A bien y penser, en jetant un petit regard en arrière, le rap en France se résume finalement à quelques noms. Car les groupes marquants, stables sur la durée, avec une vraie qualité et une originalité indéniable ne sont pas nombreux. Hocus Pocus fait partie de ceux là.
Sur une idée de 20syl, ce groupe de Nantes voit le jour en 1995. Cinq, six ans plus tard, ils sont sur Paris pour présenter leur premier enregistrement, un mini album huit titres entre jazz et hip-hop, acoustique, avec déjà un niveau de production bien supérieur à la moyenne, avec déjà une précision d’écriture rare. Déjà, la priorité est donnée aux beats façon rap US des années 90 qu’ils affectionnent particulièrement.
Cinq ans plus tard, sortie du premier album, « 73 Touches ». Les critiques sont unanimes et le succès commercial est au rendez-vous. Les américains « Procussions » sont de la partie. Niveau production, on est passé au niveau supérieur. De nombreux titres à fort potentiel et leur technique de DJ bien mise en avant. Car Hocus Pocus, c’est aussi 50% de C2C puisque DJ Greem et 20syl sont dans les deux formations. Et C2C, bien avant la sortie d’un album qui s’écoulera à 500 000 exemplaires, c’est plusieurs titres de champion du monde des DJ. Historique en France. Il y avait déjà eu DJ Dee Nasty et DJ Cut Killer, entre autres, mais jamais des français n’avaient remporté quatre titres consécutifs de champions du monde des DJ « DMC ».
Hocus Pocus, c’est des textes parfois engagés (« J’attends », « Geometrie ») , parfois drôles (« Camille », « V.I.P. »), toujours bien écrits. C’est aussi un quintet jazz sur le modèle the Roots où chaque membre tient une place importante que ce soit David et sa guitare ou Mathieu et ses claviers.
A aujourd’hui, leur album majeur voit le jour en 2007. « Place 54 » sort chez Motown ! Les collaborations internationales sont multiples. Le titre « Vocab » sera un hit. Quelques samples choisis dans la world music (Cesaria Evora) et des textes impressionnants dans leur contenu et dans la forme. Plus qu’un bon rap, « Quitte a t’aimer » est un grand texte dans l’histoire de la musique en France.
Pour « Place 54 », 20syl et ses potes font de la place pour leurs amis artistes de longue date, histoire de les mettre aussi en lumière. Ainsi, Dajla (chanteuse et bassiste redoutable), Tribeqa (formation funk aux influences africaines aussi originaire de Nantes), Magic Malik (musicien jazz français surdoué) ou Elodie Rama sont de la partie. Côté internationale, la distribution est impressionnante. C’est là que l’arrivée chez « Motown » fait la différence. Fred Wesley (tromboniste de James Brown, membre des JB’s), Omar (figure emblématique du courant acid-jazz en Angleterre) et les rappers américains Procussions font des apparitions très remarquées. Hocus Pocus étend l’éventail de ses capacités : Jazz et hip-hop bien sûr mais aussi soul et funk. « Smile » est hit. La production monte encore d’un cran. La section de cuivres des Electro Deluxe entre dans l’aventure. Oeuvre majeure.
Logiquement, difficile de faire mieux après. Les Hocus Pocus reviennent en 2010 avec « 16 Pièces ». L’album est exactement dans la même veine. Un titre superbe sur Michael Jackson sur une base jazz et une boucle de piano déjà utilisée par la chanteuse Vivian green sur le superbe « What Is Love ? » (2002) entre autres. Mais le groupe est victime de sabotage de la part d' »Universal ». Sans promotion, il vend à sa base de fans mais n’élargit pas son audience. La priorité est donnée à la scène.
Depuis, rien…20syl et Greem se sont concentrés sur C2C. Résultat : Un album marquant en 2012 avec un son neuf. Thomas des electro Deluxe est encore là…20syl a multiplié les projets et collaborations (John Pigeon, un album pour David Ledeunff et de nombreux remixes). On attend la suite Messieurs…
Discographie
Acoustic Hip-hop Quintet (2001, On & On records)**