Grandmaster Flash

Grandmaster Flash Difficile d’imaginer aujourd’hui à quel point l’arrivée de ce DJ, à la fin des années 1970, a été révolutionnaire. En quelques années, Joseph Sadler met en place les techniques qui seront utilisées les décennies suivantes par les DJ du monde entier. Seuls les changements d’outils et de technologies mettront fin à sa domination.

Avec son groupe « The Furious Five », Grandmaster Flash a été le plus innovant des artistes hip-hop entre 1980 et 1985. Déjà, il transcende les genres ne se limitant pas au rap.

Joseph Sadler est originaire de la Barbade. Comme beaucoup d’immigrés de cette époque, c’est dans le Bronx qu’il va grandir avec sa famille. C’est à l’adolescence qu’il commence à jouer avec des vynils dans des fêtes en plein air ou dans des soirées improvisées plus connues sous le terme « Block Party ». A 19 ans, il suit des cours d’electronique dans une école technique la journée et mixe la nuit dans des clubs disco. Avec le temps, il developpe des techniques inédites aux platines comme le « cutting » (enchainer deux titres en restant exactement sur le même tempo), le « backspinning » (jouer avec les vynils pour repeter plusieurs fois un même passage) ou encore le « phasing » (jouer avec la vitesse des bpm). Les années suivantes, des entreprises se serviront de son travail pour créer le « sampler », entre autres. Le vocabulaire des DJ est donc en place et pour longtemps. Pour l’instant, Joseph Sadler est un DJ qui travaille seul.

grand

Sa première collaboration avec un rapper date de 1977. C’était avec un certain Kurtis Blow, autre legende de la culture hip-hop. Puis il travaille avec les « Furious Five ». Cette formation rassemble Melle Mel (Melvin Glover), Cowboy (Keith Wiggins), Kid Creole (Nathaniel Glover), Mr Ness qui deviendra ensuite Scorpio (Eddie Morris) et Rahiem (Guy Williams). Sous ces pseudos improbables et sous des looks vestimentaires encore plus improbables, on découvre des rappers de talents. Il ne faut pas oublier que les raps de cette époque sont enregistrés en une seule prise. Il faut donc une certaine dextérité, un phrasé précis et une voix charismatique pour être un bon rapper. Le groupe devient vite très populaire à New-York pas seulement grâce à la technique de son DJ mais aussi grâce à la personnalité de ses rappers. Le succès reste locale. Il faut attendre la sortie du « Rapper’s Delight » de Sugarhill Gang pour un succès national puis international. Grâce à ce titre, le rap devient un marché fiable pour des investisseurs. Flash enregistre « We Rap More Mellow » puis « Superappin' » sur le label « Enjoy » de Bobby Robinson. Ensuite, direction le label « Sugar Hill » de Sylvia Robinson avec le succès que l’on sait. Leur titre « Freedom » de 1980 entre dans le top 20 et se vend à 50000 exemplaires. Il en sera de même pour « Birthday Party ».

logo sugarhill

Leur carrière prend un tout autre essor avec « The Adventures Of Grandmaster Flash On The Wheels Of Steel » en 1981. Là, Flash met en place son style, sa marque de fabrique et surtout il donne des repères au grand public. En utilisant du Chic, du Blondie et du Queen dans un mix, il permet au public de prendre l’ampleur de son travail et de sa technique de DJ car tout le monde connaît les versions originales.

Mais le choc, la révolution, le titre qui va changer la face du rap et celle de la musique en générale arrive en 1982 avec « The Message ». Pour la première fois, le hip-hop devient un moyen de revendications sociales et politiques. Sur un texte dur, réaliste, transmis par une voix puissante et agressive (celle de Melle Mel), Flash transmet une réalité tranchante à la société blanche de Ronald Reagan. Un succès majeur, un pas énorme dans l’histoire du rap. Le titre qui fait du rap une forme d’expression crédible et fiable pour longtemps. Sa domination durera vingt ans…

Ensuite, Flash enregistre le « white Lines », texte polémique anti-cocaïne, utilisé deux décennies plus tard par Spike Lee dans « 24 heures avant la nuit ». Puis c’est le clash. Les relations entre Flash et Melle Mel tournent courts. Le dernier quitte le groupe pour mettre en place son groupe « Grandmaster Melle Mel & The Furious Five ». Le succès rapide, les énormes retombées financières de leurs ventes auront eu raison de leur union. Sadler continue jusqu’en 1987 avec des albums à l’impact nettement moins fort. Seul le « The Source » de 1987 peut être considéré comme un bon album. On retrouvera les deux hommes sur la reprise du « White Lines » des Duran Duran en 1995.

Puis Grandmaster Flash redevient un DJ pour des soirées et quelques albums de mix. Le hip-hop a déjà radicalement changé depuis ses débuts. La première génération n’est plus. Le « G-funk » de Dr Dre a tout balayé emmenant le rap sur un autre terrain. Désormais, le hip-hop n’est plus une culture aux textes revendicatifs mais une industrie aux bénéfices colossaux dont le but est l' »entertainment ».

Mais jamais les amateurs de rap des débuts n’ont oublié l’arrivée de Grandmaster Flash. Il sera un modèle à atteindre pour des milliers de DJ à travers le monde.

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 Discographie

flash1 The Message (1982, Sugar Hill)***

flash2 They Said It Couldn’t Be Done (1985, Sugar Hill)*

flash3 The Source (1986, Elektra)**

flash4 Essential Mix (2002, Warner)***

flash5 The Bridge (2009, Strut)***

Artistes du même genre ou de la même époque : Davy DMX, Run D.M.C., Kurtis Blow, Afrika Bambaataa, Whodini, Lovebug Starski, Kool DJ Herc, Spoonie Gee.

Les héritiers : Cut Chemist, DJ Shadow, DJ Cut Killer, DJ Dee Nasty, C2C, The X-Ecutioners, Boogie Down Productions, KRS One, DJ Krush, DJ Jazzy Jeff.

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