Fini les albums qui coûtent la peau des fesses, fini les producteurs en surnombre. Exit Kanye West.
Pour ce nouvel opus, John Legend a choisi un seul et unique producteur qui co-compose la plupart des chansons, jouant également de plusieurs instruments. Il s’agit de Blake Mills, pilier de l’excellente formation Alabama Shakes.
Ensemble, ils livrent une belle synthèse de gospel, R&B, folk et pop d’une puissante intensité à l’image de la version demo de « What You Do To Me ». Un piano, une voix et beaucoup d’émotions. C’est ce que Legend fait de mieux depuis ses débuts en 2003. C’est là qu’il excelle, c’est là qu’il touche au coeur. L’artiste livre un album aux textes plus personnels à commencer par « I Know Better », titre d’ouverture avec des phrases comme « They Say Sing What You Know But I’ve Sung What They Want ». Orgue et piano jouent un rôle essentiel sur ce titre et sur l’ensemble de l’album.
Même dans les up-tempo Legend insiste sur le changement de direction. Son « Penthouse Floor » est un retour au funk assez classique avec la participation de « Chance The Rapper ». Kamasi Washington, saxophoniste remarquable très en vogue dans les milieux jazz et R&B depuis quelques années est ici en pleine lumière, notamment sur « Right By You », dédié à sa soeur. Les cuivres occupent également une place de choix sur ce cinquième album studio en solo.
Un John un peu torturé qui n’en est que plus touchant. L’album précédent, pourtant très bon, était apparemment loin des aspirations profondes de l’artiste. John Legend fait à nouveau du John Legend. Quinze titres intenses, puissants qui vont le réconcilier avec son public de base, qui vont le remettre dans la lumière et l’authenticité après quelques errances dans les ténèbres. Bravo !
John Legend « Darkness And Light » (2016, Columbia / Sony)*** Acheter