Pianiste et chanteuse, Norah Jones a un style unique, mélange de jazz, de pop avec une touche blues et une autre folk.
Fille de Ravi Shankar, géant de la musique indienne et du jazz, elle grandit avec sa mère au Texas. Même si elle a toujours apprécié les musiques de Billie Holiday ou de Bill Evans, elle n’a pas vraiment évolué en écoutant du jazz. C’est son entrée à l’école « Booker T. Washington » qui marque son entrée dans l’univers de cette musique. La deuxième moitié des années 1990 est celle de son évolution, rapide. En 1996, elle remporte une récompense pour « meilleur chanteuse jazz » et « meilleur composition originale ». 1997 : Un prix pour « meilleure chanteuse jazz » de l’année. Mais tout cela est très locale et se limite aux frontières du Texas.
En 1999, elle accepte enfin l’invitation d’un ami et va passer l’été à « Greenwich Village », New-York. Elle ne reviendra jamais chez elle. L’ambiance feutrée des clubs de jazz lui plaît énormément et c’est une belle source d’inspiration pour écrire ses premières chansons. Elle se produit régulièrement avec le collectif trip-hop « Wax Poetic ». Elle forme un groupe autour d’un noyau constitué du guitariste Jesse Harris, du bassiste Lee Alexander et du batteur Dan Rieser. En octobre 2000, ce petit monde enregistre une demo pour le label « Blue Note« . Un an plus tard, elle signe avec le label.
Après un enregistrement et un concert avec Charlie Hunter, elle se concentre sur l’enregistrement de son album…
« Come Away With Me », enregistré avec Craig Street et le légendaire Arif Mardin (Aretha Franklin, Dusty Springfield, Bee Gees…) voit le jour au début de l’année 2002. C’est un album événement imprévu. Sa beauté, sa voix douce et originale, son origine familiale, sa musique acoustique dépouillée correspondent parfaitement aux attentes du public. « Come Away With Me » n’est pas vraiment un album jazz et il marque une nouvelle direction artistique pour le label « Blue Note« . Des stars comme Bill Frisell (guitare) et le batteur Brian Blade donnent une esthétique jazz à l’oeuvre, un son jazzy mais la sensibilité est pop. Il va s’en vendre 18 millions d’exemplaires. Non, pas d’erreur ! 18 millions ! Et Norah Jones remporte huit « grammy awards ». Toujours pas d’erreur, j’ai bien dit huit !
Un tel succès à le mérite de libérer un artiste. Plus de pression de chiffre de vente. En 2004, « Feels Like Home » est un copié-collé de « Come Away With Me ». Arif Mardin est toujours au contrôle et la méthode est la même. Un an plus tard, elle se fait plaisir en chantant avec les « Little Willies » des reprises de grandes chansons, classiques de la culture américaine. Au programme, du Hank Williams, du Willie Nelson et du Kris Kristofferson. Une petite parenthèse bien sympathique.
Fin 2006 marque son retour en solo avec le titre « Thinking About You ». L’album « Not Too Late » est commercialisé début 2007. « The Fall » suivra en 2009.
L’album qui suscite à nouveau beaucoup d’intérêt sort en 2010. « Featuring Norah Jones » est intéressant à plus d’un titre. D’abord, elle sort du jazz et de son style habituel. Ensuite, elle se fait plaisir en touchant à des musiques qu’elle apprécie depuis toujours mais qu’elle n’a jamais joué comme le rap par exemple. Enfin, les collaborations sont absolument incroyables. Elle chante avec Q-Tip, Talib Kweli, Ray Charles et Herbie Hancock, entre autres. Le haut du panier dans chaque genre musical abordé. Chaque association est une vraie valeur ajoutée. Un grand disque dans sa carrière et un bel effet de surprise.
2012, encore là où personne ne l’attend. Brian Burton de Danger Mouse (déjà présent sur « Featuring Norah Jones ») produit et co-écrit de nombreuses chansons pour « Little Broken Heart », cinquième album de Norah. Une musique plus atmosphérique, plus mélodique avec une production dépouillée qui met en valeur l’acoustique et sa voix. De très belles chansons sur cet opus.
Ensuite, Norah Jones s’offre une nouvelle parenthèse avec Billie Joe Armstrong des « Green Day » pour une relecture des Everly Brothers. Puis elle enregistre en neuf jours avec le bassiste Tim Luntzel et le bassiste Dan Rieser un album intitulé « Foreverly ». Nous sommes en 2013 et son succès est constant depuis déjà une dizaine d’années. La multiplicité des projets et des collaborations éloigne la lassitude.
2016 marque le grand retour au genre jazzy-pop de « Come Away With Me ». « Day Breaks » est son sixième album solo en quatorze ans.
Day Breaks (2016, Blue Note)*** Acheter
Un retour au style « Come Away With Me » oui, mais avec classe, brio et sans « copié-collé ». Après une promenade de dix ans à travers les genres et les collaborations, Norah Jones a beaucoup appris et ça se sent. Une reprise de Neil Young ici (« Don’t Be Denied »), une chanson originale dense et rythmée là (« Day Breaks ») et un hommage à deux géants du jazz : Horace Silver (« Peace ») et Duke Ellington (« African Flower »). Démarche qui permet au public de découvrir le fond de catalogue « Blue Note » (au passage). Deux géants invités pour jouer : Wayne Shorter, saxophoniste le plus sensuel du jazz et Lonnie Smith (orgue).
Un album avec de la profondeur, de l’élégance, conventionnel aussi. Un album pensé pour le grand public et probablement pour renouer avec des niveaux de vente haut perchés.
Discographie
Come Away With Me (2002, Blue Note)*** Acheter
Feels Like Home (2004, Blue Note)** Acheter
Not Too Late (2007, Blue Note)** Acheter
The Fall (2009, Blue Note)** Acheter
Featuring Norah Jones (2010, Blue Note)*** Acheter
Little Broken Heart (2012, Blue Note)*** Acheter
Billie Joe + Norah Foreverly (2013, Reprise)*** Acheter
Artistes du même genre ou de la même époque : Diana Krall, Melody Gardot, Katie Melua, Jane Monheit, Cassandra Wilson…