Paul Laurence, ce nom ne vous dit peut être rien si vous avez moins de trente ans. Si vous en avez plutôt quarante et que vous êtes amateur de funk, vous le connaissez probablement. Revenons sur celui qui a été un producteur très prolifique entre 1985 et 1995, auteur / compositeur / producteur de hits inoubliables et planétaires et qui continue avec de jeunes talents.
Freddie Jackson, Melba Moore, Stephanie Mills, Lillo Thomas, Tanya Blount, Keith Washington, Eric Gable et d’autres ont connus des carrières florissantes grâce à ses talents. Tel Holland / Dozier / Holland, Paul Laurence avait mis en place un son, une signature immédiatement identifiable. Sur le modèle « Motown », les frères Huggins mettent entre ses mains le destin de chanteurs et chanteuses de leur label « Hush / Orpheus« . Plusieurs artistes, un producteur avec un son adaptable.
Gold records of Freddie Jackson.
Né à New-York en 1962, il rencontre Freddie Jackson à l’église ‘White Rock Baptist Church’ où il chante durant les années 70. Ils travaillent ensemble au début des années 80 lorsque Paul produit « Rock Me Tonight », le premier opus de Freddie.
Paul Laurence & Freddie Jackson
Une soul propre, des looks impecables, une production fine basée sur la qualité des voix et des arrangements. Le tout soutenu par une équipe de musiciens hors pairs. Parmi eux, Timmy Allen (bass), Mike « Dino » Campbell (guitare), anciens membres du groupe « Change« . Pour bien comprendre la « révolution » Paul Laurence, il faut se replonger dans le contexte de l’époque. Au début des années 80, de nombreux groupes funk sont bien installés mais ils touchent souvent le public noir, rarement les blancs branchés pop. Citons Cameo, T-connection, Dazz Band, Con Funk Shun ou Zapp, entre autres.
Paul Laurence reprend la méthode Berry Gordy et compose des albums pour la danse et pour l’écoute. Sur chaque opus, vous avez des titres au groove ravageur parfait pour danser en club et des ballades parfaites pour écouter avec sa copine. Prenons l’exemple de Lillo Thomas : D’un côté le fameux « Sexy Girl » à la ligne de bass incroyablement funky, de l’autre des ballades somptueuses comme « Wanna Make Love (all night long) ».
Après la période disco dominée à New-York par Bernard Edwards et Nile Rodgers, Paul Laurence et Kashif ont été une relève funk de grande qualité. Leur musique a marqué une rupture avec ces années folles. Elle a été une transition entre le disco et la « new-jack swing » de Teddy Riley. Grâce aux nouvelles technologies et au système « midi », ils ont conçu une musique plus synthétique et plus moderne.
A la même période, il se joint à Kashif et Morrie Brown pour former l’équipe de compositions/productions : « Mighty M. ». Ils travaillent pour Howard Johnson et Melba Moore ( « Love’s Comin’At Ya », « Love Me Right », « Got To Have Your Love » et « Knack For Me » ).
En dehors de son travail avec cette équipe, il écrit et compose pour Michael Henderson ( Fickle ), Janice Dempsey ( Thirsty ), Lillo Thomas ( « Sexy Girl » ), Stephanie Mills ( « You’re Puttin’ A Rush On Me » ), Meli’sa Morgan ( « Do Me Baby » ) et Smokey Robinson ( « Love Is The Light » ). Certains de ces titres sont encore aujourd’hui programmés dans les clubs et soirées privées car ils ont marqué leur temps et sont indémodables.
En 1985, il signe en solo sur « Capitol » pour « Haven’t You Heard », album qui sera suivi de « Underexposed » en 1989.
Les années 90 seront celles du retrait. Les choses changent, de nouveaux producteurs prennent le leadership et Paul Laurence disparaît du paysage. Depuis quelques années, ce grand monsieur a repris du service en produisant des jeunes comme Ashley Blair et Matthew Edralin et en écrivant de nouveaux titres pour Lillo Thomas.
INTERVIEW
Musiculture : Vous avez produit Ashley Blair, Matthew Edralin et des chansons pour Lillo Thomas. Vous avez d’autres nouveaux projets?
Paul Laurence : Le seul nouveau projet que j’ai sur le feu, c’est mon nouveau « E.P. » qui sera suivi d’un projet « concept » avec d’autres artistes « à la » Quincy Jones quand il mettait en lumière plusieurs artistes sur ses albums.
M. : Il y a un vrai retour des années 80 ces derniers temps (Daft Punk ont travaillé avec Nile Rodgers et Georgio Moroder). Ne pensez-vous pas que le moment serait bien choisi pour revenir avec une nouvelle équipe?
P.L. : Oui, ma vision du travail de Datf Punk correspond au concept que j’ai en tête. J’en suis venu à la conclusion qu’il est préferable de faire ce dont on rêve plutôt que d’essayer de convaincre de nouveaux artistes qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Par exemple, si les Daft Punk avaient sorti leur nouveau projet en tant que producteur et compositeur pour de jeunes artistes, il y aurait eu beaucoup de resistance parce qu’ils ne sont pas habitués à ce rôle. Ils auraient du rassurer ou persuader ces nouveaux artistes de la réussite de leur projet et ils auraient sûrement été frustrés. Les Daft Punk m’ont aidé à prendre une décision qui murissait depuis longtemps : Installer mon propre concept et inviter les artistes à y participer. Ne pas être juste un producteur utilisé pour trouver des solutions mais le moteur d’un nouveau projet à prendre ou à laisser.
M. : Qui sont les artistes ou producteurs que tu apprécies aujourd’hui?
P.L. : Ceux que j’apprécies aujourd’hui sont les Daft Punk, Robin Thicke et Pharrell quand il est producteur.
FOR OUR ENGLISH FRIENDS
Paul Laurence : You probably don’t know this name if you’re under thirty years old. But, if you’re over 40 years old, you probably know him or artists he has worked for. Let’s go back to the career of this prolific author / composer / producer who wrote unforgetable songs between 1985 and 1995.
Freddie Jackson, Melba Moore, Stephanie Mills, Lillo Thomas, Tanya Blount, Keith Washington, Eric Gable and other artists met success thanks to his skills. Such as Holland / Dozier / Holland, Paul Laurence had created a sound, a method. Several artists but only one producer with a famous sound.
He was born in New-York in 1962. He met Freddie Jackson at the « White rock Baptist church » where he used to sing in the 70’s. They worked together in the early 80’s and Paul produced « Rock Me Tonight », the first huge success for Freddie Jackson.
A « clean » soul music with clean look and a fine production based on the quality of voices and melodies. Each album had incredible musicians : Timmy Allen (bass) and Mike « Dino » Campbell (guitar) to name only two. To understand the Paul Laurence « revolution », one had to well understand the early 80’s. At that time many funk bands had success but only in the R&B hits. Very few had success in the pop hits. Cameo, T-connection, Dazz band, Con Funk Shun or zapp were among the most popular.
Paul Laurence followed the exemple of Berry Gordy and produced albums with songs to danse and songs for love. His artists had clean haircut, clean suit and nice voices. White people were not afraid by this kind of artists and were ready to danse on their music. Easier to danse on « Sexy Girl » than on « More Bounce ». A good example is Lillo Thomas. On one album, you had the very funky « Sexy Girl » and the very romantic ballad « Wanna Make Love (all night long) ».
After the disco era dominated in New-York by Bernard Edwards and Nile Rodgers, Paul Laurence and Kashif showed a new direction. Their music was a break and a transition between disco and « new-jack swing ». Thanks to the new technologies and the « midi » system, they created a more synthetic and more modern music, perfect for the clubs.
At the same period, he created the « Mighty M » team with Kashif and Morrie Brown. They worked for Howard Johnson and Melba Moore. He also wrote songs for Michael Henderson, Janice Dempsey, Meli’sa Morgan and Smokey Robinson, one of the « Motown » king. Some of his songs are still played by DJ in clubs and private parties because these songs are classics.
In 1985, he signed with Capitol for solo albums. « Haven’t You heard » was released in 1985 followed by « Underexposed » four years later. His solo albums had not as much success as his songs for others. But, « Underexposed » is a great album.
Paul Laurence still has a lot to give. In the 2000’s, he produced two young artists : Matthew Edralin and Ashley Blair. He has not lost the method to write great songs!
INTERVIEW
Musiculture : You produced Ashley Blair, Matthew Edralin and songs for Lillo : Do you have other new projects?
Paul Laurence : The only new projects I have on deck is my new « EP » followed by a concept project featuring other artists « a la » Quincy Jones when he would feature several acts on his record.
M. : There is a real come back of the 80’s (daft punk worked with Nile Rodgers and Georgio Moroder). Don’t you think you could be back with a new production team? If no, why? if yes, please tell me.
P.L. : Yes, my version of what a « Daft Punk » is doing is the concept project I mentioned. I have found that its best to just do what you dream to do rather then trying to convince new artists who can only see what appears in front of them. For example, If « Daft Punk » wanted to produce their current project as Just producers and writers on a new school act, chances are the act would have put up a lot of resistance because its not what they are used to. They would have had to do lots of reassuring to the artist that it would work or end up backing out because of frustration. « Daft Punk » has helped me finally decide to do what I have been meaning to do for a long time now. Establish my own concepts and invite artists to participate in the concept. Not beholding as just a hired producer where the artist ends up second guessing because they can’t see it.
M. : who are the artists or producers you enjoy today?
P.L. : Artists or producers I enjoy today are obviously, Daft Punk, Robin Thicke, Pharrell as a producer.
Christophe Augros.