ZOUK

Zouk ! Ce genre musical née dans les Antilles françaises (Guadeloupe) a connu son pic de popularité dans les années 1980. Il restera très populaire durant la décennie 1990 avant de fusionner avec des genres comme le R&B, le ragga et le hip-hop pour devenir autre. Sa création est intimement liée au groupe Kassav.

Avant le zouk, plusieurs genres régnaient sur les Antilles françaises, surtout la « biguine » et la « mazurka ». L’instrument du rythme était le « gwo ka », tambour local. Les antillais écoutaient aussi beaucoup de compa, musique haïtienne et affectionnaient aussi la musique des « vidés » jouée presque uniquement pendant le carnaval.

 A partir de 1974, Pierre Edouard Decimus ambitionne de moderniser la musique des Antilles. Il a l’idée géniale de mélanger les musiques traditionnelles à la pop et aux technologies modernes de l’époque. Avec la formation de Kassav en 1979, il met l’idée en pratique : Succès international rapide. Jacob Desvarieux et Freddy Marshall sont à ses côtés. La chanteuse Jocelyne Beroard les rejoint un an plus tard puis Jean Claude Naimro, Jean-Philippe Marthely et Patrick St Eloi. 1983, la formation est complète. Un an plus tard, Kassav est partout en métropole, chez toutes les familles antillaises, dans toutes les fêtes. La chanson « Zouk la sé sèl médikaman nou ni » résonne dans l’hexagone. Ce sera l’hymne du groupe.

Subitement, de nombreuses formations passent à la trappe. Les artistes dominants des années 1970, antillais et haïtiens (ska-shah, Tabou Combo, Experience 7, Les Aiglons…) ne s’en remettront jamais. Seul les martiniquais de Malavoi (groupe formé en 1969) garderont la tête haute grâce aux mélodies et à leurs violons réputés dans toutes les caraïbes puis grâce à la voix du chanteur Ralph Thamar.

Kassav donne donc un nom, une identité à la musique des Antilles françaises. Désormais, le zouk dépasse les frontières des îles. Il est populaire en « metro » (terme souvent utilisé par les antillais pour désigner la métropole) et dans toutes les caraïbes. Vite, de nombreux artistes s’engouffrent dans cette brèche béante.

A partir du milieu des années 1980, Kassav règne mais n’a plus le monopole.

 En 1986, Guy Houillier et Yves Honore, anciens du groupe « Experience 7 », forment le trio féminin « Zouk Machine« . Succès rapide dont le point culminant est la chanson « Maldon » de 1990. Joelle Ursull et Tanya Saint-Val auront ensuite de belles carrières.

En 1988, Edith Lefel se fait un nom avec l’album « La Kle ». Ronald Rubinel devient un personnage incontournable de la musique antillaise.

Et ils sont nombreux à se lancer tant et si bien que des sous genres voient le jour. Le plus populaire à cette époque est le « zouk-love ». Le rythme zouk ainsi que la danse associée sont déjà très explicites sexuellement. Le « zouk love » lève toute ambiguité qui pouvait subsister. Harry Diboula, Thierry Cham, Phil Control et des membres de Kassav en solo signent de belles chansons romantiques.

Au début des années 1990, le zouk fait largement partie du paysage musical. La communauté antillaise a même sa radio en région parisienne (« Tropic FM » qui deviendra « Media Tropical »). La génération colorée « touche pas à mon pote » danse sur les rythmes antillais, de plus en plus.

Les majors du disques essaient de récupérer le phénomène alors dirigé par de petites structures indépendantes. 1993, Kassav s’essouffle mais « Kwak » marque l’année avec son premier album. Jocelyne Labylle, Monique Seka, Kali, Ralph Thamar, Edith Lefel enregistrent de gros succès populaires mais le zouk s’essouffle car trop monotone. Même rythmes répétitifs, manque d’originalité, la musique antillaise tourne en rond…

 Slaï

Il faudra l’arrivée du ragga et du R&B pour relancer toute la culture. Pendant que les précurseurs savourent une retraite bien méritée, la nouvelle génération modernise le genre. Slaï, Shy Dee, Perle Lama, Kaysha et l’équipe « Section Zouk » font vivre les Antilles auprès d’un jeune public bien plus intéressé par le hip-hop et le R&B américain. Début des années 2000, l’aspect festif de la musique, la chaleur, le côté sex et la danse zouk à deux ne sont plus. Le business prend le dessus et les Antilles perdent leur identité musicale récupérée par la Jamaïque et l’Amérique.

Et, dans le même temps, d’autres courants venus d’Haïti ou de la Dominique ont une fraicheur bien plus attirante. Le Kompa (désormais écrit avec un « K ») est très populaire tout comme la « bachata ».

Quelques Classiques

 Dissonance « Anti Star » (1986) Acheter

 Jocelyn Beroard « Siwo » (1986) Acheter

 Kassav « Vini Pou » (1987) Acheter

 Tanya Saint-Val « Pouki Tou Sa » (1988)

 Joelle Ursull « Miyel » (1988) Acheter

 Zouk Machine « Maldon » (1989) Acheter

 Malavoi « Matebis » (1992) Acheter

 Edith Lefel « Méci » (1992) Acheter

 Kali « Roots » (1991) Acheter

 Kwak « A La Kwakans » (1993) Acheter

 Slaï Slaï (2002)

 Princess Lover « Juste Moi » (2003) Acheter

 Perle Lama Mizikasoleil (2006) Acheter

Pour Gilles Obringer, ami et mentor qui m’a tant appris dans le domaine. 4 février 1995, déjà 22 ans sans toi. « Ça c’est le zouk!!! »

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