Ibrahim Maalouf est un pionnier dans le monde du jazz contemporain. Sa fusion entre pop, soul, jazz, electronique et chanson française alliée à ses racines libanaises est unique.
Il est aujourd’hui reconnu comme le trompettiste le plus doué de sa génération, à juste titre si l’on met le bugle à part (dans le cas contraire, Alex Tassel serait un concurrent très sérieux pour ce titre).
Né à Beyrouth en 1980 d’une mère pianiste et d’un père trompettiste (Nassim), il arrive vite à Paris fuyant la terrible guerre civile du pays. Très inspiré par ses parents, il étudie la trompette et la musique classique arabe, très large programme ! A l’adolescence, il connait bien la musique classique et joue déjà du Vivaldi, du Purcell ou encore du Albinoni. Son interprétation du second concerto de Bach, considéré comme l’un des plus difficiles du répertoire classique à la trompette, fait date. Il est alors encouragé par un autre géant de cet instrument, Maurice Andre.
Ça, c’est pour la partie bio de base. Le plus intéressant avec Ibrahim Maalouf arrive après. Tout en jouant sur les albums de Matthieu Chedid, Arthur H ou vincent Delerm, il devient professeur de trompette au CNR d’Aubervilliers-La Courneuve, véritable vivier d’artistes en France. Nous sommes en 2006. Il est régulièrement invité à des masterclass aux Etats-Unis.
Le plus remarquable avec Ibrahim Maalouf, c’est maintenant. Très influencé par des géants de la musique arabe comme Fairuz ou Oum Kalsoum, par des compositeurs classiques tels Mahler ou Mozart et par des géants du jazz comme Miles ou Dizzie Gillespie, il va se servir de cette richesse culturelle, de ses influences multiples pour créer son label et enregistrer un premier album solo, magistral. « Diasporas » sort sur « Mi’ster » en 2007 suivi de « Diachronism » (2009) et de « Diagnostic » (2011). A cette période, un documentaire lui est consacré. « Souffle » de Christophe Trahand met en lumière ses relations avec son pays d’origine. On le retrouve également sur l’album « If On Winter’s Night » de Sting (rien que ça) tandis qu’il fonde un groupe de jazz oriental à la durée de vie éclaire.
C’est là qu’il est impressionnant. En huit ans, il a déjà de multiples expériences et dix albums à son actif. Mais surtout, il multiplie les aventures et va au delà de ses capacités. Miles disait souvent des artistes rock, de sa voix rauque et profonde : « Well, they never cross the line ». Maalouf est tout l’inverse, il n’arrête pas de casser les barrières et d’aller au delà de ce qu’il sait faire. Ici une musique de film, là un projet duo avec le rapper Oxmo Puccino…C’est comme ça qu’on impose le respect. C’est déjà fait. « Red & Black Light » en est une preuve supplémentaire.
Discographie Sélective
Diasporas (2007, Discograph)**
Diachronism (2009, Discograph)***
Wind (2012, Mi’ster / Harmonia Mundi)**
Illusions (2013, Mi’ster / Harmonia Mundi)***
B.O.F. Yves St Laurent (2014, Idol)**
Au Pays d’Alice (2014, Mi’ster)***
Red & Black Light (2015, Mi’ster)***
10 Ans de live (2016, Mi’ster)***
Textes : Augros Christophe. Correction : Amélie G.