Dans la deuxième moitié des années 1970, la musique disco emporte tout sur son passage. Discothèques, radios, rues, le disco est partout. Une durée de vie courte mais un impact long et puissant. Comment est-il né ? Qui en étaient les artistes majeurs ? Quelles traces a-t-il laissé ?
Origine
Gamble & Huff
L’origine directe du disco se situe dans la ville de Philadelphie. Là, les producteurs Kenneth Gamble et Leon Huff produisent une musique soul qui va servir de base au disco. Il y a dans leur musique tous les codes du disco. Il suffit d’écouter MFSB, Harold Melvin & the Blue Notes ou les Trammps pour en prendre conscience. Bass mise en évidence, section de cordes pour les mélodies, raffinement des arrangements et des orchestrations, la soul de Philadelphie de Gamble & Huff est vite identifiable. La grande période des deux producteurs se situe entre 1971 et 1974, juste avant la grande période du disco. À cette source, il faut ajouter le funk de Slystone et ses sons de claviers si particuliers ainsi que l’esprit et le look psychédélique du milieu homosexuel de l’époque. Pour le nom, le mot français discothèque sert de racine. Les Français joueront un rôle majeur dans le succès de cette musique. Le plus bel exemple est sûrement celui des deux producteurs français Jacques Morali et Henri Belolo, âmes et producteurs des Village People puis de Richie Family, entre autres. Les deux hommes avaient passé du temps dans les studios de Philadelphie avant de débuter à New-York…Citons aussi Marc Cerrone ou François Kevorkian. Ce dernier sera directeur artistique du fameux label Prelude, maison de France Joli, de Musique ou de Gayle Adams, entre autres.
Le disco marque le début de l’ère moderne pour la culture de clubs et la dance music. Cette musique mettait en avant le rythme, plus qu’aucune autre musique. La voix de l’artiste était également importante. Avec le disco, les discothèques jouent une musique conçue pour danser et uniquement pour danser. Une autre origine du nom : la musique des discothèques.
La communauté Gay
À New-York, une grande majorité des discothèques sont des lieux fréquentés par des homosexuels. Les DJ jouent musiques soul et funk, mettant en avant le groove. Petit à petit, les productions disco font leur entrée. La communauté gay récupère cette musique. Elle leur permet d’afficher ouvertement leur identité sexuelle, leurs voix androgynes, leurs looks. Pour ces raisons, le chanteur Sylvester devient l’un des porte-drapeaux de la culture Disco. Il en va de même pour les Village People dont le succès sera planétaire et grand-public, même si la communauté gay crie au cliché et à la caricature avec ce groupe.
Une affaire de producteurs
Giorgio Moroder
Berry Gordy avait installé la méthode avec son label Motown : quelques producteurs pour une multitude d’artistes. Il en va de même pour le disco. Une poignée de producteurs a su trouver le son qui plait et le dupliquer avec de nombreux artistes. Quel meilleur exemple que celui de l’italien Giorgio Moroder. Ce compositeur et producteur a assuré le triomphe de la chanteuse, que dis-je, de la reine disco Donna Summer. Mais il a aussi assuré le succès de Cher (Bad Love), de Blondie (Call Me), d’Irene Cara (What a Feeling / B.O. de Flashdance) et de tant d’autres. Il a également signé de nombreuses musiques de film. Une influence majeure dont les Daft Punk se souviendront en 2013 pour leur album Random Access Memories.
Citons aussi Patrick Cowley dont le travail avec l’artiste Sylvester lui apportera gloire et richesse. L’impact de son travail sur des groupes comme Pet Shop Boys ou New Order sera réel et majeur. Citons aussi les membres de The Trammps (Harris, Felder, Kersey) dont le succès du titre Disco Inferno en 1976 entrainera une forte demande d’autres artistes et labels. Impossible de ne pas citer les frères Gibb (Bee Gees) qui écriront pour Barbara Streisand et Diana Ross, Joe Montana Jr (membre des MFSB et créateur du Salsoul Orchestra) dont le succès de You Know How Good It Is mènera à la production de titres pour Grace Jones, Jocelyn Brown, les Whispers et tant d’autres. Enfin, Nile Rodgers et Bernard Edwards, section rythmique et âmes du groupe Chic dont le titre Le Freak est un hymne de cette époque.
La vague disco créée par ces producteurs imposera aux artistes pop réputés de se plier à cette musique pour durer. C’est ainsi que les Rolling Stones ou Rod Stewart, pour ne citer qu’eux, joueront du disco. Les albums Black And Blue (1976), Emotional Rescue (1980) et Tatto You (1981) des Stones sont des exemples de ces concessions faites par le rock au disco.
Discothèques et radios
Les DJ jouent des versions longues des titres. Cela donnera naissance à une industrie, celle des remixes et des maxis 45 tours. Version courte pour les radios, versions longues et déclinées dans différentes versions pour les clubs. Les DJ et spécialistes du remix deviennent incontournables. Une chanson était d’abord testée en discothèque. Si succès il y avait, elle passait en radio et les ventes étaient alors très importantes. Le DJ était donc le pivot de toute une industrie. Les liens discothèques-radios étaient forts et indispensables pour assurer le succès à très grande échelle. Avec le disco, le marketing devient central : on peut adapter le rythme et la durée d’un titre en fonction de la cible, en changer la rythmique, ne mettre qu’une version instrumentale ou qu’une version a capella sur les maxis. Au début du disco, les albums sont rares. La priorité est donnée au maxi. Le temps et le travail des radios changeront ça. Après le règne du disco, ces processus perdureront sur les années 1980 et jusqu’au début des années 1990. Le rap reprendra la méthode. Des maxis seront commercialisés avant un album éventuel.
Après
Dans l’immédiat après-disco, de nouvelles technologies et de nouveaux claviers transforment le son du disco en une musique funk encore hybride. À New-York, le producteur Randy Muller prend le relais avec ses groupes Skyy et Brass Construction, le producteur italien Mauro Malavasi et l’antillais Jacques Fred Petrus avec le groupe Change, Chic enchaine hit sur hit…Le rap s’avère une très efficace alternative au disco pour danser en club. Le paysage musical change, la communauté gay ne fait plus parler d’elle mais l’industrie musicale conserve la méthode mise en place. Les DJ et spécialistes du remix dominent encore plus avec l’arrivée du rap. Les maxis sont toujours d’excellents tests pour la sortie d’un album. L’esprit de fête et la culture de la dance music perdurent encore de nombreuses années. Le funk, le rap des Sugarhill Gang, Positive Force ou Funky 4 + 1 puis la house music de Chicago prennent le relais. Le reste est de l’histoire…Il reste de cette période une indécente insouciance, le sentiment d’une fête perpétuelle. L’industrie du disque occupera tout un pan de l’économie entre 1979 et 2002.
20 titres et artistes mémorables de la période Disco
Gloria Gaynor I Will Survive CD itunes
Bee Gees Stayin’ Alive + Night Fever CD Vinyle applemusic
Sylvester You Make Me Feel (Mighty Real) applemusic
The Trammps Disco Inferno applemusic
Van McCoy The Hustle applemusic
The Village People Y.M.C.A. CD + Vinyle applemusic
Chic Le Freak CD + Vinyle applemusic
Donna Summer Love To Love You Baby + Bad Girls CD + Vinyle applemusic
Tavares More Than A Woman (écrit par les Bee Gees) applemusic
Earth Wind & Fire / The Emotions Boogie Wonderland CD+Vinyle applemusic
Thelma Houston Don’t Leave Me This Way (titre écrit et composé par Gamble & Huff) applemusic
Rose Royce Car Wash applemusic
Anita Ward Ring My Bell applemusic
K.C. and the Sunshine Band (Shake, Shake, Shake) Shake Your Booty CD + Vinyle applemusic
B.T. Express Express applemusic
Lipps Inc. Funky Town applemusic
Disco Tex & the Sex-O-Letters Get Dancin’ applemusic
George McCrae Rock Your Baby CD + Vinyle applemusic
Diana Ross Love Hangover CD + vinyle applemusic
The Love Unlimited Orchestra Love’s Theme applemusic