L’ambiance générale est grave et tendue. Un album à l’image de son temps qui traite du statu des femmes, des injustices raciales, de la solitude et de l’amour. A nouveau, les soeurs d’Ibeyi alternent chants anglais, français et yoruba.
Le premier titre, « I Carried This For Years » utilise un sample des « mystère des voix bulgares ». Ici les voix ont une importance capitale qu’elles soient principales ou en chorales. Essentielles pour délivrer correctement de tels messages. Sur « No Man Is Big Enough For My Arms » les Ibeyi vont jusqu’à utiliser la voix de Michelle Obama lors d’un discours où elle disait : « The Measure Of Any Society Is How It Treats Its Women and girls… « .
Beaucoup de boucles, de synthés en nappes, de piano et de percussions pour les instrus. Point culminant de l’album et véritable chef d’oeuvre : « Transmission / Michaelion ». Ce titre, le plus long de l’album, utilisant la bass de Meshell Ndegeocello est le plus sombre et le plus optimiste. Une réussite totale où chorale gospel, piano et synthés rappellent avec force le pouvoir de la musique et du chant. Un titre magistrale qui touche l’âme en profondeur. Changement de couleur avec « Me Voy » : Rap de l’espagnole Mala Rodriguez, arrangements très électroniques et percussions pour base rythmique. Un « groove » entre cumbia et hip-hop.
Sur « Ash », la qualité du mix et de la production est aussi exceptionnelle que l’inspiration nécessaire pour concocter un tel album. Signalons enfin la présence de Kamasi Washington, saxophoniste omniprésent dans le jazz et surtout le R&B de ces dix dernières années. « Numb », véritable echo au « Way I Feel » de Mark Ledford, est le titre le plus aérien de l’oeuvre, véritable invitation au rêve et au voyage.
En fin de compte, « Ash » est un album militant, sensible, sombre, enraciné dans un esprit de lutte, de victoire avec un optimisme indestructible. Magistrale je vous dis.
Ibeyi « Ash » (2017, XL Recordings)*** Acheter