Une sauvage, brillante et novatrice fusion entre soul, rock, R&B et funk, voilà quel était le style « Sly & the family stone ».
Cette formation s’est évertuée à casser les barrières entre les genres, les races, les classes sociales avec sa musique.
Mené par Sly Stone, le groupe était formé de blancs et de noirs, d’hommes et de femmes. Révolutionnaire dans cette époque trouble des années 1960. Les textes délivrent de sérieux messages sociaux et politiques. Avant lui, à l’exception de James Brown, très rares sont les artistes noirs engagés à ce niveau. Après lui, cette attitude deviendra une tradition dans les musiques soul, funk et surtout hip-hop. Avec James Brown, Sly & the family stone ont réussi l’exploit de rendre populaire un funk authentique et très africanisé à un très large public. Il faut dire que leurs arrangements étaient ingénieux, les chants surprenants, les rythmes étaient syncopés et invitaient à la fête et à la danse. Les cuivres ajoutaient une note à cet esprit festif tandis que les mélodies efficaces se retenaient rapidement. Pas étonnant que leur musique ait eu une influence majeur par la suite.
Avec la fin des années 1960 s’achèvent les rêves et autres illusions. Sly voit s’écrouler les idéaux transmis dans sa musique. Commence alors l’addiction à la drogue…Le tempo de la musique de Sly & the family stone devient plus lent et plus sombre. Le point culminant de cette tendance est le « There’s A Riot Going On » qui met en place les bases du funk des années 1970 : Génial et omniprésente bass de Larry Graham, chants en avant et textes militants pour le « Black Power ». Le « Fresh » de 1973 sera la dernière preuve éclatante du génie de Sly Stone. Les bases d’un nouveau genre de funk sont là et celle du hip-hop des années 1990 également. Ensuite, il glisse de plus en plus dans les drogues. Il ne reviendra jamais, malheureusement.
Sly Stone, de son vrai nom Sylvester Stewart, est né en 1944 au Texas. Il s’installe avec sa famille à San Francisco dans les années 1950. Son intérêt pour la musique est précoce. Son premier succès est local. Il a 16 ans et il l’obtient avec une chanson intitulée « Long Time Away ». Il étudie l’écriture, la composition et la trompette au début des années 1960. Dans le même temps, il commence à jouer avec son frère Fred dans différents groupes de la ville. Il devient DJ dans des radios. Ce job lui permettra d’entrer dans le label « Autumn Records ». Là, il joue aux côtés de The Beau Brummels, the great society, Bobby Freeman et The Mojo Men, artistes obscures dont le succès sera limité à la région de San Francisco.
En 1966, Sly forme « The Stoners » dont la trompettiste est Cynthia Robinson. Ensemble, ils deviennent le noyau dur de « Sly & the family stone » formé début 1967 avec Fred Steward le frangin (guitare, chant), Larry Graham Jr (bass, chant), Greg Errico (batterie), Jerry Martini (saxophone) et Rosie Stone (piano). La musique, aussi éclectique que la composition raciale, marque leur différence avec les nombreux groupes de la génération « Flower Power ». « I Ain’t Got Nobody », premier single, est un succès local sur le label « Loastone ». Succès assez important pour attirer les gens du label « Epic ». « A Whole New Thing », album de leurs débuts voit le jour fin 1967. Flop ! Mais le suivant, « Dance To The Music » avec la chanson du même nom les propulse dans les dix meilleures ventes nationales. La chanson sera reprise de nombreuses fois les décennies suivantes. C’est un classique de la musique funk. La chanson « Everyday People » suit avec la même réussite fin 1968. Un autre classique qui ouvre une voie royale à l’album « Stand » de 1969. Les rappers de la formation « Arrested Development » se souviendront de la chanson au début des années 1990…
« Stand » et les titres « Everyday People », « Sing A Simple Song », « Stand » et « I Want To Take You Higher » est l’oeuvre majeur de leur courte carrière. Il se classera N°13 des ventes album et restera classé pendant…100 semaines ! L’album révèle l’engagement politique fort de Sly (« Don’t Call Me Nigger, Whitey ») et des improvisations funk aussi pures qu’un « Sex Machine » de James Brown. Family Stone est vite considéré comme un des meilleurs groupes de scènes. Leur performance à Woodstock sera une des plus marquantes de ce mythique festival. En 1970, les singles « Hot Fun In The Summertime » et « Thank You (falettinme be mice elf agin) » sont respectivement N°2 et N°1 des ventes. Janet Jackson utilisera ce dernier vingt ans plus tard dans sa chanson « Rhythm Nation ». En 1970, leur popularité est au top.
Mais derrière la scène, Sly glisse de plus en plus vers un dangereux niveau d’addiction. Quand il n’arrive pas en retard, il ne vient pas du tout au concert. Ses problèmes personnels prennent le dessus sur son métier. La lente mort du mouvement pour les droits civiques, l’affaiblissement des luttes sociales et politiques dans le pays, tout cela transpire dans « There’s A Riot Going On ». En 1971, l’album n’est pas N°1 à sa sortie. L’oeuvre est sombre, parano et le public s’éloigne peu à peu. Néanmoins, la chanson « Family Affair » connait un succès considérable. Autre classique de leur repertoire repris de nombreuses fois les décennies suivantes. Ce sera leur dernier N°1 en single.
1972 est l’année de la fin. Errico et Graham quittent le groupe, remplacés par Rusty Allen et Andy Newmark. L’album « Fresh », plus léger, connait un succès moindre en 1973. Avec le recul, on s’aperçoit que c’est un opus très réussi l’image de la chanson « If You Want Me To Stay ». « Small Talk » et « High On You » attesteront de la fin de la grande période populaire des Sly & Family Stone.
A la fin des années 1970, le disco emporte tout sur son passage et Sly ne s’adaptera pas. Son goût pour la cocaïne, les problèmes de santé inhérents et les soucis avec la loi auront raison de son succès et de son contrat avec Epic. Stone signe avec Warner pour « Back On The Right Track » enregistré avec quelques membres d’origine du Family Stone. Echec commercial. Finalement, il rejoint George Clinton et « Funkadelic » pour l’album « The Electric Spanking Of War Babies ». Il tourne avec Clinton et le « P-Funk All Stars » ainsi qu’avec Bobby Womack. En 1983, son album « Ain’t But The One Way » passe inaperçu et il est encore arrêté pour possession et consommation de cocaïne. Son dernier enregistrement notable a lieu en 1986 sur l’album du guitariste Jesse Johnson. Leur duo « Crazay » plaît à la nouvelle génération funk. Un an plus tard, il chante avec Martha Davis un honnête « Love & Affection « pour la B.O. du film « Soul Man ».
Finalement, la période forte de son parcours ne couvre que quatre années. Le temps suffisant pour marquer en profondeur la musique et pour signer des classiques qui seront repris par les générations suivantes.
Discographie
A Whole New Thing (1967, Epic)** Acheter
Dance To The Music (1968, Epic)** Acheter
Life (1968, Epic)** Acheter
Stand (1969, Sony / Legacy)*** Acheter
There’s A Riot Going On (1971, Sony / Legacy)*** Acheter
Fresh (1973, Sony / Legacy)*** Acheter
Small Talk (1974, Sony / Legacy)** Acheter
Heard Ya Missed Me, Well I’m Back (1976, Epic)* Acheter
Back On The Right Track (1979, Warner Bros.)*
Ain’t But The One Way (1982, Friday Music)* Acheter
Artistes du même genre ou de la même époque : Funkadelic, The Meters, Stevie Wonder, War, Jimi Hendrix, Bobby Womack, Parliament, Betty Davis, Isaac Hayes, Shuggie Otis…