À la première écoute, vous serez assez déstabilisés parce que la musique de « Sampa The Great » ne ressemble à rien d’autre tout en faisant constamment référence au passé, vous laissant au passage un goût familier dans la bouche.
Un son, des compositions, une production neufs mais ici un goût de « Tashan« , là une saveur très « Hendrix », ici encore un parfum de « Def Jam« …
« Sampa The Great » a sorti « Birds and the BEE9 » en 2017. Un album conçu avec une poignée de producteurs aussi inconnus qu’elle à l’époque. Les influences sont en partie dans le gospel, la nu-soul et le hip-hop. Mais l’oeuvre est un défi à toute tentative de classement dans un genre. Les barrières sont allègrement cassées. Les médias dématérialisés sont les premiers à sentir le génie de la dame. En 2017, elle remporte son premier prix, le prestigieux « Australian Music Prize » dans la catégorie « meilleur album de l’année ». Toujours inconnue en Europe…
2019 est l’année du single « Final form ». Le titre est produit par « Silentjay », ami et collaborateur de longue date. Jonwayne, du label « Stones Throw » mixe single puis album. Elle gagne en notoriété. Son inspiration, unique et son énergie font progressivement des émules. L’album « The Return » voit le jour en septembre 2019 : BOOM !
Sampa est née en Zambie, elle grandit au Botswana puis s’installe en Australie. Le parcours à lui seul est déjà atypique. Elle vit à Melbourne depuis 2013. En six ans, elle a construit un solide réseau qui lui sera bien utile pour cet album. Elle vit à sydney. Dans cette ville, elle fait ses premières scènes et s’intègre parfaitement au milieu « jazz / hip-hop« . Elle rencontre Dave Rodriguez. Ensemble, ils concoctent « The Great Mixtape ». Nous sommes en 2015. Suivront « Heroes Act 2 » (2016) puis « BEE9 » (2017).
La voilà donc avec « The Return ». Pour tout amateur de hip-hop et de musiques noires en générale, cet album est un ovni, une vraie bouffée d’air pur. Un kaleïdoscope composé d’éléments familiers pour un résultat qui ne l’est pas.
« The Return » s’ouvre avec un « Mwana », très soul, fort en hip-hop, qui n’est pas sans rappeler les productions new-yorkaises du genre dans la deuxième moitié des années 1990. « Freedom » fait honneur au Pete Rock de la même période. Là, sa voix est vulgaire et roots, flirtant parfois avec le style Millie Jackson ou Betty Davis. Sa voix particulière incarne à elle seule la spécificité et la force de son album. Elle scande, récite, parle mais ne rappe jamais au sens propre du terme. Pas de flow, pas de phrasé, aucun terme du lexique hip-hop ne convient vraiment à son mode d’expression. Le vocabulaire ethnique ou gospel serait plus approprié. « OMG » en est peut être la meilleure illustration. Et soudain, les 70’s s’imposent brutalement. Son de bass, chant soul léger, clavier vintage, guitare jazz, « Leading Us Home » nous ramène quelques décennies en arrière mais avec style et forte personnalité.
« Sampa The Great » porte bien son nom. Une fois encore, le label « Ninja Tune » a bien senti un artiste ajoutant à son catalogue déjà précieux un nouvel éclat. Indispensable.
Sampa The Great « The Return » (2019, Ninja Tune)*** Acheter
Discographie
The Great Mixtape (2015, Sampa the great)* Acheter
Birds And The BEE9 (2017, Big Dada)** Acheter
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