Roland BRIVAL : Interview

roland_brival_une Roland Brival est un artiste, complet, polyvalent, atypique. Bien sûr, on le connait pour sa musique, de son classique « Creole Gypsy » jusqu’à sa période « Such » avec le superbe « Kayam ». Mais Roland Brival, c’est aussi 15 romans et des talents remarquables pour la peinture.

Une vraie passion pour l’écriture, les mots, qu’il ciselle comme un orfevre aussi bien pour ses textes de chansons que pour ses livres.

Roland Brival passe son temps entre la porte de Pantin, New-York et les Antilles. Ces trois points d’encrage se retrouvent également dans sa musique : Souvent une langue créole posée sur un groove jazz-funk pulsant au rythme de la grosse pomme avec un habillage d’une élégance à la française. « Kayam » en est le plus parfait example, à mon avis. En vol de nuit ou de jour, sa musique est intense.

« Circonstances aggravantes » est l’album d’un quartet d’excellence, un retour au jazz pur et dur, sobre, intime, élégant qui flirt avec michel Jonasz.

circ

Rencontre

BanniereMusiculture : Comment s’est fait le choix de tes musiciens ?

circRoland Brival : J’étais à la maison, à Paris, lorsque Julien Birot (mon producteur artistique) m’a téléphoné pour me proposer de passer dans un studio où il enregistrait un trio. Il avait une idée derrière la tête, mais je l’ignorais. Lorsque j’ai débarqué là-bas, je suis tombé en arrêt sur le son du groupe. Rémy Decormeille était au  piano. Je me suis alors retourné vers Julien et je lui ai dit: je les veux, eux et personne d’autre, pour l’album que je prépare. Il m’a répondu: je le savais !

Banniere M: Pourquoi ce retour à un quartet après deux albums très « groove » ?

circR.B. : Je souhaitais revenir aux fondamentaux de la musique, et du jazz en particulier. Un travail d’une exigence absolue. Focus. Cet album a même failli devenir un « duo », tant le travail préparatoire que j’ai effectué durant un an avec Rémy Decormeille s’est révélé intense.

BanniereM : Je trouves cet album plus intime mais aussi plus sombre et pessimiste , peut être plus personnel au regard des titres de chansons : L’humeur de Roland Brival à cette époque ? Humeur qui pourrait également expliquer le titre de l’album, non ?

circR.B. : Ce projet, parce qu’il est plus intime que les autres, pourrait donner l’impression d’être plus sombre, plus « dark ». Il n’en est rien, l’humour est toujours là, constamment. Le texte de « ma chère cousine » placé en tête de liste donne le ton à tout le reste. Certes, les circonstances s’aggravent, mais il s’agit de continuer à tenir le manche et d’avancer. J’étais un peu dans cet état d’esprit en découvrant le niveau de dégradation des productions musicales que l’on entend passer à la radio, comme si les programmateurs s’obstinaient à vouloir dans un monde à part, décidé par les majors, et totalement déconnecté du bouillonnement musical qui est train d’émerger à l’aube de ce nouveau siècle.

BanniereM : Mine de rien, ça fait quelques albums sur « Such ». Quels sont tes liens avec l’équipe ?

circR.B. : « SUCH prod », c’est ma famille. C’est avec eux que j’ai pris mon envol lorsque j’ai décidé de poursuivre mes aventures musicales à Paris. Aujourd’hui, ils continuent de m’entourer de leur amitié et de leur talent, même si, économiquement, chaque sortie d’album relève plus ou moins du désastre annoncé – et c’est valable pour tous ces petits  labels qui faisaient « autrefois » la richesse du terreau musical français. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour faire savoir à vos lecteurs que je suis à la recherche d’un tourneur compétent pour faire décoller la machine.

BanniereM : « Circonstances Aggravantes », c’était il y a deux ans. Déjà de nouvelles idées pour un prochain disque ?

circR.B. : Aujourd’hui, je suis reparti sur une nouvelle piste, et je travaille de nouveau en studio. J’ai recruté un duo singulier pour chevaucher de nouvelles vagues: en plus de Julien, j’ai choisi de faire appel à son frère, Nico, plus connu dans le milieu de l’électro sous le nom de Paulie Jan. Et là, on est en train de faire exploser tous les codes! On navigue à vue. L’idée est d’inventer une musique trans-genre qui soit le reflet des métissages du monde, et qui traduise aussi, en termes d’architecture sonore, l’évolution technologique du moment. En réalité, lorsqu’on joue, on n’y pense pas. On essaie juste de se concentrer sur la rencontre entre nos univers. Les percussions traditionnelles antillaises (Ka, Bel-Air) sont le liant qui, au final, rassemble toutes ces énergies.

BanniereM : Avec cette conjoncture dans le milieu du disque et dans la musique en générale, où Roland Brival trouve t-il les ressources pour continuer les enregistrements ? Surtout que Roland Brival est également écrivain, milieu qui se porte nettement mieux !

circR.B. : La motivation qui me permet d’avancer, elle est simple: je n’ai pas le choix et j’ai, depuis longtemps, décidé d’y consacrer toute ma vie. Croyez-vous que les arbres se demandent si la conjoncture est bonne avant de donner leurs fruits ?

Discographie

creole Creole Gypsy (1980, FM Productions)*** Achetez

cover170x170 Intense (1998, Night & Day / Roland Brival)** Achetez

waka Waka (2003)

kayam Kayam (2006, Such)*** Achetez

vol de nuit Vol De Nuit (2009, Such)*** Achetez

circ Circonstances Aggravantes (2014, Such)** Achetez

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.