Donald BYRD

byrd Donald Byrd est considéré comme l’un des tout meilleurs trompettistes de jazz. D’abord musicien de l’ère « hard-bop » post Clifford Brown, il a ensuite été leader de groupes du milieu des années 1950 jusqu’au milieu des années 1960, le plus souvent sur le label « Blue Note ». A cette époque, il impose un style, une tonalité claire, un jeu fluide, un sens inné de la mélodie.

A la fin des années 60, il est fasciné par le virage que prend Miles Davis vers la fusion et il commence ses propres enregistrements dans le genre. Avec l’aide des frères Mizell (Larry et Fonce), il signe des titres remarquables et innovants entre jazz et funk. Une période brillante et forte en terme commercial. Les arrangements sont précis et la soul très présente. Son travail sur cette période laissera des traces profondes dans les milieux jazz et funk. Donald Byrd est un innovateur et il le sera toute sa vie jusqu’à la fin, jusqu’au projet « jazzmatazz » de Guru au début des années 1990.

Donaldson Toussaint l’Ouverture Byrd II était né en 1932 à Detroit, Michigan, ville centrale pour la musique. Son père était un musicien amateur qui lui transmet cette passion. A la fin de ses études universitaire, il est déjà un excellent trompettiste. Il a notamment joué avec Lionel Hampton. Il sert dans l’armée de l’air où il joue dans des orchestres militaires. En 1955, après avoir obtenu son diplôme en musique, il s’installe à New-York. Il y obtient son « master » à l’université de musique de Manhattan et joue dans le groupe de George Wallington. En décembre de la même année, il est invité à se joindre aux « Jazz Messengers » d’Art Blakey. Il passe ainsi après ses idoles Clifford Brown et Kenny Dorham. Là commence également sa carrière en solo, pour le label « Savoy ». Comme musicien de studios pour les autres, il travaille beaucoup pour le label « Prestige ». En 1956, il quitte les « jazz messengers » et rejoint Max Roach. Il joue avec John Coltrane, Sonny Rollins et Red Garland. Il fonde aussi le « Jazz Lab Quintet » avec Gigi Gryce. Nous sommes en 1957.

herbie close up Herbie Hancock

1958 est l’année du contrat avec le prestigieux label « Blue Note ». Il y laissera quelques grand disque comme l’album « Fancy Free » par exemple. Il forme également un groupe avec le baryton Pepper Adams qui restera son partenaire jusqu’en 1961. Sur « Blue Note », il donne également sa chance à un petit nouveau, un certain Herbie Hancock (1961, « Free Form »)…Ensuite, Byrd prend un petit séjour sabatique pour continuer ses études en Europe. Il passe beaucoup de temps avec Nadia Boulanger, légendaire professeur de musique installée dans le nord de Paris, rue « Axo », rue qui sera chère ensuite à son neveu, un certain Alex Bugnon

redhot 1963, retour aux Etats-Unis pour l’enregistrement de « New Perspective », un classique qui casse les barrières en incorporant des chorales gospel à ses arrangements. Le titre « Cristo Redentor » sera populaire. Byrd aimera casser les frontières toute sa vie. « Red Hot & cool » en sera une des dernières preuves au début des années 1990. Il y signe un titre superbe avec Ronny Jordan et Guru.

Au milieu des années 1960, Donald Byrd se concentre sur l’enseignement. Il dépense beaucoup d’énergie et de temps sur l’histoire du jazz et travaille à faire reconnaître cette culture et cette musique dans l’enseignement institutionnel. Il enseigne à Hampton, Rutgers, Howard et New-York, des universités prestigieuses. Il continue les enregistrements de temps à autre. Il étudie la musique africaine très inspiré par l’émergence des mouvements noirs revendicatifs. C’est aussi à cette période qu’il s’intéresse vraiment au travail de Miles. Lui aussi va expérimenter l’électronique et le funk pour attirer un public plus jeune vers le jazz. Le « Fancy Free » de 1969 en est un exemple superbe. Il y utilise le piano électrique pour la première fois avec un son très aéré qui rappel le « In A Silent Way » de Miles. En 1970, son « Electric Byrd » suit la direction de « Bitches Brew ». Ses concerts du « Ethiopian Knight » de 1971 sont longs, très funk et plus agressifs.

Donald Byrd gagne vraiment en personnalité à partir du moment où il travaille avec les frères Mizell. Ils écrivent et produisent ensemble. Leur première collaboration de 1972 sur le « Black Byrd » fera date. Ce son up-tempo mélange de funk, de R&B et de jazz marque son temps et les décennies suivantes. La génération « acid-jazz » anglaise s’en souviendra vingt ans plus tard. Les puristes de jazz détestent et traitent Byrd de tout les noms. Qu’importe ! Byrd vend des disques. Et les puristes, même encore dans les années 2010, n’ont jamais fait de bien au jazz. L’album est la plus forte vente de l’histoire du label « Blue Note » et se classe très bien dans les ventes R&B (N°2 !). Dans la foulée, il monte le groupe « Blackbyrds » avec la crème de ses étudiants de l’université Howard. Il continue avec le même succès les années suivantes. « Street Lady » (1974), « Stepping Into Tomorrow » (1975), « Places And Spaces » (1976) et « Caricatures » (1977) sont tous dans le top 10 des ventes R&B. On entend même du Donald Byrd en discothèque ! Si si !

byrd & guru Avec Guru.

Mais les temps changent. Byrd se sépare de « Blue Note ». Il arrête également sa collaboration avec les frères Mizell. Il arrive chez « Elektra » et signe quelques bons titres entre 1978 et 1983. Mais le disco fait rage. Il ne retrouvera jamais la réussite des années « Blue Note ». Il passe quelques années loin des studios en raison de sa santé fragile mais il enseigne toujours au Texas et dans l’état de Delaware. Fin des années 1980 et tout début des années 1990, il revient à un jazz « hard-bop » sur le label « Landmark ». Le public l’a un peu oublié et la jeune génération ne le connait pas jusqu’au projet « Jazzmatazz » de Guru. Cette aventure aux frontières du jazz et du hip-hop le remet en selle. De plus, les anglais du courant « acid-jazz », Gilles Petterson en tête, l’utilisent pour leur titres grâce aux samples. Il est à nouveau très populaire. Dans le même temps, il continue d’enseigner, une activité qui lui tient à coeur depuis toujours.

Le grand monsieur nous a quitté en février 2013. Il avait 80 ans.

byrdnewmorning Repetitions « jazzmatazz », New Morning, Paris, 1993. (photo : Christophe Augros)

Discographie selective

donald1 First Flight : Yusef Lateef with Donald Byrd (1955, Delmark)**

byrd2 Byrd’s Eye View (1955, Toshiba / EMI)***

byrd3 Three Trumpets (1958, Original Jazz Classics)***

byrd5 Byrd In Flight (1960, Blue Note)*** Achetez

byrd6 The Cat Walk (1961, Blue Note)*** Achetez

byrdnew A New Perspective (1963, Blue Note)*** Achetez

byrdfancy Fancy Free (1970, Blue Note)*** Achetez

byrdethiopian Ethiopian Knights (1972, Blue Note)***

blackbyrd Black Byrd (1973, Blue Note)*** Achetez

streetlady Street Lady (1974, Blue Note)** Achetez

places Places & Spaces (1975, Blue Note)*** Achetez

jazzmatazz Jazzmatazz Vol.1 (1993, Chrysalis / Virgin)*** Achetez

 Stolen Moments : Red Hot & Cool (1994, Impulse)***

Artistes du même genre ou de la même époque : Thad Jones, Lee Morgan, Freddie Hubbard, Miles Davis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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