« Rap »-1989 / DE LA SOUL

 « 3 Feet High and rising » est probablement le plus surprenant, le plus créatif, le plus inventif et le plus joyeux album de l’histoire du rap.

À sa sortie, l’album ne correspond à rien. La pochette d’abord, colorée genre « flower power » des années 1970, casse les codes. On s’amuse sur la pochette et dans la conception des titres. Enfin un disque de rap qui ne parle ni de la rue, ni de problèmes sociaux ou raciaux. Les De La Soul utilisent une incroyable palette de sons, un kaleidoscope de samples empruntés à la pop, au disco, à la soul et même à la country, si ! Si !

Les De La soul abattent les frontières et se jouent des idées préconçues. On passe d’un groovy « The Magic Number » à l’innocent et léger « Jenifa Taught Me (Derwin’s Revenge) » en passant par le plus sérieux « Say No Go ». L’humour est omniprésent et s’inscrit dans la voie ouverte par le rapper Biz Markie.

Côté conception des instrus et production, le génial « Prince Paul » (du groupe « Stetsasonic ») et DJ Pasemaster Mase redoublent d’intelligence et d’idées toutes aussi farfelues que redoutables d’efficacités. Les deux sorciers de studios utilisent aussi bien du Johnny Cash que du Steely Dan, du Hall & Oates, du Mad Lads, du The Turtles ou du Cymande pour leurs musiques. Mais même là, le groupe s’amuse beaucoup. Les samples ne sont pas utilisés en boucles ou pour le rythme comme dans la plupart des disques rap. Non, les samples sont partout, parfois juste sur une fraction de seconde, parfois pour accentuer l’humour d’une phrase. Bref ! Comme en cuisine, De La Soul utilise le sample comme des épices qui servent à relever le goût. Enfin, « Prince Paul » va jusqu’à utiliser des instruments jamais utilisés dans le rap. Sur « 3 Feet High and rising », vous entendrez de la harpe, de l’harmonica et même du « yodeling » (chant traditionnel du tyrol).

« 3 Feet High and Rising » amenait le rap sur des terres plus positives et légères après la période Public enemy. L’album ouvrait les portes d’un nouveau genre de rap baptisé « Daisy age » dont De La Soul, Jungle Brothers et A Tribe Called Quest seront les leaders. Enfin, cet album permettait au label « Tommy Boy » de rester dans la course. Tout simplement génial !

De La Soul « 3 Feet high and Rising (1989, Tommy Boy)*** Acheter

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