Le jazz est souvent désigné comme « la musique classique américaine », à juste titre. Avec le blues, son ancêtre, c’est la première musique « indigène » à se développer sur le territoire. Imprévisible, aventureux avec la part belle à l’improvisation, le jazz a vite obtenu une popularité grand public qui a manqué au blues.
Au tout début, le jazz était une musique de danse interprétée par des orchestres de « swing ». Lentement, le côté danse a été abandonné au profit de l’improvisation qui en est devenu l’élément clef.
Avec le temps et l’évolution indispensable à tout genre musical, le jazz a explosé en de nombreux sous-genres du « be-bop » au « cool », du « free-jazz » à la « soul-jazz », du « jazz-rock » au « contemporary jazz », du « jazz fusion » à l' »electro-jazz »…Soixante dix ans d’histoire. Ce qui les reliait presque tous jusqu’à une période récente, c’était leurs racines dans le blues, une osmose de groupe et l’improvisation.
Le bop ou be-bop était un genre nouveau au début des années 1940 qui explose en 1945. Les formations comprennent souvent sept musiciens et le musicien lead est libre de s’aventurer aussi longtemps que possible dans l’improvisation. La mélodie est la priorité, la base. Le « bop » coupe brutalement le jazz de la danse et en fait une musique plus intellectuelle mais au potentiel de vente très élevé. Le « bop » a rajeunit l’image du jazz et il est devenu la base de travail des générations suivantes. Les grands du genre sont Charlie Parker, le trompettiste Dizzy Gillespie, le pianiste Bud Powell, le batteur Max Roach et le pianiste / compositeur Thelonious Monk.
Quelques classiques :
Miles Davis « Birth Of The Cool » (achetez)
Charlie Parker « Best Of » (achetez)
Thelonious Monk « Genius Of Modern Music » (achetez)
Bud Powell « The Amazing Bud Powell » (achetez)
Dexter Gordon « Dexter Rides Again » (achetez)
Le cool jazz évolue directement à partir du « bop » à la fin des années 1940 et dans les années 1950. C’est un mélange de « be-bop » avec certains éléments de « swing ». Les tonalités sont douces, la priorité est donnée aux arrangements et les sections rythmiques sont moins en ruptures. De nombreux leaders du genre étant installés sur la côte Ouest des USA, le genre sera également baptisé « West coast jazz ». Certains enregistrements étaient très expérimentales mais le genre était très populaire. Parmi les précurseurs du genre, on trouve Lester Young, Miles Davis, Gerry Mulligan et Stan Getz.
Quelques classiques :
Miles Davis « Porgy and Bess » (achetez)
Dave Brubeck Quartet « Take Five » (achetez)
Paul Desmond « Take Ten » (achetez)
Stan Getz « Big Band Bossa Nova » (achetez)
Chet Baker « Sings » (achetez)
Bill Evans « Portrait in Jazz » (achetez)
Le « swing » improvisait dans les mélodies. Le « bop » et le « cool » suivaient la ligne des cordes dans leurs solo. Le free-jazz est une rupture radicale avec le passé. Le musicien lead ne suit aucune progression, aucune structure et peut partir dans n’importe quelle direction, n’importe quand. Lorsque Ornette Coleman innove avec le « free-jazz » à New-York (Cecil Taylor avait été le premier mais avec moins de popularité), beaucoup de musiciens de « bop » se demandent si ce qu’ils entendent peut être qualifié de musique. Pour cette raison, le « free-jazz » sera très controversé et restera « underground ». Ce qui compte ici, c’est l’imagination des musiciens. Le « free-jazz » n’aura jamais de succès commercial. Les grands du genre sont Ornette Coleman, Thurston Moore, Eric Dolphy, Pharoah Sanders et Don Cherry, entre autres.
Quelques classiques :
Eric Dolphy « Iron Man » (achetez)
John Coltrane « A Love Supreme » (achetez)
Ornette Coleman « Something else » (achetez)
Keith Jarrett « Facing You » (achetez).
Le mot fusion a été tant et tant utilisé dans le jazz qu’il en a un perdu son sens. Il apparaît pour la première fois à la fin des années 1960 lorsque le jazz se mélange avec la puissance et les rythmes du rock. C’est le « Bitches Brew » de Miles Davis. Jusqu’en 1967, rock et jazz sont deux genres musicaux bien distincts. Mais, peu à peu, le rock devient plus créatif. Côté jazz, certains sont fatigués du « be-bop » et de la musique d’avant-garde façon « free-jazz ». Les deux mondes se rencontrent et unissent leurs forces. Au début des années 1970, le « jazz fusion » ou « jazz-rock » est un style de jazz bien à part (snobbé par les puristes) et les leaders sont Miles Davis bien sûr, Return To Forever, Weather Report et Mahavishnu Orchestra. C’est l’époque ou Miles met sur pied un projet avec Jimi Hendrix…
Mais, avec le temps, le mélange rock et jazz est moins intéressant. De nouvelles technologies apparaissent sur le marché. Le jazz va alors se mélanger à la pop puis au R&B, surtout dans les années 1980. Le terme fusion restera mais on parlera aussi de « jazz-funk » ou « contemporary jazz » pour la fusion jazz et pop. Ces genres seront générateurs de très fortes ventes.
Les leaders sont Pat Metheny, Chick Corea, Carlos Santana puis Najee, Kenny G, Alex Bugnon, Marcus Miller, Stanley Clarke, Herbie Hancock, Joe Sample, Larry Carlton, Billy Cobham et de nombreux autres. Le nombre d’artistes leaders prouve à quel point le jazz est populaire et vecteur de fortes ventes dans les années 1980. A cette époque, le jazz représente 10% des ventes de cd, énorme. Enfin, la fusion entre jazz et rap sera également une belle réussite d’un point de vu artistique et commercial. A voir ici.
Quelques classiques :
Miles Davis « Bitches Brew » (achetez), Joe Sample « Ashes To Ashes » (achetez)
Mahavishnu Orchestra « The Inner Mounting Flame » (achetez)
Stanley Clarke « Time Exposure » (achetez)
Herbie Hancock « Headhunters » (achetez)
Marcus Miller « Sun Don’t Lie » (achetez)
Latin jazz. Dans l’ère post-swing, le « latin-jazz » a sûrement été le plus populaire des styles de jazz. L’accent était mis sur les rythmes, sur les percussions et les rythmes cubains en particulier. Un jazz très dansant et très accessible pour le grand-public. Essentiellement donc, du jazz orienté « bop » avec des percussions latinos. Les pionniers du genre dans les années 1940 sont les grands ensembles de Dizzy Gillespie et de Machito. Le genre restera très fort jusque dans les années 1990 grâce aux immigrés cubains new-yorkais, Tito Puente et la Fania en tête. Parfois le « latin-jazz » est également appelé « afro-cuban jazz », terme préféré par Mario Bauza et Ray Barretto.
Quelques classiques
Ray Barretto « Acid » (achetez)
Dizzie Gillespie « At Newport » (achetez)
Tito Puente « Dance mania » (achetez)
Kenny Dorham « Afro Cuban » (achetez)
Mongo Santamaria « Santa Maria » (achetez)