Pendant de longues années, le jazz mystique de Terry Callier est resté l’exclusivité de quelques fans très branchés. Chanteur, auteur et compositeur, Callier écrivait une musique très spirituelle qui allait au delà des catégories. Il est resté presque inconnu pendant des décennies avant de gagner, enfin, la reconnaissance d’un public beaucoup plus large.
Il était né à Chicago, également ville natale de Curtis Mayfield, Jerry Butler et Ramsey Lewis. Il apprend le piano à l’âge de trois ans, écrit ses premières chansons à onze. Il chante régulièrement dans des groupes de doo-wop, genre dominant à l’époque. Au lycée, il apprend la guitare puis devient musicien résident dans un café de Chicago. C’est là qu’il attire l’attention de Charles Stepney, arrangeur du grand label jazz « Chess ». Stepney produit « Look At Me Now », premier single de Callier en 1962.
En 1964, Terry Callier rencontre Samuel Charters, producteur du label « Prestige ». Un an plus tard, ils entrent en studio pour l’enregistrement de « The New Folk Sound Of Terry Callier ». Pour des raisons obscures, cette oeuvre ne verra pas le jour avant 1968. En 1970, avec Larry Wade à ses côtés, il travaille avec Jerry Butler, chanteur et producteur star des années 1970. Ils écrivent des titres pour les artistes des labels « Chess » et « Cadet » comme le « The Love We Had Stays On My Mind » pour les Dells, succès en 1972. Leur travail pour les autres à cette époque mènera aux albums « Occasional Rain » et « What Color Is Love ? » de 1973 et 1974, belle fusion entre jazz et folk.
En dépit d’une belle couverture presse et d’une base de fans, il n’arrive pas à percer commercialement. Après le « I Just Can’t Help Myself », le label « Cadet » rompt le contrat. 1976, nouvel événement négatif pour lui quand Jerry Butler ferme « workshop ». Il refait surface deux ans plus tard grâce à Don Mizell, alors patron des disques « Elektra ». L’album « Fire On Ice », superbement orchestré est un succès. Il est suivi de « Turn You To Love » en 1979. Finalement, Callier entre dans les meilleures ventes avec la chanson « Sign Of The Times ». Il fait une apparition très remarquée au « festival de jazz de Montreux ». Mais lorsque Mizell quitte « Elektra », il perd son contrat avec le label. Après quelques années à tourner dans le pays, il disparaît du paysage musical dans les années 80. Il continue à écrire des chansons…
La grande surprise de sa vie a lieu en 1991. Cette année là, il reçoit un coup de fil d’Eddie Pillar, patron du label anglais « acid-jazz », qui lui propose de réediter sa chanson « I Don’t Want To See Myself (without you) » de 1983. Enorme succès en Angleterre et le chanteur reprend le chemin de la scène dans le pays. Même parcours aux Etats-Unis à tel point qu’un album « live » voit le jour en 1996. En 1997, il enregistre avec Beth Orton, chanteuse anglaise et fan de son travail depuis longtemps. L’année suivante, enregistrement de « Timepeace » chez Verve, premier album studio en vingt ans. « Lifetime » suit en 1999, « Alive » en 2001.
Robert Del Naja (Massive Attack)
Son dernier album marquant, grande oeuvre de sa carrière, arrive en 2009. Cette année là, il entre en studio avec Massive Attack à Bristol pour enregistrer l’album « Hidden Conversations ». Del Naja co-écrit et produit cet album magistral.
Deux ans plus tard, Terry Callier tire sa révérence. Il décède d’un cancer à Chicago le 27 octobre 2012. Il avait 67 ans. Sa voix de crooner a marqué cinq décennies. Il avait réussi le passage de la grande époque jazz à celle de l’ère électronique en passant par funk, disco et acid-jazz. Chapeau !
Discographie Selective
The New Folk Sound Of Terry Callier (1968, BGP)***
What Color Is Love ? (1973, MCA)***
I Just Can’t Help Myself (1974, MCA)***
Turn You To Love (1979, DBK works)**
Speak Your Peace (2002, Mr Bongo)***
Lookin’ Out (2005, Mr Bongo)**
Hidden Conversations (2009, Mr Bongo)***
Artistes du même genre ou de la même époque : Gil Scott-Heron, Bobby Womack, Aaron Neville, Curtis Mayfield, Billy Paul, Bill Withers, Stevie Wonder, Isaac Hayes.