KNIGHT, STAX n’oublie cependant pas sa vocation politique et éducative vis-à-vis de la population afro-américaine.

Le label continue de s’illustrer dans plusieurs projets. Les deux plus importants seront :

– la B.O. de la production hollywoodienne « Shaft » signée par Isaac Hayes.

-Le concert légendaire de la WATTSTAX, le 20 août 1972 à Los Angeles, qui deviendra le deuxième plus grand événement de l’histoire de la communauté noire américaine après la marche sur Washington organisée en 1963 par le Révérend Martin Luther King Jr.

atlanticATLANTIC (New-York)

Atlantic Records a été créée en septembre 1947à New-York par Ahmet Ertegün . La compagnie produit d’abord du jazz (Erroll Garner) et du blues.

Dans les années 1950 et 1960, la société est devenue l’un des acteurs majeurs dans l’édition de disques de R&B, de soul et de jazz avec des artistes tels que Ray Charles, Roberta Flack, Aretha Franklin, Ben E.King, Percy Sledge, Wilson Pickett, Duke Ellington, John Coltrane... De plus, ils distribuent les disques du petit label de Memphis, Stax Records, où l’on trouve notamment Otis Redding et Sam & Dave.

aretha franklin  Aretha Franklin

Le label enregistre de nombreux standards de l’histoire de la soul mais son identité est plus difficile à décrire. Arif Mardin, arrangeur et producteur y joue un rôle clef. Il est celui qui fera le succès d’Aretha Franklin.

PHILADELPHIE.

C’est le domaine de Gamble & Huff.

gamble & huffGamble & Huff

Kenny Gamble et Leon Huff se rencontrent pour la première fois en 1964 lors d’une session d’enregistrement pour Candy & The Kisses. En 1965, ils écrivent « Gee, I’m Sorry Baby » pour The Sapphires. Décidant d’écrire et de produire davantage encore, ils créent « Excel Records » et signent The Intruders.

Le nom du label devient alors « Gamble Records » et ils signent Frank Beverly, The cruisers, Baby Doll et Madman. En dehors de leur label, ils travaillent aussi avec d’autres artistes comme Jerry Butler.

Ils obtiennent le million de ventes avec, « Cowboys To Girls », chanson écrite pour The Intruders en 1971. A cette époque, ils créent « PIR, Philadelphia International Records », et signent Talk Of The Town, groupe de Mc Fadden & Whitehead.

billy paulBilly Paul

Sur PIR, ils écrivent des chansons qui sont désormais des classiques de la musique noire pour The O’Jays, The Three Degrees, Harold Melvin & The Blue Notes, Teddy Pendergrass, M.F.S.B., The Jacksons, Jean Carne, Billy Paul et d’autres encore.

Leur son sera à l’origine du disco. C’est la soul dominante des années 70.

Beaucoup de cordes, des cuivres et des arrangements classieux, le tout sur des rythmes solides : C’est ça le son de Philly. Une musique plus douce et mélodique que la Soul des années 60.

QUELQUES ALBUMS INDISPENSABLES

 marvinMarvin Gaye « What’s Going On »
temptationsTemptations “Masterpiece”
stevieStevie Wonder “Songs In The Key Of Life”
hayesIsaac Hayes “Hot Buttered Soul”

otisOtis Redding “Sitting On The Dock Of The Bay/Best Of”sam cookeSam Cooke “Soul Stirrers” (1964)James Brown “Revolution Of The Mind”, “Hell”, “Black Ceasers”, “Get Up On The Good Foot”, “I’m Real”.four topsFour Tops “Reach Out” (1967) ou une compilation.superflyCurtis Mayfield “Superfly” (1972), “Curtis” (1970).

the-blue-notes-albumHarold Melvin & the Blue Notes “Wake Up Everybody” (1975)

intrudersIntruders “Save The Children” (1974)

Dans une deuxième partie, nous verrons comment la Soul music a évolué dans les 80’s et dans les décennies suivantes et ce qu’il en reste aujourd’hui.  

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