ABIGOBA

 Le nouvel album du groupe « Abigoba » est sur le point de voir le jour et c’est tant mieux ! Amateurs de jazz, de funk, de soul, c’est pour vous ! Rencontre.

 

  Musiculture : Première question, comme je ne vous connais pas : d’où êtes-vous ? comment vous êtes-vous rencontrés ? Quand avez-vous commencé à jouer ensemble ?

 J.L. Briançon : Je m’appelle Jean-Luc Briançon et je suis ancien diplômé du « Musician Institute » de Los Angeles, claviers. À l’époque, j’ai gagné le concours du « meilleurs groupe instrumental jazz fusion », c’était en 1991. Cela a forgé mon goût pour cette musique qui a évolué au cours du temps d’ailleurs, au fil des influences d’autres musiques. En 1993, de retour en France, j’ai à la fois monté un studio d’enregistrement (Nuage7) -Domaine de Sourzy – et commencé à travailler sur le projet qui deviendra ABIGOBA en 2000.

Au départ il ne s’agissait que d’un projet purement studio. J’invitais les musiciens sur mon écriture, ceux que je rencontrais, ceux que je voulais rencontrer ou avec qui je souhaitais travailler. Quand « Jazz à Vienne » a écouté le projet, le 1er album auto produit, ils ont offert une scène… je me souviens avoir contacté pleins de copains pour monter un groupe rapidement et sélectionner quoi jouer ! Ce fut un succès et le début de l’aventure. Une équipe s’est formée au fil du temps. Elle s’est stabilisée depuis 5 ans autours d’un sextet composé de Raphaël Minfray (TP et Bugle), Yann Van Eijk (Batterie), Terence Vincent (basse), Sabine Kouli (notre diva vocal) et Franck Boutin Albrand, le doyen, depuis le début, aux percussions. Je tiens les claviers et la production. C’est le noyau et le QG est le studio, c’est aussi le noyau scénique ! Je garde toutefois de la place pour ces fameux invités qui viennent enrichir ma musique, c’est dans l’ADN du projet !

 M : Ce nouvel album a rappelé à ma mémoire de nombreuses influences ou périodes : sur « I See a star », la rythmique m’a vite ramené dans les 80’s et chaque titre a sa couleur : une volonté de votre part cette « diversité » ?

 J.L. Briançon : Cet album, je l’ai voulu comme la résultante de tous les jazz qui me font vibrer !

Effectivement, j’ai pris le temps de ciseler chaque titre pour les copains et les invités. Sur « I See A Star », par exemple, la rythmique est une vraie vieille boite à rythme TR808 Roland, la même que « Sexual Healing » de Marvin Gaye, et la basse un clone Minimoog artisanal qui nous renvoie chez Michaël Jackson, lol ! Le chant est tenu par la belle Nina Attal et sa sensualité … un peu façon Erika Badu, peut-être, sur ce titre. Chaque titre est pensé comme cela. Autre exemple, Raphaël, le trompettiste du noyau, sait que j’adore Miles, alors il amène sa Harmon et m’offre ce son pour certains titres. De mon côté, je connais son goût personnel pour les bugles planants, alors j’écris en conséquence. Du coup quand Erik truffaz vient sur un de mes titres, il m’amène avec un clin d’œil ce qui me fait kiffer aussi chez lui : trompette soufflée à travers disto, wah … les deux mondes coexistent sans se copier et je suis un grand veinard !!!! Je fais cela pour tous les musiciens et les invités. Parfois, je lâche un peu la production. 4 titres ont été mixés par Dave Isaac (producteur pour Marcus Miller, Stevie Wonder …) à Los Angeles, et mon super ingé son Franck Morel a assuré les 5 autres titres de l’album… quelle richesse !

 M : Vous travaillez comment? Tous au même endroit ? vous partez du piano ? des cuivres ?

 J.L. Briançon : je suis le metteur en scène à mon studio : soit je prépare en amont les « bandes » et les autres se posent dessus, soit je décide une séance « live recording » du noyau dans laquelle je passe aux claviers pour avoir un feeling de construction ensemble. Ensuite, les invités viennent. Puis je cuisine tout cela, j’envoie pour validation à chacun, dans un esprit démocratique, espérant que le résultat soit bon !

 Nora Kamm (photo Francis Malapris)

 M : Nora Kamm a cette sensualité à la Wayne Shorter. Vous lui avez confié deux titres : pourquoi ? ou comment l’avez-vous rencontré ?

 J.L. Briançon : J’adore Nora ! elle habitait à Lyon quand je l’ai invité une 1ere fois sur un album « anniversaire »… à la flûte ! Puis elle est venue pour un mixe perso au studio. Là, je me suis dit que la prochaine fois, ça serait au soprano et que nous allions être gâtés… j’ai visé deux titres : un « Smooth jazz » californien et le 1er titre revisité version 2020 avec lequel j’ai gagné aux USA en 1991, « LA Airport », ode à Weather Report !

 Ryan Kilgore

 M : Ryan Kilgore, même chose : le monsieur est d’Atlanta, il a joué avec Stevie Wonder, comment il arrive sur votre album ? (à part le fait que c’est parce que vous êtes excellents! 🙂 )

 J.L. Briançon : Coup de fil d’un amis journaliste, Arnaud Wender (Bonpublic) : « Ça va te plaire, il y a le saxophoniste de Stevie Wonder à Lyon ! ». Rencontre au studio, amitié naissante, restau, préparation pour son retour prévu 2 mois après cette visite pour faire quelques titres ensemble… et le truc improbable est arrivé ! Une efficacité et un jeu d’une musicalité difficile à décrire … totalement « ricain » !

 Erik Truffaz

 M : Enfin, dernière question sur le « petit personnel », Truffaz : ami, idole ?

 J.L. Briançon : Un mentor ! Je suis tellement fan…quand j’ai envoyé ma 1ere bande il y 11 ans, il a aimé. Puis, un 23 décembre, il m’a tellement bien reçu chez lui pour enregistrer la trompette de ce 1er titre « What IsThe Link » !

Ensuite, c’est devenu un rituel : demander des conseils, lui faire écouter des trucs, savoir s’il aime, discuter de musique des heures durant, passer au studio…du coup, il y a toujours eu un moment pour Erik sur chaque album et il nous honore de sa présence.

 M : Pour concocter un tel album, combien de temps ?

 J.L. Briançon : trois années ! beaucoup de choses jetées … pas mal d’essais …puis vient le moment où j’ai la vision d’ensemble et là, l’organisation se met en place : faire venir les musiciens puis contacter les invités choisis pour savoir si cela les tenterait ! En général ça marche !

 M : Sur « Who You », Copley chante un peu comme le chanteur du groupe funk « Slapbak » : une de vos influences ?

 J.L. Briançon : En fait on venait de perdre Prince et je pensais à lui… un funk-jazz Princier… qui pouvait chanter un funk-jazz « groove » à part James Copley ? On avait fait à Lyon la 1er partie d’ »Electro Deluxe », quel chanteur, quel groover ! Le résultat, comme souvent quand on part d’une idée, trouve ensuite son propre chemin, et j’aime beaucoup Slapbak !

 M : 20 ans depuis vos débuts : ça vous fait quoi d’être encore là ? ou : vous pensiez être encore là 20 ans plus tard ?

 J.L. Briançon : Je n’ai jamais réussi à abandonner ce projet…malgré un succès très confiné finalement, dû sans doute à de nombreuses et différentes activités ou à des raisons qui m’échappent. Il y a une espèce d’étincelle qui fait toujours repartir Abigoba, et toujours un peu fou et mégalo : et si on invitait tel ou tel artiste, et si je faisais cette fois ci l’album comme cela, avec cette direction, pour le plaisir…et le publique qui nous a soutenu jusque-là est toujours tellement enthousiaste…ça donne de l’énergie pour une vie complète, ça me remet toujours en priorité ABIGOBA à un moment ! Voyons ou ça nous mènera !

 M : Avec cette période post-confinement, comment les « soulmates » voient-ils la promotion de cet album ?

 J.L. Briançon : Ça va être compliqué. On a eu la chance d’un concert en plein air il y a 1 mois, c’était tellement bien, ça jouait si bien et quel plaisir ! En attendant je vais réactiver la chaine youtube et vous aurez des live sessions. On va faire les « Snarky Puppy » Rhône alpins en espérant de meilleurs jours scéniques, que les radios nous soutiennent et que « Cristal Records », qui aime beaucoup l’album, nous emmène un peu partout dans cette vie virtuelle forcée !

 M : Une différence entre cet album et les précédents ?

 J.L. Briançon : Toujours la même direction, mais une maturité supérieure dans la réalisation du projet. Je me demande si cette fois ce n’est pas mon album, celui que tous les artistes attendent de faire, celui qui pose enfin la vision, la révèle ! Je cherche mon « Dark Side Of The moon », mon « Sergent Pepper », mon « So »… moi, le lyonnais rêveur !

Nouvel album

 

 

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.