MC Solaar

 A son arrivée en 1991, MC Solaar n’est pas très populaire dans la culture hip-hop, son milieu d’origine.

 A cette époque, le hip-hop français est le résultat de l’obstination d’une poignée de passionnés qui ont oeuvré dans l’ombre les dix années précédentes. Il est encore divisé en quatre disciplines : Graffiti, DJ, danse et rap. MC Solaar n’a percé dans aucune d’elles. Son tag (Solaar avec deux A en pyramide) est banal et sans aucune comparaison avec ceux de Bando, Boxer, Squat et autres leaders du genre.

Après les années 1980 passées à travailler dans l’ombre, les précurseurs accèdent à la lumière. Il s’agit de NTM, Assassin et IAM. Son premier album sort la même année que le « Authentik » des NTM que le « De la planète Mars » des IAM et que le « note mon nom sur ta liste » des Assassins. Des albums de rap « hardcore » avec des messages politiques et sociaux. Des albums avec des phrasés nerveux parfois agressif. Tous se sont fait des noms dans la rue par le tag et le graffiti ou par la danse. Solaar lui n’est connu de personne et son rap est complètement décalé. Insouciant, léger avec de l’humour, ses textes apparaissent comme faibles pour le public hip-hop de base mais ils sont accessibles pour un grand public non averti. Ce public là aime son physique « beau gosse » et son écriture ainsi que sa façon de rapper, claire et audible. Les éléments de son succès à grande échelle sont là. L’as de trèfle qui pique le coeur des femmes sera très populaire entre 1991 et 1997. Il travaille avec les meilleurs : Boom Bass, Zdar et DJ Mehdi en tête.

Aussi important que ses albums solo sont ses collaborations internationales. Celles-ci vont lui donner une crédibilité dans le public hip-hop fançais et lui assurer une belle réputation à l’étranger. Ses duos avec les Urban Species (« lepen traine sa haine malsaine »), Guru de gangstarr pour le « jazzmatazz » ou Ron Carter sur le projet « Red Hot & cool » le placent au dessus de tout le monde. Le nom de « solaar » entre dans l’esprit des français et pour longtemps. Force est de constater et de respecter un réel talent pour l’écriture et un phrasé digne des plus grands.

Seize ans plus tard, il revient après dix ans d’absence et des apparitions dans les « restos du coeur ». Non seulement personne ne l’a oublié mais son album est très attendu. Rare dans le monde de la musique, unique dans celui du rap. Car, en général, un artiste absent dix ans des studios l’est définitivement dans l’esprit du public. Pas lui. Immense parcours pour ce sénégalais de souche qui a grandi à Villeneuve St George, dans le val de marne, entouré du « 501 possee » en mangeant brioches chinoises au poulet et lasagnes aux écrevisses… « So good, so fresh, so funk, solaar ! »…

Discographie

 Qui Sème Le Vent Récolte Le Tempo (1991)**.

« Victime De La Mode », « Caroline », « Qui Seme Le Vent Recolte Le Tempo » : Pas mal pour une entrée ! Un début très impressionnant et une synchronisation parfaite entre un producteur (Jimmy Jay) et son rapper.

 Prose Combat (1994)***.

« Obsolète » et « Nouveau Western » sont les singles forts. Solaar avoue son admiration pour Gainsbourg. Tout comme les « Soul Of Mischief » ou Q-Tip aux USA, il démontre des prouesses vocales presque uniques en Europe à cette époque. Un album qui laisse beaucoup de place aux mélodies avec de nombreuses références jazzy et funk. Un impressionnant travail des Boombass. Solaar confirme le succès de son premier album.

 Urban Species featuring MC Solaar (1994, Talkin’ Loud)***.

Avec ce duo, Solaar s’ouvre les portes du marché et surtout du public « acid jazz ». Il est de plus en plus populaire dans les milieux branchés et gagne en crédibilité. Un phrasé et un « flow » de plus en plus précis. Acheter

MC Solaar with Ron Carter (1994, GRP)***

Ron Carter, contrebassiste, légende du jazz, ancien compagnon de Miles Davis, entre autre, et père de Myles justement, alias « Meo », figure emblématique du hip-hop en France, avec Solaar. Un projet pour récolter des fonds afin d’aider la recherche contre le sida. Les Roots, Digable Planet, Roy Ayers, Lester Bowie, US3, Incognito, Carleen Anderson, Guru, Donald Byrd et Solaar ! C’est fait ! MC Solaar est définitivement dans la cour des grands.

 Paradisiaque (1997)**

Sinclair, Kareen, Boombass, Zdar, DJ Mehdi, DJ Cut Killer…Et pourtant. L’album suit les tendances de l’époque avec talent. On retrouve de l’acid-jazz, du G-funk et même un peu de trip-hop mais Solaar suit les modes sans personnalité. Pour être clair, l’ensemble manque d’âme.

 MC Solaar (1998, Polygram)***

Mieux ! Il revient aux raisons de son succès, à ce que le public aime chez lui : Son flow très soul, ses rythmes jazzy, son sens de la mélodie. Du hip-hop de qualité.

 Le Tour De La Question (1998, WEA / Warner)***

Même s’il ne s’en était jamais trop éloigné, Solaar revient à ses racines jazz-rap façon « Prose Combat ». De bons samples pour bien habiller son rap avec une saveur « old school » très agréable. Acheter

 Cinquième As (2001)*

L’album de la remise en question. Changement en profondeur de l’équipe. Michel Alibo, grande figure de la culture créole et du jazz ainsi que Bambi Cruz, compagnon des premières galères avec le « 501 posse », bien avant la réussite, font une entrée remarquée. Après dix ans de carrière, il est temps d’aller de l’avant. C’est aussi à ce genre de démarche que l’on reconnaît un grand…Acheter

 Mach 6 (2006, Eastwest)**

Album engagé et pessimiste. Voix plus sombre et priorité donnée aux rythmes. Des musiques davantage centrées sur un monde global et un artiste qui cherche à mieux comprendre le monde qui l’entoure dans une vie personnelle semble t-il un peu compliquée. Acheter

 Chapitre 7 (2007, Warner)***

Septième album, celui de l’exploration. Il enregistre à New-York avec le désire évident de casser les barrières. Guitare électrique saturée, incursion dans la samba, petit exercice reggae, le tout produit par Alain J et Eric K-roz. L’album n’est pas un classique de sa carrière mais c’est néanmoins une oeuvre impressionnante qui a le mérite d’explorer de nouveaux territoires. Solaar se cherche et disparait pour dix années…Acheter

 Géopoétique (2017 )*** Acheter

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