Le bassiste Anthony Jackson n’a jamais été populaire auprès du grand-public. Mais pour les amateurs de musiques afro-américaines telles jazz, soul, funk ou hip-hop, il était une institution. Le nombre d’albums sur lesquels il a joué était incalculable. Hommage.
Anthony Jackson était né en juin 1952 à New-York. C’est par le piano qu’il débute la musique. Puis il se dirige vers la guitare. C’est en entendant James Jamerson (légendaire bassiste du label Motown) qu’il se décide pour la bass. Il en sera l’un des maitres les décennies suivantes.
Philadelphie
Anthony Jackson a 18 ans lorsqu’il devient membre du groupe du chanteur Billy Paul. Il commence aussi à travailler pour le duo de producteurs Gamble & Huff, maitres de la soul de Philadelphie qui dominera les années 1970 et mènera au disco. En 1973, Leon Huff, leader de la section rythmique du groupe MFSB est en studio avec Jackson et le groupe O’Jays. Ce dernier a une pédale wah-wah branchée sur sa bass. L’ingénieur du son du studio (Joe Tarsia) décide d’utiliser ce son de bass et d’y ajouter de la reverb au mix. Il en sortira ce fabuleux son de bass présent sur le titre For The Love Of Money des O’jays. La chanson sera N°3 des ventes R&B, N°9 des ventes pop. Le succès de cette chanson s’explique en grande partie par le son de la bass de Jackson et le titre traversera le temps grâce à cette innovation, étant repris par GrandMaster Flash & the furious 5 dix ans plus tard sur son titre Step Off. Il a donné une modernité hallucinante à ce titre et à la soul de Philly.
La suite
Avec ce succès, il est demandé sur scène et en studio par un nombre incalculable d’artistes. Dans le milieu black mais dans la pop à l’audience plus large également. Paul Simon, Madonna, Steely Dan, Donald Fagen mais aussi Luther Vandross, George Benson, Freddie Jackson, Neneh Cherry, Alex Bugnon, Al Jarreau, Chaka Khan, Roberta Flack, Chick Corea et la liste est presque interminable. Anthony Jackson avait cette technique et cette dextérité indispensables en studio pour enregistrer vite. Indispensables sur scène pour assurer de bons solos et des improvisations impressionnantes. Il avait également participé à la B.O. du film culte Beat Street consacré à la culture hip-hop.
Son jeu de bass dynamique, pincé, a été innovant, une source d’inspiration et a instauré un précédent chez de nombreux bassistes à 4 cordes. Il avait été aussi un pionnier de la bass à six cordes. Une légende vient de nous quitter à l’âge de 73 ans. Plus de 500 albums portent sa marque…