Roy Ayers jouit d’une carrière exemplaire, longue et riche. Il est le vibraphoniste le plus populaire dans les milieux jazz et funk depuis les années 1960.
D’abord simple musicien de jazz dans les années 60, il devient leader de groupes R&B dans les années 70 et 80 puis devient une figure emblématique du courant acid-jazz. En effet, les artistes de ce courant s’inspireront beaucoup de son travail. La rythmique de son titre « Move to Groove » de l’époque « Ubiquity », son groupe, sera une source d’inspiration majeure pour le courant acid-jazz et pour le milieu hip-hop. Sa chanson « Everybody Loves The Sunshine » de 1976 sera constamment samplé ou repris. C’est un classique de la culture funk. Pour toutes ces raisons, Roy Ayers devient vite une icône des cultures urbaines.
Il avait grandi dans un environnement musical avec un père tromboniste et une mère pianiste. C’est Lionel Hampton qui lui offre son premier vibraphone. Il n’a alors que cinq ans. A ses 20 ans, il s’implique beaucoup dans le jazz de la côte Ouest des Etats-Unis. Il joue avec Chico Hamilton et Phineas Newborn pour ne citer qu’eux. Mais c’est avec le flûtiste Herbie Mann qu’il se fait un nom dans le métier.
C’est le même Herbie Man qui supervise la conception de ses trois premiers albums signés sur Atlantic. Ensuite, Ayers quitte le cocon pour former le groupe « Ubiquity ». Avec cette formation, il enregistre quelques albums pour Polydor dont le fameux « Everybody Loves The Sunshine ». A ses côtés, on retrouve Sonny Fortune, Billy Cobham, Omar Hakim (batteur sur l’album « Random Access Memories » des Daft Punk) et Alphonse Mouzon, musicien très influencé par le travail electrique de Miles Davis et Herbie Hancock. Le « Roy Ayers and the ubiquity » va progressivement passer du jazz au funk avec parfois une touche disco, période oblige. Les années 70 sont celles du succès commercial pour Roy Ayers.
Les années 80 seront plus compliquées bien que très intéressantes d’un point de vue artistique. Il continue dans la recherche musicale et dans l’innovation, utilisant les nouvelles et nombreuses technologies. Son funk devient très synthétique mais sans perdre le « groove » indispensable à cette musique. Sa collaboration avec le nigérian Fela est remarquée et remarquable. Sur cette décennie, il crée également le label « Uno Melodic Records » produisant quelques artistes. Mais cet aspect ne sera remarqué que bien des années plus tard.
C’est dans les années 1990 qu’il revient sur le devant de la scène grâce au hip-hop. A cette époque, de nombreux projets entre jazz et hip-hop voient le jour. Un des plus ambitieux et des plus réussis est le « Jazzmatazz » de Guru et Donald Byrd en 1993. Roy Ayers y participe avec brio. Ensuite, il fait partie du projet « Stolen Moments : Red Hot & Cool ». Un album pour soulever des fonds afin de lutter contre le sida. Il enregistre avec les Roots. Son nom et sa musique sont à nouveau populaires. Les maisons de disques rééditent alors ses albums des décennies précédentes.
Au total, Roy Ayers, c’est quarante ans de carrière et un beau parcours du jazz au hip-hop en passant par le funk et quelques classiques dont le génial « Everybody Loves The Sunshine ».
Discographie selective
Red Black & Green (1973, Mercury)***
Mystic Voyage (1975, Polygram)***
Everybody Loves The Sunshine (1976, Polydor)***
Music Of Many Colours (1980 )***
You Might Be Surprised (1985, FTG)**
Artistes du même genre ou de la même époque : George Duke, Shuggie Otis, Ramsey Lewis, Hugh Masekela, Grover Washington Jr, The Crusaders.