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Bob Marley Bob Marley : La figure la plus emblématique, l’icône, de la culture reggae.

Bob Marley a été le premier jamaïcain à devenir une superstar internationale, le premier à exporter la musique de son île sur tout le globe. Sa musique a donné de la voix à la lutte des jamaïcains, capturant l’essence de la pauvreté et de l’oppression et également la spiritualité, source de leur lutte. Ses chansons, souvent en rapport à la croyance, la dévotion et la révolution sont encore bien vivantes trente quatre ans après sa mort. Sa famille ainsi que plusieurs générations d’artistes ont repris le flambeau.

Robert Nesta Marley était né en février 1945 dans un petit village de Jamaïque. Fils d’un père blanc et d’une mère noire, il quitte le foyer à l’âge de 14 ans pour une carrière musicale à Kingston. Il devient le protégé du chanteur rasta Joe Higgs. Son premier single, « Judge Not », voit le jour en 1962 avec le producteur Leslie Kong. Mais très vite, les intérêts financiers séparent les deux hommes. En 1963, Marley fait équipe avec Peter Tosh, Bunny Livingston, Junior Braothwaite, Beverly Kelso et Cherry Smith. Le groupe est baptisé « The Teenagers » puis « The Wailing Rudeboys » puis enfin « The Wailers ». Bob a en charge le chant. En 1964, leur titre « Simmer Down » est au top du classement des ventes. Le groupe signe alors un contrat avec le legendaire producteur Coxsone Dodd, propriétaire des studios « One ». Ils enregistrent « I’m Still Waiting ». S’ensuit alors une impressionnante série de hits tels « Let Him Go », « Dancing Shoes », « Jerk In Time », « Who Feels It Knows It » et « What Am I To Do ». En tout, les Wailers enregistrent pas moins de 70 chansons pour Dodd avant de se séparer en 1966. En février de la même année, Marley épouse Rita Anderson, chanteuse du groupe « The Soulettes » puis membre du trio « the I-Tree ». A cette époque, Marley enregistre une musique très « roots » dont la qualité de production est encore très moyenne.

Peter ToshPeter Tosh

Un peu plus tard, il reforme les Wailers avec Livingston et Tosh et enregistre « Bend Down Low ». C’est l’époque où il se concentre presque uniquement sur la croyance rastafari, axe majeur de sa vie, de sa musique jusqu’à sa mort. A partir de 1968, il enregistre de nouvelles chansons avec une nouvelle direction artistique pour le producteur Danny Sims. Puis il fait équipe avec le producteur Lee Scratch Perry et le groupe « Upsetters » de celui-ci. C’est l’époque des classiques « My Cup », « Duppy Conqueror », « Soul Almighty » et « Small Axe » qui mettent en place la puissance du chant, des rythmes ingénieux et une production visionnaire. Le bassiste Aston Barrett et son frère Carlton, batteur, quittent les « Upsetters » pour rejoindre les Wailers. En 1971, le groupe fonde un label independant : « Tuff Gong ».

chris blackwellChris Blackwell

Ensuite, c’est la rencontre magique, celle qui les propulse sur une autre planète, la rencontre avec Chris Blackwell, fondateur et propriétaire du label « Island ». Nous sommes en 1972. 1973, sorti de « Catch A fire », leur première oeuvre à voir le jour hors des frontières de la Jamaïque et avec un accueil chaleureux dans le monde entier. « Burnin' », album suivant, contient le classique « I Shot The Sheriff » et assoit un peu plus leur réputation. Eric Clapton en fait même une reprise en 1974.

Mais si Blackwell est un visionnaire qui entrevoit de grandes choses pour le groupe, il n’en est pas de même pous les « Wailers ». Les égos et l’argent prennent le dessus. Livingston et Tosh quittent les « Wailers » pour des parcours solo. Marley se sert alors des « I-Trees », c’est à dire de sa femme Rita ainsi que de Marcia Griffiths et Judy Mowatt. La nouvelle formation part en tournée mondiale puis enregistre « Natty Dread » en 1975 qui contient un autre classique : « No Woman No Cry ». Leur concert au « London Lyceum » aboutit à la sortie du superbe « Live ». Avec le succès de « Rastaman Vibration » en 1976, N°1 des ventes aux USA, il devient évident que la musique de Marley est sorti de la musique traditionnelle jamaïcaine pour devenir une musique pop, c’est à dire comme son nom l’indique une musique populaire et dans le monde entier.

Mais si Marley est devenu une star charismatique à l’echelle planétaire, chez lui il est un personnage mystique, un poète, un prophète dont chaque parole est écoutée avec une attention toute particulière. Et ça, en générale, ça ne plait pas au monde politique. Résultat : Son pouvoir est perçu comme une menace et le 3 decembre 1976, il est blessé lors d’un attentat contre sa personne. Les forces de l’ordre l’obligent à quitter la Jamaïque. Il s’exile pendant plus d’un an. De cette expérience sort le somptueux « Exodus » de 1977, son plus gros succès commercial. Sur cet album, on trouve « Jamming », « Waiting In Vain » et « One Love / People Get Ready », rien que ça ! Trois titres symboliques de sa personnalité, de son message. Il enchaîne avec « Kaya » et les titres « Is This Love » et « Satisfy My Soul ». Puis « Babylon By Bus » et « Survival » assoient encore un peu plus son talent. La decennie 70 est la sienne, celle d’un rebel visceralement attaché à la liberté, au combat et à la spiritualité qu’il a largement répandu dans le monde.

Bob Marley

En 1980, il est la star la plus importante. Il donne un concert magistral au Zimbabwe et annonce une tournée aux USA. Mais, alors qu’il fait un jogging à Central Park, New-York, il s’effondre brutalement. Un cancer généralisé. « Uprising » sera son dernier album. Il décède le 11 mai 1981. Il n’a que 36 ans.

En 1981, même les plus jeunes qui n’ont pas conscience de son parcours savent que cet evenement est historique et qu’un grand vient de tirer sa reverence. L’album posthume « Confrontation » est commercialisé en 1983 suivi de la compilation « Legend » en 1984.

Les années suivantes, les decennies suivantes même, voient sa réputation et son aura non seulement intacte mais encore plus puissante. Bien sûr, le reggae, c’est d’abord Bob Marley mais liberté, lutte pour la liberté, fraternité riment avec Marley. Comme Fela et quelques artistes des années 70, il incarne le combat pour plus de justice et d’égalité.

Sa femme Rita gère l’heritage d’une main de fer. Son fils David (plus connu sous le nom Ziggy) a repris le flambeau non sans difficultés tant l’héritage est lourd à porter. Ses autres enfants, Damian, Julian et Ky-Mani suivent des carrières dans la musique.

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Sa popularité, trente ans après son décès, est presque aussi forte que de son vivant. Je n’ai toujours pas de réponse nette et précise à la question de son biographe qui me demandait il y a quelques années : Comment t’expliques ça ? Mystique, comme Bob !

Aujourd’hui, il aurait 71 ans.

Discographie selective

Bob Marley Catch A fire  Catch A Fire (1973, Island)***. Un début très impressionnant où chaque membre du groupe tient un rôle majeur. Une vraie unité de groupe dans la vision de la musique et dans le son. Des chansons et des musiques minimalistes pour mettre en avant le message politique des textes. Un album essentiel.

Bob Marley Burnin' Burnin’ (1973, Island)***. Deuxième album pour « Island », six mois après « Catch A Fire ». De nombreux titres datent des années précédentes mais ont été ré-arrangés. « Get Up, Stand Up » est un hit et incarne à lui seul la couleur de cet album. « I Shot The Sheriff » sera le plus gros succès commercial de l’album et sera N°1 des ventes grâce à la reprise de Clapton. Le thème centrale est la violence, le désespoir et la pauvreté.

Bob Marley Natty Dread Natty Dread (1974, Island)***. Premier album sans Peter Tosh et Bunny Livingston. Premier album sous l’etiquette « Bob Marley & The Wailers ». Considéré par beaucoup comme son meilleur album. Des messages sociaux, politiques et religieux.

Bob Marley Live Live (1975, Island)***. Enregistré lors de la dernière date du « Natty Dread Tour » en Angleterre, ce « live » dégage une énergie rare. Un grand concert dans la carrière de Marley et dans l’histoire de la musique en générale. La guitare blues de Al Anderson est une vraie valeur ajoutée. Le concert souligne l’indéniable talent des Wailers pour la scène. Le clavier de Tyrone Downie et les choeurs chauds des « I-Trees » sont très importants dans l’ensemble.

Bob Marley Rastaman Vibration Rastaman Vibration (1976, Island)***. Retour en Jamaïque pour enregistrer cet album dans les studios de Harry Johnson et Joe Gibbs. Pas de hit majeur sur cet album qui atteindra quand même le top 10. Mais « Rat Race », « Crazy Baldhead » et « Want More » sont des chansons très fortes.

Bob Marley Exodus Exodus (1977, Island)***. Enregistré à Londres pendant son « exode », cet album montre un Marley moins agressif davantage tourné vers la réflexion. Il y a quand même des textes politiques forts mais l’homme semble un peu mélancolique. L’album contient des titres inoubliables tels « Waiting In Vain », « Jamming », « Exodus », « Natural Mystic » ou « One Love / People Get Ready ».

Bob Marley Kaya Kaya (1978, Island)**. « Kaya » signifie « marijuana » dans la culture rasta. L’album est orienté vers l’amour et l’unité. « Easy Skanking » et « Is This Love » sont parmi ses chansons les plus optimistes. La religion suinte sur chaque titre. Il s’éloigne un peu de la politique et du social. Ce sera pour mieux y revenir sur les deux albums suivants.

Bob Marley Babylon by bus Babylon By Bus (1978, Island)***. Deuxième album « live » au son plus agressif que le premier. L’énergie est toujours aussi unique. Des éléments très psychédéliques à rapprocher du travail des « Parliament / Funkadelic ». Les terribles lignes de bass d’Aston Barrett et la guitare d’Anderson -qui rappelle celle d’Eddie Hazell- en sont la preuve. Indispensable.

Bob Marley Survival Survival (1979, Island)**. Son album le plus politique qui s’adresse non seulement au peuple africain mais à l’humanité toute entière. L’oeuvre est un appel à la résistance face à l’oppression sous toutes ses formes. Abolir la tyrannie, à commencer en Afrique du sud est un message clair de l’album. La production est incroyable et d’une modernité hallucinante. Plus que tout autre album, « Survival » fait de Marley un symbole, une icône du combat pour la liberté, le haut-parleur des peuples opprimés.

Bob Marley Uprising Uprising (1980, Island)***. Dernier enregistrement de son vivant.  L’album du « Redemption Song » et de nombreuses innovations de son.

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