Cameo. Pour tout amateur de funk, ce nom est auréolé et rime avec qualité, innovation, longévité, prestige.
Aujourd’hui, le groupe tourne encore de façon très épisodique. Il existe depuis presque quarante ans, une institution. Mais leur nom et leur musique n’ont pas traversé le temps et pour les nouvelles générations, Cameo ne signifie plus rien. Pourtant, c’est une formation majeure entre le milieu des années 70 et le début des années 90. Une formation samplée de nombreuses fois par les rappers, voir 2pac en 1996, entre autres. Une formation qui a également produit d’autres artistes comme Bobby Brown, par exemple. Retour sur la carrière du groupe de Larry Blackmon, au son et à l’identité unique.
Il faudra du temps à Cameo pour connaître le succès outre-atlantique, du temps pour enregistrer des succès commerciaux. Crée en 1974 à New-York, Cameo va passer des années à tourner aux Etats-Unis, de grandes villes en petites bourgades, dans tous les états avant de se sentir bien en studio. Larry Blackmon, bassiste, batteur et chanteur forme Cameo après ses études à la prestigieuse « Juilliard School » de New-York. Au départ le groupe compte pas moins de treize membres et leur nom est « The New York City Players ». Beaucoup d’humour, aucune barrière musicale, une forte présence scénique font de Cameo un groupe comparable à Parliament / Funkadelic.
Leur premier album, « Cardiac Arrest, voit le jour en 1977. Trois titres font forte impression (« Rigor Mortis », « Funk Funk » et « Post Mortem ») et ils attirent vite l’attention de groupes confirmés comme les Ohio Players, par exemple. A cette époque, ils jouent un funk pure, acoustique très fort techniquement. Quelques succès singles mais pas de gros succès album. Il faut attendre la période 1980-1983 pour assister à la réussite de leurs albums. A cette époque, le nom commence à circuler en France chez les initiés. Les albums «Cameosis », « Feel Me », « Knights Of The Soundtable », « Alligator Woman », et « Style » en font le premier groupe de funk des deux côtés de l’Atlantique et pour longtemps. Sur la période, Larry Blackmon, en homme d’affaires avisé crée son label baptisé « Atlanta Artists ». Sur la période, le groupe passe de treize à quatre membres. Désormais, Cameo sera composé de Tomi Jenkins, Nathan Leftenant, Charlie Singleton et Larry Blackmon.
[jwplayer mediaid= »1935″]
C’est avec cette structure que ce groupe désormais très populaire entre dans sa période la plus faste commercialement. En 1985, l’album « Single Life » sert de laboratoire à l’album suivant, point culminant de leur carrière. En effet, « Word up » sera l’un des plus gros succès de l’année 1986. « Word up », « Candy » et « Back And Forth » sont sur toutes les radios et dans toutes les discothèques, aux USA et en Europe. Une tournée internationale s’en suit avec un passage par le Zénith de Paris pour un concert mémorable. Cette réussite, Cameo la doit à un sens aigu de l’innovation et des nouvelles technologies. Le Cameo de 1986 n’a plus rien à voir avec celui de la fin des 70’s. Les boites à rythmes et le hip-hop sont allègrement utilisés mais sans jamais oublier la batterie acoustique ni les sons de bass si chers aux coeurs des fans de la première heure. Le point commun entre les deux périodes : La voix si charismatique de Larry Blackmon et de somptueuses ballades.
[jwplayer mediaid= »1937″]
Parfois un succès très rapide est suivi d’une chute très rapide. C’est exactement ce qui arrive à Cameo. Malgré ce succès mondial, les albums suivants auront peu de succès. Les textes de Cameo sont de plus en plus politisés et engagés et leur musique va peut être un peu trop loin dans l’experimentation. « Real Men Wear Black » et « Machismo » passent inaperçu auprès du grand public. Pourtant le titre « In The Night » enregistré avec Maceo Parker et Miles Davis est une perle. Mais Maceo lui-même me dira en interview : « Ah bon ! Vous avez aimé ça ! ? J’avais oublié cet enregistrement ! ». La preuve que Cameo retourne dans l’obscurité suivi uniquement par les amateurs de funk pur et dur. Et puis l’arrivée de Teddy Riley et du style « new-jack swing » n’arrange rien. Le groupe ne reviendra jamais sur le devant de la scène. Les albums « Emotional Violence » et « In The Face Of Funk » de 1991 et 1994 seront les derniers à presenter un peu d’interêt. Larry Blackmon devient vice-president de Warner et directeur artistique. Leur dernier enregistrement notable date de 2003. Cette année là, ils enregistrent le titre « Love Junkee » avec J Dilla sur l’album de notre français DJ Cam, une réussite.
Comme producteurs, on leur doit les albums de Bobbi Brown, Barbara Mitchell et Cashflow, entre autres. Ce dernier étant sûrement le plus réussi. Aujourd’hui, il reste de Cameo de superbes lignes de bass, des riffs de guitares assassins, une qualité vocale excellente et la personnalité charismatique de Larry Blackmon. Word up !
Discographie
Cardiac Arrest (1977, Mercury)* Acheter
We All Know Who We Are (1978, Mercury)* Acheter
Ugly Ego (1978, Universal)* Acheter
Secret Omen (1979, Rebound records)
Cameosis (1980, Mercury)*** Acheter
Knights Of The Soundtable (1981, Mercury)***
Alligator Woman (1982)** Acheter
She’s Strange (1984, Casablanca)** Acheter
Single Life (1985, Casablanca)*** Acheter
Word Up (1986, Casablanca)*** Acheter
Machismo (1988, Atlanta Artists)***
Real Men Wear Black (1990, Casablanca)* Acheter
Emotional Violence (1991, Warner)** Acheter
In The Face Of Funk (1994, Way Too Funky)***
DJ Cam featuring JDilla & Cameo (2003, inflammable records)*** Acheter
Dans les productions, faut pas oublier (notamment) Mantra et L.A. Connection !
Tout à fait! Je ne voulais pas m’attarder sur leur côté producteur mais il est vrai que ces deux là sont de premiers choix.