9 In Common. Sous ce nom se cachent deux excellents musiciens et deux individus humainement riches. D’abord, Yann Lebreuilly, diplômé en ingénierie acoustique, passionné de musique et particulièrement de jazz, d’électronique et de hip-hop.
Yann avait enregistré l’album « Sofa Attitude » avec Christian Brun, autre musicien jazz parisien talentueux, sur lequel on retrouvait également Laurent De Wilde, Guillaume Naturel, Melodiq, EZ Triqa et Alex Tassel. Depuis, Yann et Alex ont entrepris un partenariat de production très efficace.
Alex Tassel quant à lui est à mon avis le trompettiste le plus doué de sa génération. Nous avions fait sa connaissance grâce à Julien Birot et Sebastien Barthelemy du label « Such » au sein du duo Wise. Mais Alex Tassel est également le trompettiste de Manu Katche, DJ Cam, Laurent De Wilde. Il a aussi enregistré avec Marcus Miller, Guru du groupe rap Gangstarr, Baptiste Trotignon, Andre Ceccarelli, Diego Imbert et Rick Margitza, entre autres. Ça vous pose une carte de visite ! Si ses racines sont dans le jazz, il apprécie tout autant le hip-hop et l’électronique comme son acolyte Yann Lebreuilly.
Ici, le duo fonctionne à merveille. Une vraie complicité humaine et artistique semble s’être installée et ça se sent sur l’album. « Au revoir Paris » est un pur bonheur et les progrès de Yann sont vraiment très impressionnant depuis notre rencontre au milieu des années 2000. Mais au fait, pourquoi ce titre ? A cette question, Yann répond : « Alex a quitté Paris pour s’installer en Bretagne et j’en ai fait autant. Le titre est donc venu naturellement. C’est le détachement de la capitale pour vivre pleinement un retour aux sources ».
L’album dégage une beauté violente. Certes, il y a des samples et des sons de scratch hip-hop mais il y a aussi des ambiances planantes et presque mystiques qui vous transportent très loin. Parfois, l’ensemble est proche d’une musique de film et libère votre imaginaire. Tout cela servi par un niveau de production de haut vol, par un son d’une pureté sublime. En ce sens, Yann a énormément progressé depuis nos dernières rencontres, je le répète.
On pourrait avoir l’impression que l’album est l’aboutissement d’un travail de groupe d’où notre question : « Combien de personnes sur l’album ? ». La réponse de Yann est surprenante : « Juste Alex Tassel (instruments / machines) que tu connais bien et moi (samples / cut) ! « . Quand à Alex, il en dit ceci : « Du partage, de la recherche, un travail de fourmi fourni par Yann pour la sélection des sons, des samples et des ambiances. C’est pour moi un grand plaisir que d’essayer de créer des atmosphères musicales qui évoquent des images, des lieux mais aussi des pensées et des rêves à la croisée du jazz, de l’électro, du hip-hop ou de la musique de film ». En ce sens, le travail de ce duo est très proche de celui des « Cinematic Orchestra » à l’époque du « Man With a Movie Camera ».
Mais il ne faut pas se méprendre, si nos deux amis sont très talentueux et riches d’une longue et belle éxperience, l’enregistrement de cet album et on le devine à son écoute, c’est beaucoup de travail. « En tout, une année aura été necessaire pour arriver au produit fini. Nous enregistrions à chaque fois que je passais voir mon pote en Bretagne. Derrière, il faut aussi beaucoup de temps au label (Seamless recordings) pour installer la campagne de communication et caler la sortie » nous dit Yann.
A l’écoute de cet album, mon imaginaire a fonctionné à plein régime. J’ai entendu le son du producteur Pete Rock sur le titre « Pete » (est-ce voulu ?), le son de l' »acid-jazz » anglais des années 90 sur « Midnight Is The Hour« , le funk des années 80 dans le style des productions Eumir Deodato sur « La Musique« , l’âme du hip-hop new-yorkais sur « Action & Reaction » et sur « Le Bonheur« , l’ambiance « Blade Runner » et l’âme de Miles sur « Sérénité » où Alex excelle dans l’inspiration.
« Au revoir Paris », peut être, mais l’album très urbain colle pourtant si bien à notre capitale aujourd’hui. Sublime et fortement conseillé. Messieurs, Merci !
Les remixes de l’album « Au revoir Paris » viennent de voir le jour. Difficile de faire mieux que l’album original. DJ Cam et Jon Kennedy s y sont collés en faisant très différent. Pas mieux mais différent. DJ Cam a utilisé des sons de Mantronix (Jealous) et quelques petites perles pour enrichir les compositions de Yann Labreuilly et Alex Tassel. Le remix 90’s d' »Action et reaction » est également très réussi. Un autre voyage pour dire au revoir à Paris. Ici, un vrai travail de remix qui rappelle la grande époque des « Latin Rascals », Shep Pettibone et autres new-yorkais qui savaient donner un autre souffle à un titre. Bonne écoute.