Vous aimez « Justice System », Everlast, Electro Deluxe, Beat Assaillant, Fishbone, Living Colour et une musique au carrefour du rock, du funk et du hip-hop avec des ingrédients soul et jazz : Eric Axelman et ses potes, c’est pour vous.
A la base, la musique d’Eric Axelman, c’est le hip-hop. Mais le monsieur est ouvert d’esprit et de rencontre en rencontre, sa musique a pris de nombreuses couleurs.
En 2012, cet artiste engagé a crée l’école « Wheeler », lieu pluridisciplinaire enseignant les arts, l’histoire et l’écriture. Tout cela à travers le prisme de la culture hip-hop. Il est éducateur de rue et lutte contre le racisme au quotidien. Le but affiché est de faciliter le dialogue entre les cultures noires, latinos et celle des blancs. Un homme bien quoi !
Axelman fait aussi partie du groupe « Funk underground » avec son partenaire et ami Sydeshow. Il a commencé la musique l’année de ses 17 ans et n’a jamais cessé depuis. Aujourd’hui, ses partenaires et producteurs sont Cognate, sydeshow, DJ Kellan et Nick Damants. Son premier album date de 2013. Le suivant verra le jour en octobre 2016.
Il est originaire de Rhode Island et tout est joué live. A suivre.
To Be Honest
Pour un premier album, c’est fort ! Il y a ce saxophone très soul et sensuel ainsi qu’une belle section de cuivres, cette bass slap (intro de « To Be Honest », « Dank Conversation » ou de « Bones Break »), un solide batteur, ce rap puissant et une guitare electrique rock et mélodique façon « Under The Bridge ». Les textes sont engagés comme sur le superbe « Green Crab Things » de 9 minutes.
A cela Eric Axelman a ajouté deux versions minimalistes (guitare acoustique-voix) de ses chanons « Miguel » et « Lipstick ». Là, impossible de tricher pour un rapper. C’est lui et la guitare, point !
Interview
Musiculture : D’où te vient cet engagement dans la culture hip-hop ?
Eric Axelman : Je suis impliqué dans le hip-hop sous toutes ses formes parce que je pense que c’est la forme de musique la plus puissante de notre époque au niveau des textes et parce que rythmiquement, c’est très complexe. J’ai commençé à jouer de la batterie avant de rapper et cette capacité à tourner les mots en rythmes m’a toujours fasciné. Et, en tant que blanc américain, le hip-hop m’a enormement appris sur le système d’oppression qui touche de façon injuste les gens de couleur. En résumé, je suis engagé dans le hip-hop parce qu’il m’a tellement appris.
M : En 2016, comment expliques-tu que les USA aient encore des problèmes raciaux ?
E.A. : Parce que les inégalités raciales aident les blancs à maintenir leurs pouvoirs, économique et politique. Les blancs gagnent en pouvoir lorsque les autres sont à terre. Il y a donc une grande partie de la société qui ne veut pas de la vraie égalité. Beaucoup de blancs, pauvres, ont également été convaincus qu’il faut craindre et haïr les gens de couleur. Mais je crois qu’une des raisons principales est que certains profitent de l’oppression des autres, ce qui est horrible.
M : Tu es allé à Israël pour tourner un documentaire. Tu as rencontré israëliens et palestiniens : Qu’est-ce que ça t’a apporté ?
E.A. : Oui, c’est très intéressant. En tant que juif américain, je comprends plutôt bien la culture israëlienne et j’aimes vraiment la culture du pays. Cependant, je m’oppose avec force à la colonisation et à l’occupation du côté ouest. Et en général, je trouves beaucoup, beaucoup de choses problématiques avec l’histoire politique du pays. Je me suis souvent trouvé davantage en accord avec les revendications de la Palestine. Il est très interessant de voir les individus dans un contexte plus large mais aussi en tant que simple individu même s’il est parfois difficile de séparer les deux.
M : Tu ne crois pas que les rappers ont un peu oublié l’un des premiers but du hip-hop : Délivrer un vrai message, comme dans le « Message » de Grandmaster Flash ou dans le « 8 million stories » de Kurtis Blow ?
E.A. : Ouais, peut être, difficile à dire. Je pense qu’il y a vraiment d’incroyables artistes hip-hop en ce moment, peut-être les meilleurs de ces quinze dernières années. Je trouves qu’il y a beaucoup de folies, mais c’est comme ça dans tout les genres. Je suis beaucoup moins inquiet. Le hip-hop, comme toute musique, ne va pas être particulièrement conscient mais j’aimes vraiment certaines directions prises par le hip-hop.
M : Ta musique est « live » : Où as tu trouvé tes musiciens ?
E.A. : De nombreuses personnes avec lesquelles je joues sont des amis depuis des années. Les autres sont des rencontres au hasard. Le choix des musiciens depend de la situation et de l’urgence du besoin.
M : Comment as tu rencontré tes producteurs ?
E.A. : Cognate, le producteur avec lequel je travailles le plus est un de mes meilleurs amis depuis que j’ai 18 ans. Nous étions co-locataires pendant nos années de lycée. On jouait du bongos et du ukulele ensemble et du hip-hop aussi. C’est avec lui que je travailles le plus. J’ai aussi vécu avec DJ Kellan pendant longtemps. C’est un brillant et incroyable producteur et un DJ vinyl.
Les autres producteurs sont issus soit de mes années de lycée, soit de la scène locale de Providence. Dans l’idéal, j’aimes connaître les gens avec lesquels je travailles parce que je suis plus à l’aise pour parler franchement de ma musique. Mais parfois, je ne les connais pas très bien.
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M : Qui a eu cette idée d’une même action sur plusieurs saisons pour le clip ? E.A. : J’en ai eu l’idée bien que je ne saches pas exactement comment. Pendant la phase d’écriture, j’ai pensé à quelqu’un flottant dans le temps, sur les rives de la mort, mais sans y donner d’importance. Puis j’ai pensé qu’il serait bien de transformer ce passage dans le temps en différentes saisons. C’était super drôle à filmer malgrè le froid parfois. En écrivant des chansons et en filmant des clips, j’imagines souvent la vidéo en ecrivant la chanson, ce qui est très bien car l’écriture prend un aspect visuel.
M : Les différences entre « To Be Honest » et ce nouvel album ?
E.A. : Il y a vraiment une bonne dose de funk sur cet album mais les vivrations sont plus cool, tranquilles la plupart du temps. Il y en a certaines très étranges, avec des chansons d’amour comme « Talk too Much » que j’apprécies beaucoup. Je commence à chanter un peu plus aussi, ce qui me plaît bien. Tout est encré dans le hip-hop mais j’expérimentes plus, allant au delà des frontières du hip-hop.
M : Au tout début, le rap sonnait très funk. Je penses à Sugarhill Gang, Grandmaster flash ou Whodini. Est-ce une façon pour toi de coller à l’histoire du hip-hop ?
E.A. : Oui, en quelque sorte. Je pense que les origines du hip-hop sont tellement fortes, surtout aujourd’hui. Ces breakbeats originaux sont toujours bons à rapper et même plus avec le funk nouveaux style. J’adore quand des gens font du funk étrange, fou et super drôle pour rapper dessus. Je crois qu’on peut vraiment faire des choses interessantes avec la voix sur des rythmes funk. Ça apporte un peu de folie, ça renforce les émotions.
M : Qui sont tes cinq groupes de funk favoris ?
E.A. : Très difficile. Evidemment, Parliament et evidemment James Brown. Sly and the family stone aussi. Et pour les nouveaux, peut être « Bad Rabbits ».
M : Tes cinq artistes hip-hop préférés ?
E.A. : • Kendrick Lamar
• Chance The Rapper
• Kanye West
• Mos Def
• Lupe Fiasco
Sortie de l’album : 28 octobre 2016.