Laurent Daumail… L’artiste n’a jamais vraiment marqué la France de son empreinte. Pourtant, il dure et de belle façon, depuis ses débuts au milieu des années 90 (déjà vingt ans ! ).
Pourtant, il est l’un des rare français à s’être imposé aux USA et en Asie. Pourtant, il est l’un des rare français, sinon le seul, à avoir travaillé avec la légende Larry Blackmon, leader du groupe funk Cameo et avec Guru de Gangstarr, entre autres. Pourtant, le nombre de ses productions est aussi impressionnant que varié et toujours de bonne qualité, toujours original.
Guru.
En France, d’abord à Paris, on le découvre vers 1994. Ce parisien surprend avec une musique basée sur le hip-hop avec des rythmiques très solides, des samples obscures souvent pris dans le jazz et probablement trouvés dans une impressionnante collection de vyniles (supposition de ma part). A cette époque, CAM est dans la mouvance du label anglais Mo’Wax et son travail proche de celui de DJ Krush ou de DJ Shadow. Son travail est minimaliste, ses prouesses aux platines impressionnantes, ses boucles superbement arrangées. Ses débuts sur le label « Street Jazz », distribué alors par « Karamel » (c’est en tout cas là que je me fournissais en tant que vendeur FNAC) marquent les amateurs de groove. « Underground Vibes » rencontre un beau succès underground mais peu de réussite grand public.
Logiquement, on le retrouve sur la superbe compilation « Headz 2 » du label Mo’Wax dont les pochettes de Futura étaient aussi marquantes que le contenu. Nous sommes en 1996. Il réalise aussi des remixes pour Tek 9 et surtout la Funk Mob dont le travail est de la même veine. En 1997, c’est pour DJ Krush qu’il écrit quelques titres. Son album « Substances » voit le jour la même année sur le label « Inflammable », son label. Déjà, le monsieur contrôle tout de la composition à l’enregistrement et jusqu’à la signature du label.
A cette époque, après trois années de développement, il est approché par « Sony Music ». En 1998, « The Beat Assassinated » sort sur « Columbia », une vraie consécration pour un artiste alors encore en devenir. Ses fans de la première heure sont toujours là car le monsieur ne change pas radicalement de style. Au contraire, il confirme sa passion du groove.
A mon sens, son album le plus réussi à aujourd’hui est « Liquid hip-hop » sorti en 2003. Ici pas d’Anggun inutile mais des personnages majeurs et emblématiques des cultures funk et hip-hop : Larry Blackmon, DJ Premier, Guru et J Dilla. Superbe et marquant dans l’histoire des musiques urbaines en France.
Deux ans plus tard, il remet ça avec la crème des musiciens jazz français pour une oeuvre jazz fortement teintée de hip-hop et d’électronique. Manu Katche, Alexandre Tassel, Laurent DeWilde et Franck Avitabile sont là. En d’autres termes, le meilleur trompettiste français, le meilleur batteur français et un prodige du piano et des claviers sont sur le même album et nous donnent du plaisir parce qu’ils en prennent beaucoup. « Fillet Of Soul » opus 2 de Tassel & Naturel est une merveille du genre.
Malheureusement, son travail est commercialisé au début des années 2000. Je dis malheureusement car c’est la période ou la fin du CD est décidée, la période où les gros investissements des maisons de disques sont terminés, la période où « la fête est finie » comme me dira siniquement le PDG de Warner. Dix ans plus tôt et vous connaissiez tous DJ CAM grâce à une pub TV ou à une grosse campagne d’affichage mais en 2002 / 2003, c’est fi-ni!
Heureusement, le monsieur a son label et des idées. 2014, il est encore là et il a même raflé quelques titres au passage (meilleur producteur hip-hop 2002 en Angleterre). « Seven », album de 2011 est excellent et la preuve que CAM a encore beaucoup à donner. Une nouvelle fois, pop, jazz, électro et hip-hop se rencontrent l’espace d’un album avec une belle qualité de production. Peut être plus que jamais, on sent que CAM a bien digéré l’electro des 80’s (« 1988 »), le tri-hop des 90’s façon Massive Attack (« Seven », « Love »), la pop suave et électronique d’Overhead (« Swim »), le style de Thievery Corporation (« Loop ») et les productions funk basées sur la T.R. 808. Le tout avec de superbes mélodies et de belles ambiances comme sur « Fontainebleau ».
2014, DJ CAM tourne avec ses potes de « 9 In Common« , ne le manquez pas. Il n’est jamais trop tard pour bien faire si vous ne le connaissez pas encore.
Discographie selective.
The Beat Assassinated (1998, Inflamable records)***
Liquid hip-hop (2003, Inflamable records)***
Fillet Of Soul 2 (2005, Seven Island records)***
Seven (2011, Inflamable records)***
Artistes du même genre ou de la même époque : Wax Tailor, Onra, DJ Vadim, DJ Krush, DJ Shadow, Coldcut, la funkmob, The Mighty Bop.