Alune WADE : BOOM !

 C’est en 2015 que nous découvrons le musicien Alune Wade. Cette année là, il enregistre un bel album avec l’excellent Harold Lopez-Nussa et surtout il joue aux côtés du grand Marcus Miller. En effet, Alune Wade apparaît sur « Afrodeezia », un des meilleurs albums du bassiste américain depuis ses débuts en solo en 1985.

L’arrivée d’ »African Fast Food » m’a donc intrigué au plus haut point. Mais que pouvait bien contenir son album solo ? Et dès la première écoute ce fût le choc. Effectivement, son jeu de bass prodigieux est proche de celui d’un Marcus Miller ou d’un Stephane Castry. Il suffit d’écouter « Pharoah’s Dance » pour s’en rendre compte. Mais en plus de la bass, l’album bénéficie d’un batteur puissant, de cuivres chauds et d’une fusion complexe entre jazz et cultures africaines. « Mali Den » est dans ce domaine un modèle du genre. Là encore son jeu de bass est très impressionnant. Et Osibisa, Fela, Ismael Lo, N’Dour ressurgissent rapidement de nos mémoires. Car Wade a le groove et la finesse de ses prestigieux ainés. A noter la présence de Kuku au chant et celle de monsieur Oxmo Puccino sur « How Many Miles ». Que ce soit avec Truffaz, Mathieu Chedid ou Wade, la présence de ce rapper est toujours une valeur ajoutée bien agréable ma fois, un beau complément du verbe pour un bal réussi à Bamako. Au fait, un certain Eric Mouquet s’est chargé du mastering. Eric Mouquet ? Membre de « Deep Forest » qui en plus de leurs albums nous avaient offert un incroyable remix du « Undecided » de Youssou N’Dour.

« African fast food » est avant tout et surtout un album qui met en lumière un auteur / compositeur de haute volée. C’est aussi un superbe terrain d’expression pour un bassiste d’exception. Enfin, c’est un voyage coloré entre jazz, riches cultures africaines et « groove ». Vous l’aurez compris, « African Fast Food » est indispensable à tout amateur de ces musiques.

RENCONTRE

 Musiculture : « African Fast Food » : On y sert une cuisine colorée et épicée mais pourquoi ce titre ?

 Alune Wade : Dans un « african fast-food » on y sert certes de la bonne cuisine bien épicée mais l’ambiance qui y règne est encore plus intéressante, l’odeur de la cuisine, la fumée, une variété musicale, le bruit, les rumeurs…. Dans ce lieu, tout le monde est le bienvenu, tout le monde a droit à la parole.

 M : Cet album est incroyable, c’est un vrai jukebox : On y retrouve du jazz, différentes musiques africaines, un groove parfois 70’s, parfois 80’s, du rap : Qui vous a nourri en musique ?

 A.W. : J’ai appris la musique en sillonnant les ruelles de Dakar où il y avait toutes sortes de musiques, je me nourrissais de tout ce bouillon de sons, sans y prêter attention dans mes jeunes années, et qui je me rends compte aujourd’hui a été déterminant. Il faut savoir aussi que mon père était musicien mais sa musique était plus conventionnelle que les miennes 🙂 Il était le chef de la musique principale des forces armées sénégalaises, nous avions donc droit à notre quart d’heure de musique classique (Mozart ou la musique baroque de J.S.Bach)

M : « Pharoah’s Dance » : Hommage à Pharoah Sanders ?

 A.W. : « Pharaoh’s Dance » explique surtout le règne des pharaons qui débutait victorieux, paisible et qui finissait souvent en tension ou en catastrophe d’où ce changement de rythme  sur la deuxième partie.

 M : Vous avez souvent un son de bass « metallique » à la Marcus Miller : Le bassiste le plus influent sur votre travail ? Et si oui, qu’avez-vous ressenti en « cuisinant » avec lui ?

 A.W. : J’ai appris de Marcus Miller sa « perception » à la basse,  avant de le rencontrer en personne. Et là j’ai encore beaucoup appris de lui en le côtoyant, au travers de sa sagesse, de son humilité et cela m’a permis de comprendre pourquoi il m’avait tant intrigué musicalement.

 M : Vous écrivez tout seul (ou presque) : Un choix pour un album avec un son plus homogène ?

 A.W. : C’est un choix qui s’est  imposé dans ma carrière, j’ai souvent été seul à tout construire ou produire, c’est devenu un atout que j’ai saisi mais j’aime recevoir de la richesse et des connaissances venant des autres…

 M : Eric Mouquet, Oxmo, Kuku, Gensane…Comment constituez-vous votre équipe ?

 A.W. : Tous ces gens sont des amis et compagnons de route, c’est ça vivre à Paris, on arrive à faire des rencontres qui existent nulle part ailleurs (Merci Paris !)

 M : Ultramarine, Deep Forest…Vous avez besoin de gens d’expérience ?

 A.W. : L’expérience,  oui,  mais surtout une agréable proximité pour avoir le même amour à porter un projet ensemble

 M : Si j’en crois le texte accompagnant l’album, vous avez enregistré fin 2016 et l’album sort début 2018 : Pourquoi cet espace entre les deux ? Une belle recette mais longue à préparer… 🙂

 A.W. : En effet, enregistré en 2016, masterisé en 2017 et sortie programmée en février 2018.  On a eu ainsi le temps de bien finaliser les choses, trouver le label, ce qui n’est pas évident de nos jours…  et surtout planifier le moment opportun pour aboutir cette aventure extraordinaire et la faire vivre le plus longtemps possible.

 Alune Wade African Fast Food (2018, Sony Music)*** Sortie le 23 février 2018 FNAC   

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