Tony ALLEN

 Batteur, figure emblématique de la musique africaine, directeur artistique du groupe « Africa 70 » de Fela Kuti entre 1968 et 1979 (même si ce ne sera jamais officialisé), Tony Allen (Tony Oladipo Allen de son vrai nom) a largement participé à la création du style « Afro-beat ».

A travers ses enregistrements solo, il a constamment refusé de se laisser enfermer dans un genre utilisant régulièrement Dub, hip-hop et autres courants musicaux pour nourrir sa musique africaine résolument moderne.

Autodidacte, Allen a commencé la batterie à l’âge de 18 ans tout en travaillant comme technicien dans une station de radio de son pays. En neuf mois, il s’embarque dans une carrière de musicien professionnel. Allen et Kuti se connaissaient depuis les années 1960 lorsqu’ils débutent dans différents groupes. C’est en 1964 qu’ils décident d’une association pour jouer du jazz ensemble. Rapidement, leur jazz devient « highlife jazz » (jazz aux influences africaines) et ils jouent ensemble pendant cinq ans. Selon ses propres propos, « c’est la plus grande période artistique de sa vie et Fela était unique ».

 1969 : Formation d' »Africa 70″. Ils atteignent un public hors de leurs frontières. Pour la première fois, ils partent en tournée en Amérique Du Nord. Allen y découvre les musiques de James Brown, Max Roach et Art Blakey. Le public et la presse sont au rendez-vous mais le groupe doit affronter de nombreux obstacles : Difficultés financières, discrimination raciale, oppression politique. En 1975, il enregistre son premier album solo et en 1979 il met fin à sa collaboration avec Fela après leur prestation au « Festival de Jazz de Berlin ».

Désormais, Tony Allen se concentrera sur son groupe « Lagos ». Il émigre en Europe en 1984. Passage par Londres et il s’installe à Paris en 1985. Là, il devient le batteur attitré des musiciens africains comme Ray Lema ou Manu DiBango pour ne citer qu’eux. Son album « Never Expect Power Always » est commercialisé en 1985. Ensuite, il disparaît presque totalement des écrans radars…

Fin des années 1990, Tony Allen refait surface avec une série de titres singles et un album, son « Home Cooking » de 2002. Dans le même temps, ses albums précédents sont réédités et une compilation voit le jour. Les jeunes ont la possibilité de le découvrir. Album « live » en 2004 et retour à ses racines « afro-beat » en 2006 avec « Lagos No Shaking », enregistré à Lagos.

La même année, il fonde « The Good, The Bad & The Queen » avec Paul Simonon des Clash, Simon Tong des Verve et Damon Albarn des Blur. Bel accueil de l’album éponyme en 2007.

2009 est celle de son « Secret Agent », album qui marque un retour à l’afro-beat après cette parenthèse rock british. Sur « Inspiration Information Vol 4 », on l’entend avec Jimi Tenor. Il apparaît aussi sur un album des Zap Mama. Le caméléon est en pleine forme.

En 2010, avec Albarn dont il est de plus en plus proche et avec Flea (bassiste des Red Hot Chilly Peppers), il joue dans le groupe « Rocket Juice & The Moon ». Un album voit le jour en 2013.

L’année suivante, retour à un projet solo avec le trio français « Jazz Bastards ». Il en résulte l’album « Film Of Life ». Albarn est encore de la partie ainsi que le chanteur Kuku, américain d’origine nigérienne, Manu DiBango, Sandra Nkake et l’ensemble vocal Adunni & Nefertiti. Plus tard, on retrouvera Allen sur l’album solo de Kuku.

Depuis, Tony Allen a assuré la batterie sur les albums d’Oumou Sangare et Jupiter & Okwess, entre autres. 2017, le caméléon est toujours là, fort d’une carrière de 50 ans avec un parcours à perdre Allen. Il offre un superbe album, un retour aux sources, pour la première fois sur le prestigieux label « Blue Note« , maison d’Art Blakey qu’il admirait tant. Respect !

 The Source (2017, Blue Note)*** Sortie le 08/09/2017  

Autour de Tony sont réunis quelques uns des meilleurs musiciens d’une scène que l’on peine à étiqueter jazz tant elle se caractérise avant tout par sa mobilité. Le tromboniste Daniel Zimmermann, le saxophoniste Rémi Sciuto, le contrebassiste Mathias Allamane ou le claviériste Vincent Taurelle, qui avec Bertrand Fresel a produit l’album, figurent dans un casting frenchy où le guitariste camerounais Indy Dibongue apporte, avec Tony, l’indispensable pigment africain. Au total 11 pointures, dont 5 cuivres,  vont participer à « Source ». Plus un guest de marque, Damon Albarn, au clavier sur « Cool Cats ».

Discographie Selective

 Tony Allen & Afro Beat 2000 « Never Expect Power Always » (1988, Wrasse)* Acheter

 Black Voices (1999, Comet Records)** Acheter

 Home Cooking (2002, Narada)*** Acheter

 Live (2004, Comet)*** Acheter

 Lagos No Shaking (2006, Honest Jon’s)*** Acheter

 Secret Agent (2009, World Circuit)*** Acheter

 Jimi Tenor & Tony Allen « Inspiration Information Vol.4 (2009, Strut)*** Acheter

 Film Of Life (2014, Jazz Village)***

 A Tribute To Art Blakey & the jazz messengers (2017)* Acheter

 The Source (2017, Blue Note)***

Interview

Artistes du même genre ou de la même époque : Hugh Masekela, Orchestra Baobab, Thomas Mapfumo, Fela Kuti, King Sunny Ade, Osibisa…

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