SALIF KEITA

 Depuis le milieu des années 80, Salif Keita fait partie des grands de la musique africaine au même titre que Mory Kante, Ali Farka Toure, Geoffrey Oryema ou Youssou N Dour.

Depuis l’essor de la « world music » à Paris, à la fin des années 80, il a toujours été très populaire dans l’hexagone. Son nouvel album est sur le point de voir le jour à un moment où il semble assumer davantage sa différence.

Salif Keita a payé le prix fort pour suivre ses rêves. D’une lignée royale dont les racines ancestrales remontent à Soundjata Keita (fondateur de l’état malien en 1240), il est désavoué par son père lorsqu’il annonce son choix : faire carrière dans la musique.

Il part pour Bamako en 1967 et joue rapidement dans les clubs de la ville avec un de ses frères. En deux ans, sa réputation grandi et il est invité à rejoindre le Rail Band, groupe très populaire de l’époque, sponsorisé par le gouvernement. La formation compte dans ses rangs un guitariste malien majeur : Kante Manfila. La façon de chanter de Keita, très soul, emmène le groupe vers d’autres horizons.

En 1973, Keita et quelques membres du « Rail Band » s’installent à Abidjan, capital de Côte d’Ivoire. Leur nom devient les « Ambassadeurs Internationaux ». Très populaire, cette formation attire le public grâce à une fusion de sons entre Cuba, Zaïre et influences maliennes.

1977 : Salif Keita reçoit l’ordre national du mérite de Guinée des mains du président Ahmed Sekou Toure. Cela l’encourage dans ses choix.

En 1984, il s’installe à Paris, choix décisif pour atteindre un autre niveau. En effet, à cette époque, Paris est la capitale de la « World music ». Les producteurs du genre sont là et les labels ont le genre pour priorité. Il s’installe à Montreuil, ville qui avait déjà accueilli Donald Byrd et Miles Davis avant lui. Il y trouve une communauté de plus de 15000 maliens.

Le succès va être au rendez-vous. En 1987, son premier album « Soro » voit le jour produit par Ibrahim Sylla, producteur et directeur du label qui porte son nom. L’album mélange musique africaine, jazz, funk, pop et des influences R&B. Voilà l’essence même de la world : une base traditionnelle avec des influences mondiales. A la même époque, Mory Kante prépare aussi son arrivée tout comme Geoffrey Oryema ou Cesaria Evora.

Le label « Mango » (branche de « Island ») va placer sa carrière sur un autre niveau tout au long des années 90. Les pochettes seront plus soignées, sobres comme le contenu. Il sort d’excellents albums sur le label avant de signer avec « Blue Note » pour l’album « Papa » en 1999.

En 2002, il sort « Moffou » sur « Decca ». Cet album est considéré comme son plus réussi par la critique. Le succès commercial est au rendez-vous. Aux Etats-Unis, il sera même nominé pour une victoire de la musique. Ensuite, il retourne au Mali, à Bamako pour l’enregistrement de « M’Bemba », sorti en 2006.

Aujourd’hui, l’artiste semble assumer davantage sa différence. Albinos, donc blanc dehors et renié par son père, l’homme a du vivre des heures sombres. Mais la persévérance lui a donné raison et il n’hésite plus à parler de ses différences comme dans sa chanson « différence ». Preuve qu’il a sûrement digéré et assumé beaucoup de choses, le texte de sa chanson : « Je suis blanc, mon sang est noir, et moi j’adore ça, c’est la différence qui est jolie ».

Discographie selective

1987 Soro (Mango) : Fortement recommandé ***

1989 Ko-Yan (Mango)

1991 Amen (Mango) : Fortement recommandé ***

1995 Folon (Mango) : Recommandé **

1999 Papa (Blue Note)

2002 Moffou (Decca / Universal) : Fortement recommandé ***

2010 La Différence (Emarcy / Universal)

2012 Talé (Emarcy / Wrasse)

 

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