Saxophone : Enfant du classique, roi du jazz
Inventé au 19eme siècle par le belge Adolphe Sax, le saxophone a mis du temps à devenir populaire. Sax persuade Donizetti qui lui écrit quelques mesures dans son nouvel opéra « Don Sebastian ». Un problème néanmoins, personne ne sait alors jouer du saxophone. Sax se propose volontiers mais à la première répétition les musiciens de l’orchestre, ennemis du moderne, hostiles à cet ustensile hybride, refusent de travailler. Donizetti devra donc renoncer.
En fait, c’est Berlioz, grand ami de Sax qui sera l’un des tout premiers à l’utiliser dans une composition. Bizet et Saint-Saëns en feront aussi un bel usage.
Ensuite, l’armée l’utilise dans ses fanfares. On l’entend donc pour la première fois dans la musique classique mais il sera largement popularisé par le jazz qui en fait un instrument pour soliste dans les années 1920. C’est le jazz qui en fait un instrument roi au début du 20eme siècle. Coleman Hawkins, Sidney Bechet, Lester Young, Charlie Parker, Sonny Stitt, Sonny Rollins, John Coltrane, Michael Brecker, David Sanborn, Wayne Shorter…Autant de grands saxophonistes aux compositions parfois historiques, entre les années 1920 et la fin du 20eme siècle.
La musique brésilienne, particulièrement la bossa nova, donnera également quelques lettres de noblesse au saxophone en faisant un instrument très sensuel.
Puis viendra la soul dont Maceo Parker sera le maître. Des riffs rythmiques cuivrés qui serviront à merveille les compositions de James Brown puis les siennes. Les brass bands de la Nouvelle-Orleans auront également leur mot à dire avec des fanfares terrifiantes et le saxophone comme instrument leader.
Dans la foulée, le funk acouchera de quelques bons souffleurs comme Vincent Henry, Najee ou Eric Leeds.
Voilà donc plus d’un siècle que le saxophone est populaire et présent désormais dans tout les genres. Petit voyage…
Coleman Hawkins La Rosita (1959, Original Jazz Classics). Premier saxophoniste tenor marquant, 40 ans de carrière, un don pour l’improvisation, prolifique entre 1925 et 1965. Génie incontournable. Acheter
Lester Young These Foolish Things (1948, Unique Jazz). Autre géant du saxophone tenor, influence majeur pour plusieurs générations de musiciens. Prolifique entre les années 1930 et 1959, année de son décès. Acheter
Charlie Parker Bird Of Paradise (1955, AAO music). Musicien qui change l’histoire du jazz. Considéré comme le plus grand saxophoniste de l’histoire. Il a posé les bases du « be bop » et pouvait tout jouer. Influencé par Lester Young, il est populaire dans les années 1940 et jusqu’au milieu des années 1950. Figure légendaire à qui Clint Eastwood rend hommage dans le film « Bird ». Acheter
Sonny Stitt How High Is The Moon. Saxophoniste tenor et alto de l’époque « bop » et « be bop » si influencé par Charlie Parker qu’il en était parfois un clone. Avec les années, il trouvera son propre style. Très prolifique dans les années 1950 et 1960. Il enregistrera jusqu’au début des années 1980. Acheter
Stan Getz Desafinado (1962, Verve). Le saxophoniste tenor qui participe largement à l’explosion populaire du genre « bossa nova ». Un des plus beaux sons de saxophone de l’histoire, rond, sensuel. Majeur entre les années 1950 et 1970. Acheter
David Sanborn Bang Bang (1992, Warner). « LE » saxophoniste des années 1980, toujours entre funk et jazz. Compositeur et arrangeur talentueux, il a enregistré avec David Bowie, James Brown et Stevie Wonder, entre autres. Son association avec Marcus Miller sera pour beaucoup dans son succès. Acheter
Najee Cruise Control (1990, EMI). Saxophoniste de jazz / R&B populaire en solo dans les années 1980 et 1990. Il sera le saxophoniste de Prince dans les années 2000. Ce titre est co-composé par le pianiste Alex Bugnon. Acheter
Alex Bugnon Yaslyn (1995, RCA). Un intru dans cette sélection ce pianiste ? Non car son ami Vincent Henry, saxophoniste très prolifique depuis les années 1980, assure ici un solo mémorable.
Manhattan Project / Wayne Shorter Virgo Rising (1990, Blue Note). Un Wayne Shorter à son meilleur. Stanley Clarke, Lenny White et Michel Pettruciani sont à ses côtés. Un seul album pour cette formation mais quel album !
Prince & NPG Expand (2003, NPG records). Prince rappelle à ses fans qu’il aime le jazz et l’expérimentation.
Maceo Quick Step (2003, Sony). Architecte du funk, légende du genre, il a signé des solos inoubliables. A cette époque, il est régulièrement avec Prince. Ici, Maceo joue du Maceo. Acheter
First Family Control (1986, Polydor). ça sonne comme James Brown ? Normal, c’est produit par le boss. Ecoutez moi ce son de saxophone ! Acheter
Sam Kininger Pieces (2005, ESC Records). Le new-yorkais en solo après son départ de la légendaire formation funk « Lettuce ». Du groove très influencé par le maitre Maceo, preuve qu’en 2005, prêt de quarante ans après ses débuts, le monsieur a laissé une empreinte profonde. Acheter