Le bassiste Marcus Miller sort « Afrodeezia », nouvel album, le 16 mars 2015. Retour sur la carrière d’un musicien hors norme.
Depuis trente cinq ans, ce nom rime avec excellence, technique, qualité. Ce bassiste exceptionnel a marqué plusieurs générations de musiciens et d’amateurs de funk et de jazz.
On le découvre au début des années 80 dans un rôle de musicien de studio aux côtés d’artistes confirmés. Le son métallique de sa bass, son jeu « slap » impressionnent alors les amateurs de funk. Car c’est bien par ce genre qu’il se fait connaître avant de prendre une direction beaucoup plus jazz. Au début des 80’s, son jeu de bass sur les albums de John « Jellybean » Benitez (« The Mexican »), Luther Vandross (« It’s Over Now »), les Temptations ou Chaka Khan crée un vrai buzz et le public parle de lui. Avoir la bass de Marcus Miller dans un titre est une vraie valeur ajoutée.
A la même époque, il entame un partenariat avec Luther Vandross pour la carrière de celui-ci et pour d’autres. Il devient compositeur et producteur dans les genres funk et jazz pour Vandross, David Sanborn, Earl Klugh, Bob James, Najee et d’autres.
Sa carrière solo débute en 1983 avec l’album funk « Suddenly ». Il s’y essaie en chanteur et assure de terribles lignes de bass ‘slap’ pour le plus grand plaisir de ses fans. Les titres up-tempo comme « Much Too Much », « Lovin’ You » ou « Suddenly » font forte impression. Du funk pur qui colle parfaitement à son époque. Il confirme un an plus tard avec un album éponyme davantage orienté jazz même si le funk prédomine encore. « My Best Friend’s Girlfriend », « Unforgettable » et « Juice » remportent un franc succès d’estime auprès des « afficionados » du genre. Le tour de force est d’avoir imposé un son de bass immédiatement identifiable.
L’évènement qui va changer sa vie d’artiste et lui imposer une direction jazz arrive en 1986. Cette année là, le géant Miles Davis le choisit pour son grand retour. L’album « Tutu » est en grande partie conçu et produit par Miller. Le résultat est mémorable. Miller permet à Davis de toucher un autre public et de revenir en pleine forme avec un son neuf. Un an plus tard, grâce à ce succès, Warner lui confie la B.O. du film « Siesta », copié-collé de « Tutu ». Marcus Miller accède alors à un autre statut. La même année, avec son ami batteur Lenny White, il met en place le trio « Jamaïca Boys ». Ici, point de jazz mais un funk puissant et moderne avec une section rythmique de rêve. Premier essai confirmé en 1989 avec un deuxième opus supérieur en qualité. Mark Stevens, frère de Chaka Khan, assure le chant tandis que Miller et Lenny White multiplient démonstration technique pour un résultat très R&B contemporain pour l’époque avec quelques ingrédients hip-hop. A noter également la belle reprise du « You’ve Got A Friend » de Carole King. Superbe !
Le bassiste n’a plus grand chose à prouver à l’orée des années 90. Il prend un peu de recul pour la conception de l’album considéré par beaucoup comme son chef d’oeuvre : « The Sun Don’t Lie ». L’album voit le jour en 1993 et c’est un album jazz. On y entend le dernier enregistrement studio de Miles Davis et une reprise de « Teen Town » de Jaco Pastorius, autre légende de la bass. Poogie Bell, ami d’enfance, devient son batteur attitré en studio et sur scène. L’album est une réussite, un indispensable de Marcus Miller.
A partir de la décennie 90, Marcus Miller met fin aux multiples collaborations et à son rôle de bassiste / compositeur pour d’autres à quelques exceptions prêts (Najee, Joe Sample, Kenwood Dennard). Il se concentre davantage sur sa carrière solo. Toujours la même méthode : Alterner le jazz et le R&B pour ne pas se laisser enfermer dans un seul genre. L’album « Tales » de 1994 en est la preuve. Après le chef d’oeuvre jazz « The Sun Don’t Lie », retour au R&B et au groove funk avec du sample utilisé intelligemment. Le tout avec ce terrible son de bass électrique, sa marque de fabrique et la raison de son succès et de sa longévité.
Pour les années 2000, il en sera de même : Priorité à la carrière solo et aux concerts. Seule exception à la règle, le projet SMV de 2008. Et quel projet! Stanley Clarke, Victor Wooten et Marcus Miller sur un même album. Les fans de bass en rêvaient depuis des années. Trois prodiges du funk et du jazz sur une même oeuvre, ça marque les esprits. Mais le résultat ne sera pas forcément au niveau de l’attente…
[jwplayer mediaid= »1206″]
Quatre albums studio sur la décennie dont le très réussi « M2 » de 2001. Herbie Hancock, Brandford Marsalis, Raphael Saadiq et son ami Lenny White sont de la partie. Tout est dit : L’album sera entre jazz et R&B. Miller utilise même un peu du courant « drum & Bass » pour la rythmique du somptueux « Your Amazing Grace ».
Les années 2010 se passent sans surprise. Marcus Miller tourne et s’efforce de lancer de nouveaux musiciens. Désormais, il est une institution, un géant de la musique. N’ayant plus rien à prouver, il s’agit maintenant de former la nouvelle génération.