L' »Anomalie » De Montréal

J’ai découvert l’artiste « Anomalie » via Facebook un peu par hasard. L’effet que sa musique a eu sur moi est assez indescriptible. En fait, il fait la musique que j’aime le plus : Mélodique, un brin nostalgique mais furieusement groovy.

En science, une anomalie désigne « tout phénomène qui s’éloigne de ce qui est considéré comme normal ». C’est son cas avec une musique transversale entre jazz, funk, hip-hop et electro, une musique bourrée de contre-temps et d’idées qui la rendent particulière.

« Anomalie », c’est Nicolas Dupuis, un québécois qui vit à Montréal. Son instrument de base est le piano, formation classique et jazz oblige. Mais aujourd’hui, il utilise les claviers. Difficile de deviner que le monsieur a été récompensé en 2012 pour son travail dans des orchestres philharmoniques. En effet, sa musique mélange de funk, de hip-hop et de jazz est loin des puristes classique. Et tant mieux !

Premier E.P. en 2014 et 2 millions de vues sur Facebook : Bravo ! En Avril 2016, nouveau single intitulé « Odyssée » puis il part en tournée avec Gramatik, autre prodige de l’électronique spécialiste du « groove« .

« Metropole », son deuxième E.P. vient de voir le jour. L’occasion pour moi de lui poser quelques questions.

 Musiculture : Ta base est classique et jazz mais ta musique est très funk : Comment en es tu arrivé là ?

 Anomalie : Éducation classique au départ, puis jazz à la fin de mon adolescence. Entre les deux, j’ai commencé à explorer la production, les synthés et la musique électronique. C’est très tardivement que j’ai commencé à écouter du hip hop (surtout celui des années 90) et du G-funk – ça m’a beaucoup parlé. C’est en combinant tout cela que j’en suis arrivé à créer « Métropole » 🙂 

 M : Tu as un son très « vintage » (tes sons de bass et tes claviers sonnent très funk 80’s). Est-ce dû au matériel que tu utilises ?

 A : C’est surtout parce que j’aime ce genre de son : rhodes, wurlitzer, clav, synth leads et bass, je fait pratiquement tous avec « omnisphere 2 » (mais à partir de waveforms et reproduction de filters des juno 106, prophet 12 et moog sub phatty de ce monde)

M : Peux tu nous expliquer le nom « Anomalie » ?

 A : « Anomalie », c’est mon nom d’artiste. J’aimais bien le son du mot ainsi qu’une des premières esquisses de design que mon ami Michael m’avait soumise (visuellement intéressant avec les 2 A et le M au milieu). Vu la nature hybride de la musique et le fait que le clavier et les synthés soit au premier plan, « Anomalie » me semblait être un bon choix pour illustrer le côté « hors norme » du projet.

 M : Est-ce une période importante pour toi les années 1980 ?

 A : Absolument, pour tout ce qui est funk. Au niveau de la composition et de la performance j’aime beaucoup ce qui se faisait dans le jazz fusion aussi, cependant j’aime mieux l’esthétique sonore du hip hop des années 90 et de la musique électro des dernières années.

 M : 2 millions de vues sur Facebook : Et maintenant quel est ton objectif ?

 A : M’éloigner de la platforme 😉 « Facebook », c’est bien, mais c’est vraiment a deux tranchants. Le nombre de vues est impressionnant, mais un très faible pourcentage des gens qui interagissent avec les vidéos finissent par écouter mes titres au complet sur d’autres platformes. Avec mon nouveau EP « Métropole », je souhaite bâtir davantage mes réseaux « soundcloud », « spotify » et « iTunes » afin de pouvoir partir en tournée avec ma formule « live » cette année. 

 M : Tu as été clavier de « Gramatik » : Comment l’as tu rencontré ?

 A : Et je le suis toujours, nous travaillons présentement sur un EP en collaboration. Il m’a contacté quelques jours après que j’aie publié un Vine d’un jam sur son titre « Chillaxin By The Sea » en septembre 2015.

 M : Votre rencontre a t-elle eu un impact sur vos musiques respectives ?

 A : Pas immédiatement, mais certainement au niveau des collaborations qui paraîtront prochainement 🙂

 M : As tu d’autres projets avec des artistes étrangers (ou québécois) ?

 A : Oui! Je travaille présentement avec un excellent pianiste et beat-maker du nom de « Rob Araujo« . On travaille sur quelques titres présentement. Je suis aussi en contact avec « Haywyre » depuis 1 an, un claviériste et producteur incroyable qui m’inspire beaucoup. On songe à sortir une pièce et une performance vidéo d’ici la fin de l’année 🙂 

 M : Tu travailles comment : D’abord les mélodies et ensuite le « beat » ou l’inverse ?

 A : Ça varie d’un titre à l’autre, mais généralement les idées commencent au piano, mais c’est le beat qui fonde le début du processus de production.

 M : La scène électronique est assez ancienne à Montréal. Je me souviens du « Futur Sound Of Montreal » (en 2004), concept album qui réunissait de nombreux artistes ou du groupe « Kobayashi » en 2006. Connais tu tout ça ou pas du tout ?

 A : Absolument, par contre je ne fais pas partie de ce cercle. Je suis plutôt impliqué dans la scène hip hop underground depuis 2 ans – il y a une soirée hebdomadaire incroyable appelée « LeCypher » où toutes sortes de gens viennent se réunir pour « jammer », « freestyler » et « groover » – c’est légendaire. 

 M : Ta musique est très électronique mais tes origines sont très acoustiques : Comment ça se traduit sur scène ?

 A : Sur scène, j’arrange mon matériel pour un ensemble de 4 musiciens – un batteur avec des « triggers » et un « drum pad », un bassiste qui joue aussi du « synth bass », un deuxième claviériste et moi-même. Accompagné de « backing tracks », le but est de préserver l’énergie et l’intensité d’un set électro, mais avec l’aspect de performance d’un band de feu. 

M : Quand Anomalie ne travaille pas la musique, il aime faire quoi ?

 A : Faire d’autres musiques 😉 Je suis pas mal en immersion totale dans la musique et la production, et je l’ai particulièrement été en vue de la sortie de mon EP. Sinon j’aime beaucoup faire du vélo, voyager, découvrir des bières de micro-brasserie, puis des bons expressos 🙂

Discographie

 Anomalie (2013)** . 

Les bases de son travail sont là. Le E.P. s’ouvre sur le ravageur et très funk « Bach » ou quand des partitions de bach rencontrent le « groove » du 21eme siècle. Déjà, on peut deviner les origines musicales de Nicolas Dupuis. Mais on sent que l’artiste se cherche. Le mélange entre les différents genres n’est pas encore équilibré et la production est très moyenne. Acheter

 Odyssee (2016)**. 

D’entrée, Anomalie fait savoir qu’il a écouté Roger Troutman avec l’utilisation de la « talk box ». Claviers très 80’s et clin d’oeil à la musique classique. Le titre « Odysse » est une vraie réussite. Sa reprise du « What A Wonderful World » également.1’50 de fender, de douceur pour un bel hommage à Louis. L’électronique s’éloigne un peu au bénéfice du funk et d’une meilleure production. Acheter

 Sleigh Ride (2016)**. Un titre annonciateur du contenu de « Metropole. Omniprésence du piano et rythmique pour la danse et la fête. Acheter

 Metropole (2017)***. 

En trois ans, les progrès sont aussi fulgurants qu’impressionnants. Anomalie arrive à un bel équilibre entre mélodie et rythme, entre mid-tempo et up-tempo, entre electro, funk, hip-hop et jazz. Nicolas Dupuis est un pianiste. Il l’assume davantage sur son ouverture, son interlude et son épilogue. De plus en plus, Anomalie trouve sa voie, sa personnalité. On le sent plus à l’aise et sa musique est davantage festive. Bref, une anomalie de plus en plus « normale »… Acheter

Artistes du même genre ou de la même époque : Gramatik, Dam Funk, FKJ

 

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