BLUE NOTE : L’histoire

logobluenote Créé en 1939, « Blue Note » est l’un des plus anciens et des plus prestigieux labels de jazz.

Des artistes de premier plan, une ligne artistique au flair incontestable, des pochettes à l’esthétique exigeante et mainte fois imitées grâce aux sublimes photographies de Francis Wollf et au design de Reid Miles, la magnifique qualité sonore des enregistrements réalisés par Rudy Van Gelder… tels sont les piliers qui ont fait de « Blue Note » un label mythique.

alfred_lion_ok Alfred Lion (gauche) et Francis Wolff

A la fin des années 1930, dans une période de depression ou le fascisme est de plus en plus important en Europe, Alfred Lion, juif-allemand, part pour les Etats-Unis. Il s’installe à New-York et crée « Blue Note », label de jazz. Il signe des artistes, noirs pour la plupart, dont l’avenir dans la musique est plutôt mince. Alfred Lion joue sans filet. Aucun « business plan », aucun « plan B », il a mis sur la table tout ce qu’il possède sans trop savoir où il va. Une vraie « success story », le rêve américain dans toute sa splendeur.

new corner La grande période du label s’étend du milieu des années 1950 à la fin des années 1960. Mais le label a réussi à durer signant des artistes majeurs les décennies suivantes et jusqu’à aujourd’hui. En vrac, Erik Truffaz, St Germain, Norah Jones, Fatima…Tous chez « Blue Note ».

tourist La réussite « Blue Note » va bien au delà du succès commercial. Le label a pris les bons virages au bon moment. De nombreux bons enregistrements funk des années 1970 sont chez « Blue Note », Donald Byrd en tête. De nombreux bons enregistrements jazz-electronique sont chez « Blue Note », « Tourist » de St Germain en tête. Au début des années 2000, après deux décennies de productions basées sur le travail de studios et des techniques survitaminées, « Blue Note » sent bien les attentes du public. Résultat : Signature de Norah Jones et 16 millions d’albums à la clef.

monk En 1967, à cause de gros problèmes de santé, Alfred Lion cède son label pour un gros chèque. Il le fait à une époque où le jazz n’est plus le genre dominant aux Etat-Unis. Il a déjà produit quelques artistes qui seront des referénces les décennies suivantes : Art Blakey, Thelonious Monk (ses plus beaux albums sont chez Blue Note), Bud Powell, Herbie Hancock, Horace Silver, Jackie McLean, Eric Dolphy…Des artistes dont les albums se vendent encore au 21eme siècle…Des poids lourds à la grande époque du jazz et même ensuite lorsque le rock deviendra LA musique populaire première et que le jazz se teintera fortement de funk grâce à des Donald Byrd, Herbie Hancock et Miles Davis. Grant Green, Bobbi Humphrey, Lou Donaldson, Jimmy McGriff deviendront les leaders « Blue Note » des années 1970.

« Blue Note » a révolutionné le jazz. Comme le disait Gil Scott-Heron : « The Revolution will not be televised ». C’est vrai mais elle a été mise en image de façon magnifique par Francis Wolff. Cet autre immigrant venu d’Allemagne était un formidable photographe. Il a donné une identité visuelle au label. Et que dire du travail de Reid Miles, le graphiste. Plus de 500 pochettes en quinze ans. Il aura même un certain Andy Warhol comme assistant. Identité visuelle mais également sonore sur le modèle Motown ou Stax. Oui, il y a un son « Blue Note » grâce à Rudy Van Gelder, technicien précis du son qui officiera ensuite chez « C.T.I. »

Un son et beaucoup de diversité, autre clef du succès. « Blue Note » produit du jazz cool, hot, du swing, du hard-bop, du free-jazz, du jazz fusion, du funk, du jazz-electro, du jazz-hip hop…Al Green est sur le même catalogue que Marisa Monte, José James, Roseanne Cash, Amos Lee ou Wayne Shorter…

herbie Enfin, « Blue Note » vit aussi grâce aux innombrables reprises ou samples puisés dans son catalogue. Citons juste le « Sookie Sookie » de Grant Green, « Bring Down The Birds » d’Herbie Hancock ou le « Turtle Walk » de Lou Donaldson. Ce n’est pas les anglais de US3 qui diront le contraire, ni De La Soul ou les Pharcyde

« Blue Note » est une aventure extraordinaire dont le visage contemporain et l’histoire vont probablement bien au delà des espérances qu’en avait Alfred Lion au tout début de l’aventure. Aujourd’hui encore, c’est une mine d’or pour ceux qui en ont la gestion.

QUELQUES INDISPENSABLES

blakey Art Blakey and the jazz messengers « Moanin' » (1958). Bel exemple du style « hard-bop ». Probablement l’un des plus beaux disques de jazz de la fin des années 1950 et de l’histoire de cette musique en fait. Acheter

adderley Cannonball Adderley « Somethin’ Else » (1958). Du groove, du romantisme, de l’improvisation, des idées à profusion et une formation phénoménale. Acheter

the_natural_soul Lou Donaldson « The Natural Soul » (1962). Une plongée dans la soul, le funk et le jazz. Il reste quelques références au « hard-bop » mais Donaldson s’en éloigne incontestablement. Question « groove », la barre est placée très haute. Acheter

dolphy Eric Dolphy « Out To Lunch » (1964). Du jazz avant-gardiste, des rythmiques très complexes et beaucoup de générosité. Puissant. Acheter

grantg Grant Green « Idle Moments » (1965). Probablement son plus grand disque. Assurément le plus grand disque de guitare de l’ère « hard-bop ». Acheter

herbie Herbie Hancock « Maiden Voyage » (1965). Un album magnifique considéré par beaucoup comme celui du sommet pour Hancock, comme  musicien et comme compositeur. En 1965, l’artiste joue depuis deux ans avec Miles…Il a déjà beaucoup appris du maitre. Acheter

shorter Wayne Shorter « Speak No Evil » (1966). Herbie Hancock, Freddie Hubbard, Elvin Jones et Ron Carter. Que dire de plus sinon que le son si sensuel du saxophoniste s’impose avec cet album. Acheter

donald Donald Byrd « Black Byrd » (1973). A sa sortie, cet album sera la plus forte vente depuis les débuts de « Blue Note ». L’album où Byrd se démarque clairement de Miles Davis. L’album qui fait de Larry Mizell un producteur star. L’album qui incarne à lui seul le style Donald Byrd. Acheter

bending Erik Truffaz « Bending New Corners » (1999). Un choc à sa sortie. On découvre un trompettiste fort en inspiration et en technicité mais surtout, on découvre un quartet soudé et puissant. Un jazz plein de groove, inspiré par les Hancock et Miles Davis des années 1970 avec la touche hip-hop des années 1990. Génial ! Acheter

st-germain St Germain « Tourist » (2000). Le jazz se teinte d’électronique en rendant hommage aux grands du genre et du blues. Plusieurs « victoires de la musique » à la clef, meilleure vente jazz aux USA à sa sortie. Acheter

norah1 Norah Jones « Come Away With Me » (2002). Douceur, sensibilité, simplicité et 14 millions d’albums écoulés. Acheter

amos Amos Lee « Amos Lee » (2005). Avec Amos Lee, le label cherchait une version masculine de Norah Jones. On en est loin mais l’artiste enregistre  néanmoins un très honnête premier album. Acheter

glasper Robert Glasper « In My Elements » (2007). Enorme découverte  « Blue Note » en 2005. Glasper ne sonne comme personne. Un album qui redonne un coup de fouet au jazz contemporain. Une base classique avec des éléments hip-hop et R&B ici et là. Acheter

al-green Al Green « Lay It Down » (2008). Troisième album « Blue Note » pour le pasteur. Conçu avec ?uestlove des Roots et le producteur star James Poyser. Acheter

portercover Gregory Porter « Take Me To The Alley » (2016). Dans la lignée du premier opus mais un cran au dessus. Sa voix est devenu une référence. Acheter

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