C.T.I. : La rencontre du jazz et du funk.

creed

Né à Lynchburg, Virginie, en 1929, Creed Taylor débute sa carrière comme producteur pour le label « Verve ». Pour cette maison de disques, il assure, en 1967, l’enregistrement de « The Girl From Ipanema » pour Astrud Gilberto. Mais il trouve les productions de l’époque un peu trop fades et trop timides au niveau artistique.

Pour ces raisons, il fonde, en 1969, son propre label baptisé C.T.I. dans le New Jersey. A l’instar du label « Motown » qui révolutionna la soul music, Creed et son entreprise apportent un souffle neuf et totalement innovant dans le monde du jazz. Les débuts du mouvement ‘Jazz-fusion’ des années 70 ont lieu chez « C.T.I. ».

L’homme est un redoutable directeur artistique qui a un vrai flaire pour découvrir de nouveaux talents. Il sait également s’entourer: Le choix de Rudy Van Gelder comme ingénieur du son explique pour beaucoup le son inimitable propre au label. La création artistique est homogène et le label dispose d’une véritable identité graphique. Les pochettes « chatoyantes » sont également la marque de fabrique de « C.T.I. ».

Assurant la plupart des productions, il s’occupe des plus grands artistes jazz de l’époque. George Benson, Esther Phillips, Grover Washington, Bob James, Deodato, Hubert Laws, Idris Muhammad, Hank Crawford, Stanley Turrentine, Fuse One…Tous passeront, tôt ou tard, dans les studios C.T.I.

bensonfuse

Nous vous proposons un voyage au pays de Creed Taylor.

Les Classiques

Austin Patti « Havana Candy »

Havana_Candy

Originaire de Los Angeles, son père était un musicien de Jazz et un ami de Quincy JonesC’est à New-York qu’elle commence comme choriste et chanteuse pour des spots publicitaires. Puis elle signe avec C.T.I. où elle enregistre « End Of A Rainbow », « Say You Love Me », « Body Language » et cet album.

Puis elle travaille avec Quincy sur l’album « The Dude » (1981) et chante sur « Betcha Wouldn’t Hurt Me », « Somethin Special », « Razzamatazz »…Le producteur la signe alors sur son propre label « Qwest ». Sa première œuvre, « Every Home Should Have One » n’a pas un grand succès. Par contre, en 1983, elle enregistre « Baby Come To Me » avec James Ingram: succès international !

Puis il y aura Patti Austin (1984), avec les tubes « Hot! In The Flames Of Love » et « Starstruck » et « Gettin’Away With Murder » (1985) produit par Jimmy Jam & Terry Lewis. En 1990, elle part pour G.R.P. et sort « Love Is Gonna Getcha », album produit en partie par John « Jellybean » Benitez, avec les hits « Throught The Test Of Time » et « Good In Love ».

En parallèle à cette carrière solo, elle a chanté avec Michael Jackson (« It’s The Falling In Love »: Off The Wall-1979), George Benson ( « Moody’s Mood For Love »: 1980 ) et avec Ralph Mc Donald, Angela Bofill et Roberta Flack.

Sur cet opus, Patti exploite sa voix de façon incroyable avec les arrangements du label, fins et pleins de ‘groove’. Cette période lui a permis de se faire connaître, le début d’une grande carrière.

Turrentine Stanley « Salt Song », « Don’t Mess With Mr T »

turentineTurrentine_5127922

Né à Pittsburgh en 1934, ce saxophoniste devient professionnel au début des années 50. Dans les années 60, il joue avec Shirley Scott et même, une fois, avec Ray Charles.

Dans les années 70, il signe avec le prestigieux label « CTI » et devient l’un des pionniers du jazz-funk. Il enregistre « Sugar » et ces deux albums avant son départ pour « Fantasy » en 1974. Sur ce label, ses albums seront « Pieces Of Dreams » ( 1974 ), « Have You Ever Seen The Rain », « Everybody Come On Out », « In The Pocket », « Use The Stairs » et, en 1978, le fameux « Who Are You » plus orienté disco. Ensuite, il y aura aussi « West Side Highway » et « Betcha ».

En 1980, c’est sur « Elektra » que « Inflation » voit le jour. En 1981, après une longue période marquée par le disco, il revient au jazz-funk avec « Tender Togetherness ». On y trouve Dianne Reeves sur « Only You And Me » et Larry Dunn à la production. 1982 sera l’année de « I’ll Be There », très populaire en Europe, et de l’album « home Again ». En 1989, le saxophoniste et producteur signe avec le prestigieux label jazz « Blue Note » pour « L.A. Place » et travaille avec Bobby Lyle et Jean Carne.

On l’entend aussi sur l’album « At Last » de Lou Rawls et sur la chanson «Good Morning Heartache» de Freddie Jackson, entre autres.

Hubbard Freddie « First Light »

hubbard

Né à Indianapolis en 1938, il s’installe à New-York à l’âge de vingt ans. Là, il travaille avec Sonny Rollins et Quincy Jones avant de devenir membre du Art Blakey’s Jazz Messengers. Ses premiers enregistrements se font sur « Blue Note » dans les 60’s.

Puis il enregistre sur « Atlantic » (« High Blues Pressure »), sur C.T.I au début des 70’s (« First Light », réédité ici, Red Clay et Keep Your Soul Together) avant d’arriver chez C.B.S où il connaîtra d’autres grands succès jazz-funk, notamment en 1974 avec « Energy » et en 1980 avec « Skagly ».

Ensuite, il travaille pour de petits labels comme Liberty (Mistral, 1981), Fantasy (Splash, 1981), Pablo Today(Born To Be Blue, 1982) et Elektra Musician (Ride Like The Wind, 1983).

Sur la scène jazz-funk, il a aussi collaboré avec Charles Earland, Jeff Lorber, Norman Connors et Rodney Franklin.

Szabo Gabor « Macho » ( with Bob James )

szabo

Ce guitariste de jazz-fusion s’est imposé au milieu des années 70 sur le label Mercury avec Nightflight ( 1976, avec le hits «Keep Smilin’» ) produit par Bunny Sigler et Faces ( 1977 ) produit par Wayne Henderson. Mais, cette œuvre moins connue et longtemps restée introuvable est également un point fort de sa carrière.

Barretto Ray « La Cuna ».

barretto

Ce percussionniste naît en 1929 dans une famille portoricaine. Il commence sa carrière comme leader du groupe ‘Riverside’ en 1962. Mais il se fait connaître grâce aux nombreuses sessions de studios réalisées avec Gene Ammons, Cannonball Adderley, Kenny Burrell, Lou Donaldson, Dizzy Gillespie, Wes Montgomery et d’autres dans les années 60.

Il s’affirme encore en signant sur le label « Fania« , en 1967. Il devient l’un des leaders du ‘Latin-Jazz’ avant d’être nommé directeur artistique pour le label « Fania ».

Les années 70 sont l’occasion pour lui de mélanger le rock et le funk à sa musique. A cette époque, Il enregistre pour « Atlantic » avec un succès limité. En 1981, il travaille sur « La Cuna », son album le plus célèbre avec « Acid », pour C.T.I avec Joe Farrell et Charlie Palmieri. Ensuite, il devient directeur artistique pour la chaîne « Bravissimo » et il participe à l’enregistrement du titre « Sun City » contre l’apartheid en 1985, avec Afrika Bambaataa, Kurtis Blow et toutes les stars noires américaines de l’époque.

En 1992, il fait forte impression sur le label « Concord Picante » avec son nouveau sextet de jazz.

Ray Barretto reste à ce jour l’un des maîtres de la conga. Cet album est l’un de ses plus grands….Un chef d’œuvre.

Phillips Esther  « Black Eyed Blues »

esther

Née au Texas en 1935, cette chanteuse est découverte par Johnny Otis en 1949. Elle débute par des enregistrements en 1950. Elle sera N°1 du top R&B aux U.S.A. la même année. En 1954, elle se retire de la scène musicale après six années passées sous la direction de Johnny Otis.

Elle revient en 1960 avec le titre « Release Me » avant de signer sur « Atlantic » en 1963. Elle reste avec ce label jusqu’en 1970. Elle marque les ‘charts’ en 1964 avec le titre « And I Love Him » et en 1966 avec « When A Woman Loves A Man », réponse au standard « When A Man Loves A Woman » de Percy Sledge. De 1971 à 1984, elle sort neuf albums.

Elle décède en 1984.

Cette œuvre est parmi ses plus rares, parfois même méconnue de ses afficionados. A découvrir….

Gilberto Astrud « With Stanley Turrentine »

gilberto

Née à Bahia, elle s’installe rapidement à Rio De Janeiro. En 1963, accompagnée de João Gilberto, son mari, elle se rend à New York et travaille avec Stan Getz. Lorsque Creed Taylor recherche une chanteuse brésilienne, elle obtient le poste. En 1964, elle devient célèbre grâce au titre « The Girl From Ipanema » enregistré avec Stan Getz et son mari. En 1965, elle sort son premier album solo. Ensuite, elle travaille avec Gil Evans et Walter Wanderley.

Elle a enregistré de nombreux albums et sa carrière est toujours aussi populaire, quarante ans après ses débuts.

Encore une œuvre rare de ce label magique à découvrir.

Et aussi:

Ron Carter « Blues Farm » ( 5127862 ) Achetez

Paul Desmond « Skylark » ( 5129322 ) Achetez

Paul Desmond « Pure Desmond » ( 5127882 ) Achetez

Nina Simone « Nina Baltimore » ( 5127912 ) Achetez

Jeremy Steig « Firefly » ( 5127992 )

Hubert Laws « In The Beginning » ( 5129342 ) Achetez

Milt Jackson « Sunflower » ( 5129332 ) Achetez

 

Christophe Augros.

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.